La porte des mers du Sud se referme…
Ca y est, tous les concurrents encore en lice dans le Vendée Globe ont passé le cap Horn. C’est un grand jour pour Sébastien Destremau qui a franchi le mythique cap aujourd’hui à 14h36 (heure française), après 84 jours et 01 heure de mer. 5700 milles devant lui, Louis Burton est à trois jours de la délivrance et d’une arrivée aux Sables d’Olonne à une brillante 7e place. Le Hongrois Nandor Fa, toujours très en forme, est attendu en Vendée vers le 8 février. Eric Bellion a de son côté franchi l’équateur la nuit dernière et Conrad Colman devrait en faire de même prochainement. Quant à Romain Attanasio et Didac Costa, ils naviguent toujours collés serrés : 0,1 mille d’écart après plus de 21 000 parcourus depuis le départ le 6 novembre dernier.
Il était 14h36 ce dimanche quand Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) a franchi le cap Horn pour la première fois de sa vie. Il est le 18e et dernier concurrent de ce Vendée Globe à passer le dernier des trois grands caps du Vendée Globe, et ce après 84 jours et 01 heure de course, soit 37 jours après Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) qui avait mis 47 jours à rallier le Horn. A titre de comparaison, il y avait 16 jours d’écart entre le premier (François Gabart) et le dernier (Alessandro di Benedetto) lors de l’édition 2012-2013… Les écarts sont particulièrement importants dans ce huitième Vendée Globe.
« Je vais passer proche du caillou. La vue est dégagée, il y a des nuages mais ce n’est pas bouché. Je vais pouvoir en profiter. Toutes les conditions sont réunies pour un beau passage », disait Sébastien ce matin en vacation. « C’est immense de se dire que je suis venu là seul et en course. Il faut avancer et se sortir de ces mers difficiles et de ces territoires dangereux. On fait un pas de plus vers les Sables d’Olonne. »
Passé au cap Horn il y a 5 jours, Pieter Heerema (No Way Back) poursuit sa remontée de l’Atlantique non loin de la Zone d’Exclusion Antarctique. Il va devoir négocier un anticyclone qui se trouve sur sa route. Ca va être un peu laborieux mais il devrait ensuite remonter au portant pour toucher l’alizé. Pour le moment, Pieter gère bien sa navigation dans l’Atlantique Sud.
Attanasio et Costa toujours collés-serrés
Didac Costa (One Planet One Ocean) et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) auront bien mérité la navigation dans les alizés du Sud-Est. Ils doivent en effet actuellement négocier des zones de calme usantes pour les nerfs et peu propices à la vitesse. En tout cas, la température de l’air et de l’eau a bien grimpé et les embruns ne sont plus glacés par 30° Sud. « Après tout ce que nous avons traversé respectivement lui et moi, nous retrouver si proches au milieu de l’océan et après quasiment trois mois de navigation c’est vraiment impressionnant », s’enthousiasme Didac. « Après plus de 80 jours de course, nous remettons le compteur à zéro de notre régate particulière. Avoir Romain si près va me permettre de savoir rapidement si les options de navigation que je prends sont les bonnes ou non. »
Le groupe des quatre se disloque, « ça sent le paddock » pour Eric Bellion et Conrad Colman
Poursuivons notre remontée de la flotte avec Rich Wilson (Great American IV) qui est sous la menace d’Attanasio et Costa. Rich qui commence à toucher des alizés d’Est encore faiblards. Les alizés sont un peu plus vigoureux pour les trois concurrents qui le précèdent : Alan Roura (La Fabrique), Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) et Arnaud Boissières (La Mie Câline). On note que depuis quelques jours les écarts entre ces quatre marins ont tendance à se distendre. Et on sait désormais mieux pourquoi Fabrice Amedeo a été décroché par Arnaud Boissières. « J’ai passé 48 heures avec un filet dans une dérive. Cela me faisait perdre environ 2 nœuds et je m’arrachais les cheveux. J’ai fini par voir le filet et par l’enlever. Me voilà reparti à vive allure ! », raconte Fabrice.
Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) a passé l’équateur la nuit dernière et il navigue actuellement dans un Pot au noir peu étendu, comme il nous le racontait ce midi dans le dernier Vendée Live : « Je fais de mon mieux, je suis les conseils que l’on m’a donné lors de ma formation météo. Normalement le Pot au noir ne devrait pas être trop méchant à cette période de l’année. » 220 milles dans son tableau arrière, Conrad Colman (Foresight Natural Energy) était encore à 120 milles de l’équateur au pointage de 15h. Pour lui aussi, le retour dans l’hémisphère est pour bientôt.
Louis Burton attendu aux Sables d’Olonne entre mercredi et jeudi, Nandor Fa (Spirit of Hungary) solide 8e a une bonne marge d’avance sur Eric Bellion (plus de 600 milles) et sa 8e place ne semble pas menacée si tout se passe bien. Le Hongrois de 63 ans profite de conditions propices à une bonne glisse et cela devrait durer jusqu’à son arrivée, prévue aux alentours du 8 février. Nandor a été le plus rapide ces dernières 24 heures (334 milles).
Et on termine avec Louis Burton (Bureau Vallée) qui sera le prochain concurrent à amarrer son bateau au ponton du Vendée Globe à Port-Olona. Dans le Nord-Ouest des Açores, il a empanné ce matin pour pointer son étrave vers les Sables. Lui aussi file à plus de 17 nœuds actuellement et il n’est plus qu’à 1200 milles du but. « Nandor Fa est loin derrière donc je navigue forcément avec un peu de prudence. Je fais attention mais je continue à faire avancer la machine. Mais j’ai perdu du temps dans le Pot au noir qu’il faut que je rattrape », indique Louis.
Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) :
« J’étais bien dans les mers du Sud. Ce ne sont pas des vacances mais il y a cette immensité, pas d’obstacle. Je vais entamer la remontée vers les Sables. On est là pour ça. Il ne faut pas oublier l’objectif principal. En 1969, Bernard Moitessier a continué sa route, il n’a pas passé la ligne d’arrivée de son tour du monde. Je pensais à ça il y a quelques heures. Pourquoi ne ferais-je pas un tour de plus ? Et je terminerais le Vendée Globe dans deux mois et demi (rires) ! »
Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) :
« Le Vendée Globe est une aventure unique. C’est l’évènement le plus fou auquel je pouvais participer. Avant je n’y pensais même pas tellement c’était fou. Je suis réellement heureux d’avoir pu y participer à mon petit niveau, d’avoir vécu ces années de préparation et ce plaisir de naviguer, avec tous les efforts : la peur, la tension, l’appréhension. Le public pense que ça dure trois mois mais c’est quatre ans de sacrifice. Je garderai tout ça en mémoire, c’est un socle très puissant pour ma vie d’homme. Je ne pense pas faire un autre Vendée Globe. Je suis quelqu’un qui expérimente. Je n’ai pas vocation à devenir coureur au large. »