Chacun des douze concurrents encore en mer se fixe des objectifs en adéquation avec le potentiel et l’état de son bateau, avec sa forme physique et mentale mais aussi en fonction de son positionnement et de son classement. Si pour tous l’ambition principale est bien d’arriver aux Sables d’Olonne, cette perspective devient particulièrement concrète pour Louis Burton et Nandor Fa. Le premier est attendu aux Sables d’Olonne dans cinq jours, le second dans une grosse semaine. Conrad Colman et Eric Bellion se rapprochent de l’équateur, quand Sébastien Destremau se prépare à franchir le cap Horn.

Louis Burton (Bureau Vallée) passe son dernier week-end en mer dans ce huitième Vendée Globe. D’ici cinq jours, le mercredi 1er février, il devrait s’emparer de la 7e place et monter sur le podium des bateaux à dérives droites, derrière Yann Eliès et Jean Le Cam, excusez du peu. Propulsé par des systèmes dépressionnaires qui se déplacent d’Ouest en Est, Louis devrait bénéficier de conditions lui permettant de faire route directe vers les Sables d’Olonne. Il est ce soir à moins de 1500 milles du but et a couvert 95% du parcours. Autant dire qu’il entame la toute fin de son tour du monde. Mais il maintient bien sûr un niveau de vigilance très élevé. Louis emmagasine par ailleurs une expérience précieuse pour le Vendée Globe 2020-2021. Qu’il disputera avec un IMOCA à foils et pas n’importe lequel : le Banque Populaire VIII d’Armel Le Cléac’h, vainqueur de cette huitième édition la semaine dernière.
Vingt ans après sa dernière participation, Nandor Fa (Spirit of Hungary) est en train de réussir un très joli coup à bord d’un IMOCA qu’il a conçu et construit de ses propres mains. Le Hongrois navigue actuellement en 8e position à la latitude de l’archipel du Cap Vert. Il sera probablement le deuxième étranger à couper la ligne de ce Vendée Globe 2016-2017, derrière l’inévitable Alex Thomson (Hugo Boss). Nandor est attendu aux Sables le dimanche 5 ou le lundi 6 février.

Eric Bellion et Conrad Colman de retour demain dans l’hémisphère Nord

Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) devrait franchir l’équateur et faire son retour dans l’hémisphère Nord la nuit prochaine. S’il a toujours rappelé que le classement n’est pas une priorité pour lui et qu’il est ici avant tout pour vivre une aventure et porter un message, Eric se réjouit forcément de sa place dans le Top 10. Tout comme le Néo-Zélandais Conrad Colman (Foresight Natural Energy) qui est 10e et va lui aussi franchir l’équateur, demain soir. Conrad Colman : « Comme tout ceux qui ont la chance de prendre part au Vendée Globe, c’est une grande satisfaction d’être ici. On n’y arrive pas par hasard, il faut beaucoup d’efforts, de sueur et d’investissement. Mon parcours était mouvementé, mais je suis satisfait de ce que j’ai accompli jusqu’ici. Je suis encore plus motivé pour revenir dans quatre ans et préparer les choses correctement, pour être un concurrent et non plus un bricoleur. »

« On se rapproche un peu plus de la maison… »

Au large des côtes brésiliennes, Arnaud Boissières (La Mie Câline) prend ses distances avec Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut). Arnaud a touché des alizés établis plus tôt que Fabrice, d’où cet écart qui s’est creusé : 110 milles au pointage de 15h. Pour Arnaud Boissières, l’objectif est de sortir vainqueur de ce duel mais aussi de terminer pour la troisième fois de suite le Vendée Globe, une performance seulement réalisée par Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) à ce jour. « On se rapproche un peu plus de la maison et ça fait du bien au moral », dit Arnaud qui se réjouit de son match avec Fabrice Amedeo. « Je trouve ça intéressant car on ne fait pas le Vendée Globe qu’avec des voileux. Fabrice est journaliste à la base, et c’est intéressant d’échanger avec ce mec qui est assez cultivé et qui vient d’un milieu différent de celui de Port-La-Forêt ! »
Alan Roura (La Fabrique) s’accroche remarquablement aux deux concurrents qui le précèdent. Il avait dit à plusieurs reprises que son objectif était de passer sous la barre des 100 jours autour du monde. « Tout est réalisable mais je pense que je ferai plus de 100 jours », confie Alan. « Les conditions sont un peu molles depuis un certain temps, nous n’avons pas eu beaucoup de chance avec la météo. Si j’arrive à passer sous les 100 jours, tant mieux. Mais ça ne changera pas ma vie. »
Rich Wilson (Great American IV) a un double objectif, à commencer par améliorer son temps de 2008-2009 : 121 jours. Si tout se passe bien, il y parviendra largement. A 66 ans, finir le Vendée Globe sera déjà une performance incroyable. Le second grand objectif de Rich est de porter un vaste programme pédagogique auprès des jeunes du monde entier. « Pendant l’essentiel de ma carrière, j’ai davantage travaillé dans l’enseignement que dans la voile. Je sais qu’il faut savoir intéresser les étudiants pour qu’ils apprennent. Je ne serais pas en mer s’il n’y avait pas ce programme. Nous sommes suivis dans 66 pays et cela me rend très heureux », souligne Rich qui poursuit sa navigation pleine de prudence et d’expérience.

Moins de 5 milles d’écart entre Romain Attanasio et Didac Costa !

Au large de l’Uruguay, Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Didac Costa (One Planet One Ocean) sont toujours au contact après avoir navigué à vue hier. Pour le moment avantage pour Romain mais avec seulement 4 milles d’avance au pointage de 15h ! Les deux hommes peuvent se motiver mutuellement et ils ne sont plus qu’à 300 milles de Rich Wilson…
800 milles derrière Romain et Didac, Pieter Heerema (No Way Back) poursuit sa route le long de la Zone d’Exclusion Antarctique. Il a amélioré ce matin son record de distance parcourue en 24 heures depuis le départ : 384 milles. Pour le skipper néerlandais, l’objectif est on ne peut plus clair : terminer, coûte que coûte ! Même ambition pour Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) qui devrait franchir le cap Horn demain matin. Belle satisfaction pour Sébastien sachant qu’il n’avait pas de mât à quelques semaines du départ… Une très bonne nouvelle pour finir : il n’y pas eu d’abandon depuis celui d’Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland), le 1er janvier, suite à un démâtage.

Conrad Colman (Foresight Natural Energy) :

« Je suis parti avec 100 jours de nourriture donc je crois que je vais être un peu juste à l’arrivée. J’étais joueur au départ et je pensais boucler la boucle en 90 jours. Je ne suis parti qu’avec 10% de rab. À cause de mes soucis dans le Pacifique ça va faire juste. Je suis végétarien donc je ne peux même pas manger un sashimi de poisson volant, donc il vaut mieux mettre deux pieds sur l’accélérateur pour passer l’Atlantique Nord. »

Arnaud Boissières (La Mie Câline) :

« Le retour est toujours compliqué car c’est une coupure, mais pour la première fois en trois Vendée Globe, je suis content d’arriver et surtout soulagé. J’ai entendu la femme d’Armel Le Cléac’h dire qu’ils avaient gagné le Vendée Globe ensemble et elle avait entièrement raison. Nos familles se mettent beaucoup de pression pour nous aider au quotidien. Je veux leur donner le temps que je ne leur ai pas accordé ces derniers mois. »

Alan Roura (La Fabrique) :

« Je ressens les émotions d’une première fois autour du globe. Il y a des hauts et des bas mais en tout cas je suis allé le chercher ce Vendée Globe, après toutes mes galères. C’est le bonheur ! J’ai l’impression d’être où je ne devrais pas être. J’ai collé Fabrice Amedeo pendant 50% du Vendée Globe, c’est génial ! J’ai un super bateau. »

Source

Articles connexes