Ils ne se quittent plus : Arnaud Boissières et Fabrice Amedeo naviguent au contact depuis des semaines et tissent au grand large un beau lien d’amitié. Un autre duel met aux prises Romain Attanasio et Didac Costa qui ont même navigué à vue aujourd’hui. Si des couples se forment, d’autres sont en mode « célibataires » sur l’immense plan d’eau planétaire. C’est le cas du prochain concurrent attendu aux Sables d’Olonne mercredi prochain, Louis Burton, mais aussi de son premier poursuivant Nandor Fa, ou encore de Pieter Heerema ou de Sébastien Destremau qui se prépare à un franchissement du cap Horn épique…

Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) ont des profils différents. Arnaud a déjà terminé deux fois le Vendée Globe (7e en 2008-2009, 8e en 2012-2013), tandis que le journaliste-skipper Fabrice s’attaque pour la première fois à l’épreuve. Les deux hommes se connaissaient peu avant le départ mais ils ont tissé des liens en mer car ils naviguent au contact depuis des semaines. Le duel est d’autant plus prenant qu’ils naviguent sur deux bateaux très similaires, des plans Farr de 2007 issus du même moule et construits en Nouvelle-Zélande pour Loïck Peyron et Jean-Pierre Dick dans l’optique du Vendée Globe 2008-2009. Tous deux avaient été malheureusement contraints à l’abandon. « Cette confrontation est très sympa car elle m’oblige à naviguer de manière performante, à me remettre en question, à progresser », analyse Fabrice. « Nos bateaux sont très proches en termes de performances. Je reste concentré, piqué à vif par cette confrontation. Arnaud représente un bon lièvre pour moi pour sortir de cet Atlantique Sud et pour faire route vers la maison ! » Arnaud et Fabrice sont respectivement 11e et 12e ce soir.

Alan Roura : « Je ne me suis pas fait plus de 80 jours en mer pour baisser les bras ! »,

Avec son vénérable Superbigou de 2000, Alan Roura (La Fabrique) s’accroche de manière remarquable : il n’est qu’à environ 150 milles du duo Boissières/Amedeo. Il fait part de sa motivation dans un message du bord. « Il y a des moments plus durs que d’autres, des baisses de moral et de force, mais si je suis ici aujourd’hui, toujours en course avec deux plans Farr de 2007 dans mon étrave, c’est que je ne suis pas si mauvais que ça ! J’oublie souvent, quand je les vois reprendre de la vitesse, quand j’en deviens fou, que nous n’avons juste pas du tout les mêmes bateaux. Mais je suis quand même là ! Je ne me suis pas fait plus de 80 jours en mer pour baisser les bras ! »
Le doyen américain Rich Wilson (Great American IV) est lui aussi dans le match. Mais il regarde aussi derrière car Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Didac Costa (One Planet One Ocean) sont revenus fort.

Romain Attanasio et Didac Costa à vue !

Quelle ne fût pas la surprise de Romain quand il a aperçu Didac à quelques milles sous son vent. « Ce matin il y avait un ciel d’enfer donc je suis sorti faire des photos. Didac était juste là ! Je l’ai appelé à la VHF et nous avons discuté. C’est sympa car ça fait trois semaines que je lui cours après ! », raconte Romain qui est passé devant au classement : 6 petits milles d’avance au pointage de 15h ce vendredi alors qu’il accusait un retard de plus de 100 milles il y a 48 heures. Après des journées toniques au reaching, sur une mer formée, les conditions se sont bien calmées pour les deux hommes qui vont batailler dans les petits airs ces prochains jours. « Il faudra manger notre pain noir. Les autres, devant, vont récupérer l’alizé et vont réussir à partir », annonce Romain.

Louis Burton attendu mercredi prochain aux Sables d’Olonne

Louis Burton (Bureau Vallée) met le turbo pour rallier les Sables d’Olonne et finir un tour du monde plein de maîtrise à une jolie 7e place, et sur le podium des bateaux à dérives droites (derrière Yann Eliès et Jean Le Cam). Poussé par des systèmes dépressionnaires, Louis profite de belles conditions pour glisser à bonne allure. Il est attendu en Vendée dans cinq jours, le mercredi 1er février.
Le Hongrois Nandor Fa (Spirit of Hungary) est lui aussi en pleine forme. Comme Louis avant lui, il va contourner l’anticyclone des Açores avant d’attraper les dépressions qui se déplacent dans son Nord. Il devrait arriver aux Sables d’Olonne le 4 ou 5 février, à la 8e place.
Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) maintient son avance sur Conrad Colman (Foresight Natural Energy) : environ 250 milles. Eric et Conrad seront les deux prochains à faire leur retour dans l’hémisphère Nord. A 15h, Bellion n’était plus qu’à 400 milles de l’équateur.

Pieter Heerema et Sébastien Destremau gagnent en aisance

Retour 2500 milles plus au Sud avec Pieter Heerema (No Way Back) qui navigue dans le Nord-Est des Malouines, le long de la zone d’exclusion antarctique. Il navigue pour le moment dans un bon flux de Nord-Ouest et il a été le plus rapide des dernières 24 heures (355 milles parcourus). Pieter, qui a bouclé 75 % du parcours, se creuse les méninges car un anticyclone lui bloque la route.
Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) va vivre un grand moment ce week-end en passant pour la première fois le cap Horn dans des conditions musclées. Bel exploit quand on sait qu’il n’avait pas de mât à quelques semaines du départ… Dans le Vendée Live, il nous a fait profiter des dernières images des mers du Sud : « Pour l’instant ce n’est pas très fort, on a 25-28 nœuds. Nous sommes à 500 milles du cap Horn. Le vent va monter jusqu’à 40 voire 50 nœuds. C’est un peu chaud. Heureusement la mer ne sera pas très forte. Ce qui m’inquiète toujours c’est la mer, pas tellement le vent. »

Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) :

« Je ne suis évidemment pas arrivé sur le Vendée Globe en me disant qu’il fallait le gagner ou terminer sur le podium. Mais j’avais pour ambition de faire un temps correct. Je ne vais pas atteindre cet objectif, je suis plutôt sur une base de 97 jours. Au total, j’ai quasiment été arrêté une semaine à cause de la météo. Mais je suis tellement heureux de me dire que je suis encore en course, en 12e position. Si c’était à refaire, je pense que je serais un peu moins prudent dans le Sud. C’est important de savoir naviguer à son niveau, comme on sent les choses. »

Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) :

« Nous arrivons dans des bulles qu’il faut traverser avant de récupérer les alizés d’Est. Il y aura trois ou quatre zones à traverser dans des conditions aléatoires. Ça va être un peu difficile durant les trois ou quatre prochains jours. Il faudra manger notre pain noir… »

Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean)

« C’est dingue, on s’habitue à tout : à la difficulté, à l’isolement, au vent. C’est marrant car maintenant j’affronte des vents de 45 nœuds sans trop broncher. Il y a deux mois, je n’aurais pas fait face à 50 nœuds avec ce bateau. A ce rythme je risque bientôt de m’ennuyer dans 25 nœuds (rires) ! »

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