16 bateaux encore en course, du milieu du Pacifique Sud à l’approche de la pointe de Bretagne, et toujours des « potins » de marins à raconter, des histoires de navigation et de vie à bord. Conrad Colman rêve de pizzas, Yann Eliès se satisfait d’avoir repris des milles à Jean Le Cam, lequel se sent tout petit face aux cargos qui croisent son chemin dans le Nord des Açores. Fabrice Amedeo et Arnaud Boissières se lancent le défi de rattraper les deux bonshommes de devant, Bellion et Colman… Et pendant que Cali déguste du foie gras, Jérémie Beyou mange son pain noir dans une zone de calmes qui le scotche à moins d’un nœud de vitesse. Le Vendée Globe regorge d’histoires d’hommes et de régate !

Beyou dans la nasse !​

C’est à en devenir fou. Le skipper de Maître Coq, à 225 milles de la ligne d’arrivée, est arrêté. Et cela dure depuis plus de 24h. Compétiteur dans l’âme, Jérémie doit se sentir totalement impuissant car il est emprisonné dans cette nasse qui ne laisse entrevoir aucune porte de sortie. Il lui faut attendre que le vent de Sud daigne pointer le bout de son nez. Attendre… Great Circle, le partenaire météo du Vendée Globe, et le logiciel de routage Adrena sont dans l’impossibilité de donner une ETA (Estimated Time Arrival) précise tant que Maître Coq n’a pas touché le souffle d’air attendu. Disons à partir de 18h demain, lundi 23 janvier…

Jean-Pierre Dick caracole devant Yann Eliès et Jean Le Cam

Ils sont en mode Solitaire du Figaro. Comprenez que les trois skippers qui se tiennent en moins de 40 milles dorment peu, passent beaucoup de temps aux réglages, surveillent l’AIS, bref donnent tout ce qu’ils ont dans les tripes sur cette dernière ligne droite, sur ces trois ultimes jours de mer. « Je suis à bloc pour ces 3 derniers jours. Cette nuit, je me réveillais toutes les 20 minutes pour vérifier le réglage des voiles. Je dois m’appliquer car je me bats contre les meilleurs Figaristes du circuit ! Ils excellent dans la régate au contact ! » confiait cet après-midi le skipper de StMichel-Virbac à son équipe à terre. Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) a augmenté son écart avec Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) : 12 milles les séparent. Jean avance 3 nœuds moins vite que ses camarades qui déboulent à 16-17 nœuds sous son vent car mieux positionnés en avant de la dépression. « Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout est possible. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont deux à avoir franchi la ligne, on se doute que Jérémie va faire troisième, s’il sort les rames et les palmes pour rallier la ligne d’arrivée. Le plus probable, c’est que ce soit Jean-Pierre, moi et Jean dans cet ordre là ! Il reste encore 1200 milles, donc on va s’accrocher et on verra bien. » expliquait Yann à la vacation de 10h ce matin. Les trois mousquetaires sont attendus mercredi 25 janvier entre 13h et 20h avec moins de 4 h d’écart !

Complot au large de Buenos-Aires…

Ca discute pas mal en tête du groupe des « quatre ». Fabrice Amedeo et Arnaud Boissières se lancent dans une course de Kenyan. « Il y en a toujours un devant qui emmène l’autre dans sa roue. Quand on s’échange des messages sur la configuration des voiles à bord, on se dit la vérité, pas d’intox. Si je suis un peu moins rapide et que je vois qu’Arnaud va plus vite, je lui envoie un petit mail pour savoir comment c’est de son côté, il va me dire « Je suis sous J1 » et donc j’envoie mon J1 et ça me permet d’accélérer ! » expliquait Fabrice au Vendée Live ce midi. Leur source de motivation n’est donc pas leur duel (ils ne sont séparés que de 23 milles) mais bel et bien de rejoindre le plus rapidement possible celui qui les a lâché dans le Pacifique Sud : Eric Bellion !

Duel d’anciens Imoca60 dans l’Ouest des Falkland

Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) est en chasse. Sur son bateau de 1998, l’ex Whirlpool de Catherine Chabaud, le natif des Hautes Alpes, régatier dans l’âme, s’accroche sur cette remontée de l’Atlantique pour recoller au Catalan, Didac Costa. Didac est cet après-midi à près de 100 milles de l’étrave de Romain, il connaît par cœur son bateau lancé en 2000, l’ancien d’Ellen Mac Arthur qui était monté sur le podium du Vendée Globe 2001… La régate bat son plein sur ce 8e Vendée Globe, que ce soit en foiler où sur les plus anciennes générations d’Imoca60.

Yann Eliès, Quéquiner-Leucémie Espoir

« Ça va un petit peu mieux, mon Jeannot s’est calmé un petit peu dans mon Sud-Est, il s’est pris 3 nœuds dans la vue au dernier classement, donc ça ce n’est pas mal. On se rapproche grandement de l’arrivée dans la joie et la bonne humeur pas comme notre ami Beyou. Nous, tout se fait dans la joie et la bonne humeur. On va avoir des conditions un peu musclées jusque dans le golfe de Gascogne et ensuite on fera du près. Les routages me font aller du côté de Belle-Ile, entre Belle-Ile et Groix, ça a l’air d’être le schéma classique de l’arrivée cette année. »

Jean Le Cam, Finistère Mer Vent

« Le ressenti est exactement le même qu’au départ, c’est la course de l’extrême. Les deux premiers ont fait leur course. Jérémie, lui, se retrouve tout seul. Le Vendée Globe d’Armel et d’Alex est terminé, on ne les a jamais vus, on n’a jamais fait la même route, on n’a jamais eu la même météo. On n’a pas la même histoire, celle de Jérémie non plus. Nous c’est la même histoire avec Yann. Et puis le chevalier noir qui a fait des trucs un peu bizarres, qui a 300 milles d’avance, qui est revenu, qui est reparti, ça c’est notre histoire. »

Conrad Colman, Foresight Natural Energy

« Je ne vais pas trop mal, j’ai fait ma douche fraîche de ce matin avec la pluie, donc tout va bien ! C’est très laborieux, fatiguant, difficile pour le moral. C’est un sacré contraste avec les mers du Sud. Je peine pour avancer, en ce moment j’ai 9 nœuds de vent, et c’est vraiment le grand max que j’ai eu depuis quelques jours, donc c’est compliqué. J’ai quelques alarmes qui me permettent de dormir avec option de me réveiller si ça part. Je manœuvre beaucoup, rien que ce matin je pense que j’ai fait 4 ou 5 virements, pour gérer le manque de vent qui tourne dans tous les sens. »

Fabrice Amedeo, Newrest-Matmut

« On a appelé ça une course de Kenyan, parce qu’il y en a toujours un devant qui emmène l’autre dans sa roue. Quand on s’échange des messages sur la configuration des voiles à bord, on se dit la vérité, pas d’intox. Si je suis un peu moins rapide et que je vois qu’Arnaud va plus vite, je lui envoie un petit mail pour savoir comment c’est de son côté, il va me dire « Je suis sous J1 » et donc j’envoie mon J1 et ça me permet d’accélérer ! Je sais que les courses d’équipes sont interdites donc ce n’est pas une course d’équipe, on ne fait pas une stratégie commune, on a chacun la nôtre. »

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