Le tournant du match !
Avec seulement quarante milles d’avance sur Alex Thomson, Armel Le Cléac’h est toujours sous pression alors qu’il ne reste plus que 380 milles pour boucler ce huitième Vendée Globe ! Dans le sillage du Breton, le Britannique conserve une opportunité de déborder le leader en virant de bord un peu plus tôt…
C’est le virage le plus important de ce huitième Vendée Globe, le virement de bord qui fait une victoire. Le moment crucial après 24 000 milles parcourus et moins de 380 milles pour en terminer… Toujours tribord amures pour longer une dorsale qui bloque la route directe vers Les Sables d’Olonne, les deux solitaires voient leur vitesse décroître au fur et à mesure qu’ils s’approchent de l’entrée de la Manche. Ce mercredi matin, la brise de Sud-Est d’une douzaine de nœuds va progressivement basculer à l’Est au large de la pointe de la Bretagne : ce sera le point de rotation vers l’arrivée. Et c’est ce changement de cap qui va déterminer le vainqueur probable !
Un final à couteaux tirés
En effet, une fois en route directe vers la Vendée, les deux leaders devront longer les côtes bretonnes dans un flux d’Est à Nord-Est se renforçant à une vingtaine de nœuds : un long bord bâbord amures au débridé dans une brise très perturbée par le relief et les îles (Groix, Belle-Île, Yeu) et sous l’influence du courant de marée, certes peu marqué (coefficient 60) mais tout de même sensible lors du passage au large du raz de Sein, en face de Penmarc’h et sur l’arrivée… Ces dernières 36 heures sont donc sous haute tension ! Et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) et Alex Thomson (Hugo Boss) n’auront pas beaucoup de repos en raison du trafic maritime, des pêcheurs et autres casiers.
Pour Jérémie Beyou, la voie vers Les Sables d’Olonne est pour l’instant assez similaire à celle de ses deux prédécesseurs : le skipper de Maître CoQ a seulement dû effectuer un double empannage au large des Açores pour ne pas entrer trop à l’intérieur d’une bande anticyclonique afin de conserver un flux propulsif. Avec un peu moins de 800 milles de retard, le Breton devrait en finir avec environ deux jours et demi d’écart. Mais pour la quatrième place, les jeux sont loin d’être faits ! Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) doit effectuer le grand tour pour contourner les Açores par l’Ouest et attraper une dépression atlantique. Et auparavant, il lui faut traverser une cellule sans vent de 200 milles de large environ… L’occasion pour Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) de nouveau à vue, de revenir à moins de cinquante milles du Niçois, voire moins !
Quant à Louis Burton (Bureau Vallée), il peine encore dans le Pot au Noir alors que Nándor Fa (Spirit of Hungary) remonte vers l’équateur dans des alizés qui se construisent. Ce n’est pas une sinécure pour Éric Bellion (CommeUnSeulHomme) coincé dans une molle au large de l’Uruguay alors que Conrad Colman (Foresight Natural Energy) a dû bricoler cette nuit. Quant au « club des quatre », il s’est dispersé après le cap Horn, Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) et Arnaud Boissières (La Mie Câline) choisissant de laisser les Malouines à bâbord quand Alan Roura (La Fabrique) et Rich Wilson (Great American IV) optaient pour un passage par le détroit de Lemaire…
Enfin mardi 17 janvier à 15h35, Matt Johnston (Mangina-PYR) s’est imposé lors du Vendée Globe Virtuel 2017, avec un temps de parcours de 72 jours 02 heures 23 minutes et 10 secondes. Il a aligné 26 592,2 milles à la moyenne virtuelle de 15,3 nœuds. L’Australien d’Adélaïde était suivi à 2,8 milles par le néo-zélandais Derek Watt (NZ-Eligo »IST ») tandis que le Français Didier Flament (Didflam) prenait la troisième place du Vendée Globe Virtuel avec 13 milles de retard sur le leader…
Romain Attanasio (Famille Mary-Étamine du Lys) :
« J’ai du vent : 30-35 nœuds dans une dépression. Il fait un temps pourri, il pleut, mais je suis à 765 milles du cap Horn ! Je vais pouvoir bien avancer avec cette perturbation avant de me faire rattraper par la suivante. C’est celle-là qui m’inquiète un peu depuis quelques jours parce qu’elle est grosse et que je vais la prendre sur la figure quand je vais passer le détroit de Drake. J’espère que ce sera moins violent que prévu, comme ce fut le cas pour les quatre devant… Je n’ai pas envie d’arriver au cap Horn avec 50 nœuds de vent ! »
Arnaud Boissières (La Mie Câline) :
« Je suis à côté des Malouines. Tellement à côté que j’ai failli y rester quelques jours ! Il y avait un petit centre dépressionnaire avec un flux de Nord-Ouest qui bataillait avec un vent de Sud… J’avais des risées qui venaient de partout et cela a engendré un grand calme. En plus, je me suis arrêté complétement dans un banc d’algues. Je me suis demandé si je ne mettais pas échoué ! Il y en avait partout mais maintenant, c’est reparti. Je ne voyais pas les Malouines tellement la visibilité était bouchée. »