Banque Populaire VIII en tête du 8e Vendée Globe depuis 45 jours ne vacille pas malgré les attaques d’Hugo Boss distant de 69 milles ce soir. A moins de 48h du coup de sifflet final, les deux capitaines jouent leurs derniers coups sur un terrain qui devient moins venté et plus tactique. Sur des bateaux usés par 24 000 milles parcourus (43 200 km !), éreintés par ces dernières heures sans sommeil, portés par l’adrénaline d’une possible victoire, Armel et Alex à bout de souffle s’apprêtent à vivre demain un coup décisif : celui du virement de bord dans la bascule de Nord-Est pour enfin pointer leurs étraves vers les Sables d’Olonne et mettre un terme à ce match grandiose auquel on assiste depuis… le 23 novembre 2016 !

Ils ont dépassé la latitude des Sables d’Olonne et naviguent désormais 350 milles au large… de la baie de Douarnenez. Drôle de chemin pour rallier la Vendée. Armel Le Cléac’h et Alex Thomson sont contraints de remonter très nord pour ne pas se faire piéger dans les calmes d’un anticyclone qui se déplace lentement vers l’Irlande. Après 48h d’une grande cavalcade à plus de 20 nœuds de moyenne, les vitesses des deux Imoca diminuent. Armel fut le premier à ralentir ce midi : moins de 13 nœuds contre 16 nœuds pour Alex. Voici donc les dernières heures où le Britannique peut encore se refaire la cerise ! Les skippers vont probablement remonter quasiment jusqu’aux îles Scilly pour attraper la bascule du vent au Nord-Est avant de redescendre le long de la Bretagne, terrain bardé de courants, de bateaux de pêche et de cailloux. Jusqu’au bout, les deux champions devront rester vigilants. Arrivée du premier estimée : jeudi 19 janvier entre 10h et 14h.

Jean-Pierre Dick menacé

A plus de 800 milles de la tête de flotte, à la latitude de Madère, Jérémie Beyou sur Maître CoQ, 3e, n’a plus vraiment de souci à se faire pour garder cette place sur le podium. « Le duel en tête, c’est ce que j’aurais aimé faire avec Jérémie, mais je suis ralenti et ceux de derrière (Jean Le Cam et Yann Eliès ndlr) reviennent comme des boulets de canon » soulignait le skipper de StMichel-Virbac à la vacation. Le Niçois voit son avance de 300 milles qu’il avait il y a trois jours fondre comme neige au soleil : à moins de 120 milles de son tableau arrière, Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir), toujours au coude à coude, s’accrochent. Jusqu’aux Sables d’Olonne, ce trio devrait nous faire vibrer.

Nandor Fa se fait la malle

Derrière Louis Burton (Bureau Vallée) qui commence à sentir les prémices du Pot au Noir mais qui ne devrait pas y rester bien longtemps, Nandor Fa (Spirit Of Hungary) est en train de faire le break. Le Hongrois navigue désormais dans les alizés tandis que Conrad Colman (Foresight Natural Energy), 10e, et Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), 9e, mangent leur pain noir : ils débutent une cession de quatre jours au près dans des vents forcissants.

Sébastien Destremau à 2 700 milles du cap Horn

Le Horn derrière eux, Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), Arnaud Boissières (La Mie Câline), Alan Roura (La Fabrique) et Rich Wilson (Great American IV) ne sont pas mécontents de retrouver une météo moins sauvage. Mais les dépressions n’ont pas encore dit leur dernier mot !
Dans le Pacifique, tandis que Didac Costa (One Planet One Ocean) et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) divorcent (plus de 100 milles d’écart) et ne se trouvent plus dans le même système, Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) peste d’avoir concédé 300 milles à Pieter Heerema (No Way Back) : le Méditerranéen est englué dans une molle et ne peut s’empêcher de penser aux arrivées prochaines alors qu’il lui reste 2 700 milles à parcourir pour atteindre le cap Horn !

Jean-Pierre Dick, StMichel-Virbac

« J’ai des conditions variables avec du petit temps, parfois des grains et une houle assez désagréable. Mais j’avance un peu ce matin, ce qui est une bonne nouvelle après la pétole d’hier. Heureusement, car Yann et Jean reviennent comme des boulets de canon… Il faut que le bateau soit prêt pour finir. Bien régler, dormir, manger, encore régler le bateau et surtout ne pas paniquer malgré ceux qui reprennent du terrain derrière. »

Sébastien Destremau, TechnoFirst-faceOcean

« J’ai eu de très bonnes conditions ces derniers jours pour faire une belle route bien droite. Je n’avance pas très vite, à 7-8 nœuds, mais je ne sais pas pour combien de temps. La suite s’annonce un peu compliquée car j’arrive dans un anticyclone et j’ai du vent de Sud, je ne sais pas d’où ça sort, ce n’est sur aucun fichier. Je suis en tee-shirt et j’ai pu mettre toutes les affaires dehors pour aérer ! »

Louis Burton, Bureau Vallée

« Je me rapproche du Pot au Noir. Cette nuit le ciel était dégagé avec 20 nœuds. J’ai de moins en moins de vent et de plus en plus de nuages et de brume. On s’approche du point de convergence. Il est assez large mais ça ne devrait pas être trop handicapant. Ca devrait durer 24 heures et après je repartirai au près dans l’alizé Nord. Je suis le match d’Armel et d’Alex à peu près aussi bien que si j’étais à la maison dans mon canapé. Je suis hyper impressionné des vitesses qu’ils tiennent. »

Rich Wilson, Great American IV

« Nous avons fait une trajectoire au Sud de l’île Diego Ramirez pour avoir moins de vent. Il y avait 40 ou 50 nœuds près du cap Horn hier. Fabrice (Amedeo) et Arnaud (Boissières) étaient en avance sur nous donc c’était bon pour eux. Alan (Roura) a beaucoup de vent. Je pense que pour moi c’était mieux de ne pas aller près du cap Horn. Je suis très heureux de l’avoir passé. Il fait très froid, environ 5 degrés, avec beaucoup de pluie. C’est difficile. Je suis fatigué du Sud, vivement qu’il fasse plus chaud. »

Nandor Fa, Spirit of Hungary

« C’est une belle journée pour moi. Enfin, j’ai le vent que j’attendais depuis deux jours. Un vent de 12 – 16 nœuds qui me permet d’avancer à 11-15 nœuds dans la bonne direction. Je vois du soleil et la chaleur est la bienvenue. Je ne crois pas que j’aurai trop de soucis avec l’anticyclone de Sainte Hélène. Derrière moi un anticyclone se met en place et cela va concerner mes poursuivants. J’aurai peut-être de la chance. On verra au cours des jours à venir. »

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