Alex en embuscade, Armel sous pression !
Moins de 100 milles d’écart ! En parfaite embuscade, Alex Thomson met la pression sur Armel Le Cléac’h. Dans des conditions intenses qu’il affectionne, le Britannique grappille des milles sur le leader breton. Au Sud-Est des Açores, les deux hommes de tête sont engagés dans une course de vitesse, tribord amures, lancés à plus de 20 nœuds (24 nœuds pour Alex au pointage de 15h !). Leurs arrivées sont toujours prévues dans quatre jours, le jeudi 19 janvier. Les conditions sont plus calmes pour Jérémie Beyou qui garde Jean-Pierre Dick à bonne distance. Jérémie semble bien parti pour remonter le chenal des Sables d’Olonne à la 3e place… Ce soir, dix concurrents naviguent en Atlantique et ils devraient être bientôt rejoints par Fabrice Amedeo, attendu au cap Horn dans la nuit, suivi d’Arnaud Boissières, d’Alan Roura et de Rich Wilson. Le Horn n’est plus une lointaine perspective pour Didac Costa et Romain Attanasio qui devraient le franchir dans cinq à six jours…
Alex is back !
Changement d’ambiance. Après des journées à faible allure, dans une zone de vents calmes, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) et Alex Thomson (Hugo Boss) sont à nouveau lancés dans une folle chevauchée dans un flux de Sud-Est qui les propulse à plus de 20 nœuds. « La mer n’est pas très agréable avec les vagues venant de l’Est », racontait ce midi Alex Thomson dans la version anglaise du Vendée Live. « Ce n’est pas facile mais je ne me plains pas car j’arrive à progresser à bonne vitesse. Le vent va se renforcer dans les prochaines 24 heures, avec plus de 30 nœuds. Je vais faire de mon mieux… » On peut effectivement compter sur le très incisif Britannique pour ne pas lâcher le morceau.
Après 70 jours en mer, les hommes sont fatigués, les bateaux aussi. Attention au risque de casse car la moindre avarie pourrait sérieusement impacter l’issue de ce huitième Vendée Globe. Le Britannique est à l’attaque, en parfaite embuscade. Il est revenu à moins de 100 milles du leader qui a une manière de naviguer un peu plus conservatrice. La pression est sur Armel mais c’est bien lui qui est en position de force. Du fait de son avance, il peut marquer son adversaire, d’autant qu’il n’y a pas de grandes options stratégiques dans les heures à venir. Les deux hommes de tête sont lancés dans une course de vitesse, tribord amures.
Jérémie Beyou (Maître CoQ) traverse une zone de vents instables, comme les deux leaders avant lui. Mais cela ne l’empêche pas de garder une marge confortable sur Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac), qui lui-même maintient à distance Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent). Au pointage de 15h, Yann avait 7 milles d’avance sur Jean. Une avance évidemment négligeable à plus de 2700 milles de l’arrivée.
Louis Burton (Bureau Vallée) est à environ 800 milles de l’équateur. Il sera le prochain à basculer dans l’hémisphère Nord. Les concurrents qui le précèdent sont loin devant lui et ceux qui le poursuivent loin derrière. C’est donc seul face à lui-même que Louis doit se motiver et trouver les ressources physiques et mentales pour exploiter toute la mesure de sa monture. Même configuration pour le Hongrois Nandor Fa (Spirit of Hungary) qui, après des journées très ventées, navigue dans des conditions maniables, à la 8e place.
Amedeo, Boissières, Roura et Wilson : « Le cap Horn dans la douleur »
Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) et Conrad Colman (Foresight Natural Energy) naviguent dans du petit temps et leur progression va être compliquée dans les jours à venir. Mais ce moment de répit est apprécié par Eric Bellion. « Je ne suis pas mécontent de retrouver du calme, un peu de chaleur et d’énergie aussi », dit-il. « Après le Horn j’ai eu un bon coup de mou car c’était un objectif, un sommet que j’avais en ligne de mire. La pression est retombée quand je l’ai passé. »
Le cap Horn est justement d’actualité pour le quatuor composé de Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), Arnaud Boissières (La Mie Câline), Alan Roura (La Fabrique) et Rich Wilson (Great American IV). Ces quatre marins ont ralenti volontairement pour laisser passer le plus gros d’une violente dépression. Mais les conditions restent musclées et nécessitent une grande attention. Fabrice Amedeo sera le premier de ce groupe à passer le Horn. Mais il n’aura pas vraiment le temps de profiter de son premier cap Horn. « Le passage du Horn est un moment incroyable mais je ne vais le vivre comme tel compte tenu de la météo sur zone », explique Fabrice. « Je suis très concentré sur la bonne marche du bateau et je ne suis pas du tout en train de me dire « Chouette le cap Horn, je vais mettre le clignotant à gauche ». Je vais franchir le Horn dans la douleur, et sans doute avec un peu de frustration. »
Pour Alan Roura (La Fabrique), le Horn marquera une forme de soulagement : « Je suis heureux de retrouver l’Atlantique, cela marque le retour à la maison. J’espère y avoir des conditions un peu plus clémentes car le Pacifique m’en aura fait voir de toutes les couleurs. Je quitte les mers du Sud avec plaisir et fierté d’avoir pu m’en échapper. »
Didac Costa (One Planet One Ocean) et Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) sont attendus au cap Horn dans cinq à six jours. Quant à Pieter Heerema (No Way Back) et Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean), ils sont respectivement à plus de 2000 et 3000 milles du 3ème grand cap du Vendée Globe. Mais ils profitent de conditions leur permettant de gagner dans l’Est à bonne allure, sur le plus grand océan du monde.
Enda O’Coineen va terminer son tour du monde hors course !
Des nouvelles de l’Irlandais Enda O’Coineen qui avait été contraint à l’abandon suite à un démâtage le 1er janvier. Il avait rallié Dunedin (Nouvelle-Zélande) au moteur. Enda est reparti de Dunedin, cap sur Auckland où il va se rendre sous gréement de fortune. Une fois à bon port, il remettra en place un gréement neuf et terminera son tour du monde entamé le 6 novembre dernier aux Sables d’Olonne. Il espère boucler le voyage fin 2017 ou début 2018. Il deviendrait ainsi le premier Irlandais à boucler un tour du monde en solitaire…
Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) :
« J’ai de l’air : 35 nœuds avec des rafales à 40. Il fait très froid. Je vais prendre pas mal de vent au passage du cap Horn mais j’y suis préparé. Je vais serrer les fesses jusqu’à ce soir. Nous avons ralenti volontairement pour laisser passer le plus gros du vent, notamment concernant le coup de vent près de la Cordillère des Andes. Le cap Horn n’est pas praticable dans ces conditions donc c’était la bonne chose à faire. Je pense passer le Horn vers minuit aujourd’hui. Je ne le verrai pas car je ne vais pas aller jouer au ras de la côte dans ces conditions. »
Alan Roura (La Fabrique) :
« D’un côté, les mers du Sud ont été conformes à mes attentes, mais d’un autre côté pas du tout… C’est assez étrange. Je ne sais pas si j’ai vécu un Grand Sud facile ou difficile car c’est la première fois que je navigue dans ces mers. Le sentiment de liberté est incroyable dans le Grand Sud. C’est paradoxal car après 70 jours seul sur un bateau, on se sent aussi emprisonné. Mais quand on sort la tête dehors et qu’il y a un rayon de soleil, c’est le paradis sur Terre. »
Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) :
« Je ne vais pas tarder à affaler mes voiles de vent fort qui ont été bien utiles dans le Sud et je vais remettre mes voiles de près. D’après mon routage, je vais un peu tricoter le long des côtes de l’Argentine puis du Brésil. Le prochain objectif c’est la latitude de Rio, un endroit un peu compliqué avec des dépressions qui se forment au niveau de l’Argentine, et qui partent ensuite vers l’Atlantique. C’est l’un des endroits où j’ai connu la pire tempête de ma vie. Avant Rio je sais que c’est compliqué, après c’est beaucoup plus simple avec du vent stable. »