Dans une semaine on saura…
Le dénouement est proche. D’ici une semaine, le huitième Vendée Globe aura un grand vainqueur, et un très beau deuxième. Armel Le Cléac’h et Alex Thomson tiennent la corde pour endosser ces deux rôles, en espérant décrocher le premier. Jérémie Beyou s’accroche solidement à sa 3e place, avec plus de 400 milles d’avance sur Jean-Pierre Dick qui a franchi l’équateur à la mi-journée et devrait passer sans trop de difficultés un Pot au noir peu actif. Après le passage du cap Horn de Conrad Colman ce matin, dix concurrents naviguent en Atlantique et huit dans le Pacifique.
Alex Thomson : « Je reste pragmatique et optimiste »
Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) est passé sous la barre des 2000 milles restant à parcourir jusqu’aux Sables d’Olonne (sur la route directe). Alex Thomson (Hugo Boss) est plus de 200 milles derrière le leader breton mais il donne tout, pour ne rien regretter à l’arrivée. Les conditions de vent demeurent toujours instables et Alex a profité du ralentissement d’Armel pour grappiller des milles aujourd’hui. « Mais le vent va faiblir pour moi et je vais ralentir, comme l’a fait Armel avant moi », indique le Britannique. « Nous aurons deux jours dans des conditions légères. Puis le vent se renforcera et on accélérera, avant une nouvelle dorsale puis la dernière ligne droite avant l’arrivée », poursuit Thomson qui croit encore en ses chances de victoire. « Je reste pragmatique et optimiste, et je devrais pouvoir réduire l’écart. Mon routage actuel me dit je j’arriverai 5 heures après Armel. Mais au cours des deux jours à venir si je n’arrive pas à réduire l’écart à moins de 50 milles, mes chances de l’emporter seront assez faibles. J’essaye de faire mon boulot. Il reste trop de milles pour penser à l’arrivée. »
Jérémie Beyou (3e sur Maître CoQ) sait que ses chances de remonter sur le duo de tête sont très minces. Mais il s’accroche solidement à sa place sur le podium, lui qui a abandonné les deux dernières éditions du tour du monde en solo. Il file à bonne vitesse dans l’alizé d’Est. Si l’un des deux leaders connaît une défaillance, il sera prêt à croquer les milles pour jouer les trouble-fête dans le duel de tête…
Jean-Pierre Dick a franchi l’équateur, quatre concurrents dans l’hémisphère Nord
Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) a franchi l’équateur ce jeudi à 11h33 (heure française), après 66 jours, 22 heures et 31 minutes. Il a ainsi rejoint l’hémisphère Nord 5 jours et 10 heures après le leader Armel Le Cléac’h, et 1 jour et 21 heures après le concurrent qui le précède, Jérémie Beyou. D’après les modèles météo et les photos satellites, Jean-Pierre devrait traverser facilement un Pot au noir peu actif, et ainsi être bien moins ralenti que les trois concurrents qui le précèdent. « Il va y avoir une forte activité nuageuse difficile à négocier et ensuite j’espère que cela ne va pas être trop long ni trop actif. Si j’ai bien calculé mon coup, cela ne devrait pas prendre plus d’une journée », espère Jean-Pierre. Mais attention car tout peut changer en quelques heures dans cette zone crainte pour son instabilité.
Les prochains à naviguer « la tête à l’endroit » seront Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent). Yann et Jean qui sont au contact et continuent à s’échanger la 5e place. Ils se marquent, se surveillent et tirent la quintessence de leurs machines de la génération 2008 aux potentiels similaires. Comme Dick, ils devraient vivre une traversée du Pot au noir relativement « tranquille ».
Louis Burton (Bureau Vallée) est dans une logique différente. Il n’a personne à marquer mais donne quand même son maximum. En bordure d’anticyclone, il devrait rapidement naviguer dans un alizé de Sud-Est et gagner dans le Nord. Quant à Nandor Fa (Spirit of Hungary), il poursuit sa remontée le long des côtes argentines, à la 8e place et dans des conditions sportives mais maniables.
Quatre marins au sommet de l’Everest ce week-end
« Si le Vendée Globe est l’Everest, le cap Horn est le sommet », disait joliment Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) au moment précis où il franchissait le Horn pour la première fois en solitaire, hier après-midi. Pour lui comme pour Conrad Colman (Foresight Natural Energy), il s’agit désormais de redescendre du sommet, ce qui consiste à remonter l’Atlantique !
Les prochains à franchir le Horn seront Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), qui sont à environ 800 milles du but, suivis peu après d’Alan Roura (La Fabrique) et de Rich Wilson (Great American IV). « Je ressens une grande excitation à l’idée d’arriver au cap Horn », racontait ce midi Fabrice Amedeo dans le Vendée Live. « C’est le Graal pour tous les marins. Je devrais le passer dimanche, dans un flux d’Ouest, au portant dans une trentaine de nœuds. Je me sens bien à bord. J’ai besoin d’apprivoiser un environnement pour attaquer et je commence tout juste à me sentir bien dans les mers du Sud et je vais en sortir… Il faudra revenir ! »
Plus loin dans le Pacifique, deux anticyclones sont bien installés et Didac Costa (One Planet One Ocean), Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Pieter Heerema (No Way Back) profitent de belles conditions de glisse. Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) se fait malmener par une dépression néo-zélandaise. C’est lui qui a rencontré les conditions les plus fortes aujourd’hui. Il fait le dos rond.
Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) :
« Il y a belle régate avec Arnaud (Boissières). On s’écrit souvent des mails pour se raconter comment ça va, donner des nouvelles du bateau, se raconter notre vie. Arnaud m’a dit qu’il m’appelait son « ange gardien ». Ça a commencé après les Kerguelen. J’étais à 50 milles derrière lui et il me disait qu’en cas d’ennui je pourrais venir le secourir. Je me suis accroché, et nous sommes toujours ensemble. »