Tout peut encore arriver ! « Nous sommes dans une situation météo vraiment anormale », explique le leader Armel Le Cléac’h. Son avance d’une centaine de milles sur Alex Thomson ne signifie certainement pas la fin du match à suspense pour la victoire. L’issue est tout aussi incertaine dans le duel entre Jean Le Cam et Yann Eliès avec pour enjeu la 5e place, mais une place de premier non foiler à l’arrivée. Jérémie Beyou, 3e, a de son côté franchi l’équateur aujourd’hui à 14h29 (heure française). Demain, Eric Bellion devrait être le premier bizuth à passer le cap Horn, suivi peu après du Néo-Zélandais Conrad Colman. Derrière, les huit autres concurrents dans le Pacifique bénéficient de conditions maniables.

Pour Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) et Alex Thomson (Hugo Boss), la sortie du Pot au noir ne marque pas la fin du casse-tête météorologique. Ils naviguent dans un alizé très perturbé et font face à forte activité nuageuse. « Nous sommes dans une situation météo vraiment anormale pour cette période de l’année et je ne sais pas pourquoi, ça sort de mes compétences en météo », confie Armel Le Cléac’h. « Voir qu’Alex s’est mieux sorti du Pot au noir que moi c’est dur à avaler, mais c’est comme ça. Pour l’instant on est devant, il faut conserver cette avance ! »
Armel garde son calme dans cette situation on ne peut plus complexe. S’il dispose d’une centaine de milles d’avance, le jeu reste très ouvert. Si un des leaders reste collé sous un grain, et que dans le même temps l’autre file à 15 nœuds, l’écart peut rapidement s’accentuer ou se réduire… Sans compter sur la moindre avarie qui pourrait totalement rebattre les cartes. On peut en tout cas compter sur Alex Thomson pour sauter sur la moindre occasion de revenir, lui qui peut s’appuyer sur son foil encore valide car il navigue tribord amures.

Jérémie Beyou, 3e, a franchi l’équateur cet après-midi

Toujours 3e, Jérémie Beyou (Maître CoQ) a franchi l’équateur à 14h29. Il a passé cette ligne symbolique 3 jours et 13 heures après Armel Le Cléac’h, et 2 jours et 20 heures après Alex Thomson. Jérémie est actuellement dans le Pot au noir. Une fois sorti de ce marasme, il trouvera comme les leaders des conditions encore chaotiques… Mais le skipper de Maître CoQ dispose d’une avance confortable sur ses poursuivants qui se préparent eux aussi à affronter la redoutée zone de convergence intertropicale. Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) s’est décalé dans l’Ouest et il espère profiter de ce positionnement pour être ralenti moins longtemps que ses poursuivants, Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir). Ces deux triples vainqueurs de la Solitaire du Figaro ne sont pas dépaysés, naviguant au contact depuis des semaines. Avantage à Jean pour le moment, mais l’écart n’a pas excédé les 5 milles tout au long de la journée.
Solide 7e, Louis Burton est beaucoup plus isolé. Il navigue plus de 1000 milles derrière ses prédécesseurs et environ 1500 milles devant le Hongrois Nandor Fa qui débute sa remontée de l’Atlantique et va passer à l’Est des Malouines.

Eric Bellion et Conrad Colman prochains à franchir le cap Horn

Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) sera demain le premier bizuth de ce Vendée Globe à franchir le cap Horn. Il est ce soir à moins de 300 milles du but. Décidément très en forme, Eric poursuit sa remarquable course. A signaler qu’en huit jours à peine, il a distancé de plus de 1000 milles ses quatre compères de l’océan Indien et du début de Pacifique (Arnaud Boissières, Alan Roura, Fabrice Amedeo et Rich Wilson) ! Joint dans le Vendée Live, Bellion a raconté son approche de cap Horn tonique. « Ce cap est magnifique mais il se mérite. C’est quand même chaud comme endroit. J’ai failli ne pas vous répondre car j’ai pris une ligne de grains à 45 nœuds avec de la grêle et des vagues énormes. Tout le bateau est trempé. Et pourtant je suis triste de quitter les mers du Sud. Je m’y sens bien. C’est un spectacle tous les jours. Et je ne sais pas dans combien de temps je reviendrai voir les albatros… »
Conrad Colman (10e sur Foresight Natural Energy) sera le suivant au cap Horn. Lui aussi laissera à regret les mers du Sud dans son sillage. « Je suis déjà impatient de revenir, nostalgique d’un endroit que je n’ai pas encore quitté », dit-il. Le passage du cap Horn sera sportif pour Eric et Conrad avec des vents qui pourraient excéder les 40 nœuds.
Pour les huit autres concurrents encore dans le Pacifique, les conditions sont plus maniables. Au beau milieu du plus grand océan du monde, Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) et Arnaud Boissières (La Mie Câline) naviguent au contact, tandis qu’un peu plus au Nord le benjamin et le doyen du Vendée Globe restent eux aussi proches, avec un léger avantage pour Alan Roura (La Fabrique) sur Rich Wilson (Great American IV).
Derrière, Didac Costa (One Planet One Ocean) prend de l’avance sur Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys). Mais le match entre ces deux skippers qui naviguent sur des bateaux de la même génération est lui aussi loin d’être joué.
Quant à Pieter Heerema (No Way Back), il a repris de la vitesse après être resté bloqué de longues heures dans une bulle sans vent. « J’ai passé la mi-parcours mais le voyage va être encore très long », souligne le premier skipper néerlandais de l’histoire du Vendée Globe. « J’ai hâte de sortir de l’océan Pacifique, mais je n’ai pas d’objectif en termes du classement par rapport aux autres. Ils sont tous très loin de moi. » Quant à Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean), il ferme la marche et cravache pour ne pas se faire rattraper par une belle dépression…

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) :

« J’attends toujours le vent qui est assez faible. Par rapport aux fichiers météo, la situation est loin d’être claire. Depuis deux/trois jours nous avons du mal à progresser vers le Nord. Nous faisons face à une activité orageuse depuis l’équateur. Le Pot au Noir est monté avec nous. Des nuages et des gros grains se sont formés au fur et à mesure de notre progression. Cela ne facilite pas la tâche, loin de là… »

Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) :

« L’aventure commence quand on décide de lâcher prise. Jusqu’aux mers du Sud j’étais assez crispé. J’essayais de me rassurer avec les choses apprises aux côtés de Michel Desjoyeaux et Sam Goodchild. Mais ce n’était pas ma façon de naviguer. Le déclic est survenu quand j’ai décidé d’aller chercher une grosse dépression dans l’Indien alors que tous mes compagnons restaient dans le Sud. J’y ai été à fond et j’ai retrouvé le plaisir de faire du bateau. Je me souviendrai toujours de cette chasse à la dépression, au reaching, sous gennaker, avec le bateau dans l’eau et moi avec la banane. Je me suis dit : « Ça y est je rentre dans l’aventure, j’accepte l’inconnue et j’y vais à ma façon ». Ma nouvelle manière de naviguer découle de ça et j’en suis très heureux. »

Pieter Heerema (No Way Back) :

« Tout va bien. Je suis resté englué dans une zone sans vent dont la position était un peu différente de ce que j’avais anticipé. Les vagues arrivaient de partout et je me faisais ballotter. Je n’avançais guère, mais depuis j’ai retrouvé une petite brise qui va me permettre de repartir. »

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