D’un système météo à un autre, IDEC SPORT poursuit sa chasse au Trophée Jules Verne à un train d’enfer et continue d’abattre les milles à un rythme sidérant à travers les eaux inhospitalières du Pacifique Sud. Depuis ce matin, il a rejoint un couloir de vent portant, qui lui a permis d’augmenter son avance de 200 milles sur les dernières 24 heures (1 400 milles au dernier pointage) sur le tableau de marche de ce record planétaire. Aux abords des 60° sud, une nouvelle course de vitesse à haute teneur stratégique est engagée pour rallier au plus vite le cap Horn. Pour Francis Joyon, Alex Pella, Gwénolé Gahinet, Sébastien Audigane, Clément Surtel, et Bernard Stamm, il s’agit de garder ce tempo soutenu le plus longtemps possible sur les 1 300 milles jalonnés d’écueils qui restent à parcourir jusqu’au célèbre rocher noir.

C’est reparti pour un tour et pour une chevauchée infernale à des vitesses de l’ordre de 30 nœuds dans des conditions qu’IDEC SPORT affectionne tant. « Là, il y’a un peu de visibilité, ce qui est hyper appréciable quand on navigue dans ces endroits là. Le jour se lève, le bateau file à 30 nœuds sur un bord de portant. On ne va pas tarder à empanner », raconte Francis Joyon, joint en début d’après-midi, tandis qu’IDEC SPORT entame les dernières longueurs de sa traversée des mers australes comme s’il bataillait entre trois bouées. « On est sur un bord de glisse, avec le gennaker, la grand voile haute. On met même un petit bout de trinquette pour appuyer de temps en temps. On est réglé comme si on était en régate en baie de Quiberon, c’est pareil » confirme, non sans sourire, le skipper de cette équipée sauvage qui n’en finit pas d’affoler les compteurs.

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Tricotage extrême

Au 25ème jour de course, place désormais à une belle série de bords à tirer sur une route que le grand trimaran rouge et gris va tricoter au rythme des empannages qui vont se succéder entre les 60è et 58è parallèles là où il y a un petit couloir de vent plus soutenu. Sur une trajectoire optimale pour déjouer les écueils qui jalonnent la route, notamment une zone de glace en eau plus chaude propice aux growlers qu’il faut à tout prix éviter, l’équipage à effectif réduit ne lâche rien et continue sa progression au rythme des quarts étudiés pour abattre des longues distances sur des longues durées.

À bord, l’engagement des six hommes du bord reste total pour tirer le meilleur d’un bateau au potentiel intact, mais qui n’en reste pas moins exigeant, surtout quand la perspective de devoir multiplier les empannages se confirme en approche du cap Horn. « C’est une manœuvre qui dure un bon quart d’heure. C’est un grand bateau, on n’est pas nombreux, les efforts sont donc importants, »explique Alex Pella. « Cela nécessite un peu de synchronisation entre nous. On essaye le plus possible de « gyber » en nous calant avec le rythme des changements de quart pour être jusqu’à cinq sur le pont », ajoute le Catalan qui ne cache pas son impatience de rejoindre la sortie du Grand Sud, « de mettre le clignotant à gauche », vers des latitudes plus chaudes.

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Des calmes au cap Horn ?

Pour autant, si les deux prochains jours s’annoncent rapides, tous savent qu’ils ne devront pas ménager leur peine et surtout prendre leur mal en patience avant de laisser ces contrées lointaines dans leur sillage. La faute à des calmes qui menacent de freiner IDEC SPORT en approche du cap Horn. « On va faire notre possible pour contourner cette zone de vents faibles par le nord. On sait que cela ne va pas être simple jusqu’au détroit de Lemaire et qu’il y aura forcément un moment difficile avec des calmes et peut-être même un peu de vent debout. On espère encore creuser de l’avance. L’Atlantique reste un océan avec beaucoup d’incertitudes, il faut accumuler des milles pour augmenter nos chances pour la ligne d’arrivée », détaille Francis Joyon, déjà paré à empanner pour poursuivre sur sa trajectoire efficace. Tout ce qui est pris ne sera plus à prendre sur la route pavée de pièges du Trophée Jules Verne…

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