À l’attaque du Grand Sud
Après une traversée express de l’océan Indien – « le run le plus violent et le plus magnifique de ma vie de marin », selon Sébastien Audigane ; « de loin la navigation la plus dingue que j’ai vécue, à la limite des icebergs, à la limite du bateau, à la limite de l’équipage » dixit Gwénolé Gahinet – l’aventure du Trophée Jules Verne continue de plus belle pour l’équipage d’IDEC SPORT. Sur les eaux lointaines et désertiques du grand Pacifique Sud, une bataille beaucoup plus stratégique commence pour Francis Joyon et ses hommes, au rythme des systèmes météo qui doivent se succéder sur leur route. De quoi augurer une semaine de course contre chronomètre qui redouble d’intensité en direction du cap Horn, alors que les compteurs affichent toujours une avance sur le record de plus de 820 milles.
D’une dépression à une autre, les jours se suivent et ne se ressemblent pas à bord d’IDEC SPORT qui a négocié ces 24 heures une petite zone de transition, offrant des conditions plus clémentes bienvenues pour sécher les cirés et revigorer un peu les esprits. S’ils ont cédé quelques milles dans leur remontée au nord et n’ont pas dû ménager leur peine pour parvenir à toucher des nouveaux vents frais, cette journée de répit temporaire reste un moment que les six navigateurs du bord ont apprécié à sa juste valeur. Une pause bienvenue leur permettant de réparer quelques bricoles à bord et de reprendre des forces en prévision d’une trajectoire qui redescend déjà dans la rugosité des latitudes plus extrêmes du Grand Sud.
La diagonale du Sud
« C’est agréable d’avoir le bateau un peu plus au sec, sans des centaines de litres d’eau qui nous tombe dessus chaque seconde ; de retrouver un peu de soleil, des albatros, une belle lumière »,reconnaît volontiers Francis Joyon, qui se félicite ce matin d’être parvenu – au prix d’une dizaine d’empannages – à attraper « les cheveux de la dépression », qui les précédaient encore la nuit dernière.
Et le skipper d’IDEC SPORT, confiant pour la suite des évènements sur les eaux froides baignant l’Antarctique, d’ajouter : « la situation est moins simple que dans l’océan Indien qui a été assez sauvage avec des distances parcourues sidérantes. On a à présent devant nous un Pacifique assez dynamique. C’est plutôt favorable. Espérons qu’il soit à la hauteur de son nom et qu’il nous apporte du bon vent. Là, on pique en diagonale vers le Sud. On va se retrouver rapidement vers 57° Sud… »
[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/301188690″ params= »color=ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false » width= »100% » height= »166″ iframe= »true » /]
« À fond jusqu’au Horn !»
Une dépression qu’il faut traverser, un anticyclone qui barre la route en dessous duquel il faudra se faufiler en limite des glaces, la quatrième semaine de course, qui débute aujourd’hui depuis le départ de Brest pour Francis Joyon, Alex Pella, Bernard Stamm, Sébastien Audigane, Gwénolé Gahinet et Clément Surtel, promet son lot de surprises et de rebondissements dans un environnement hostile.
Mais tous sont prêts et déjà parés à attaquer pour garder le tempo de cette navigation extrême menée à un train d’enfer, comme l’explique ce dernier : « On est parti pour se faire un joli Pacifique. On se prépare psychologiquement de nouveau à avoir froid, à enfiler les gants, les doubles bonnets, et tout le reste. On a de l’avance. À nous de jouer maintenant pour attraper les systèmes au bon moment, tirer sur le bateau quand il le faut et le préserver dès qu’on en a la possibilité. Quoi qu’il en soit, on restera à fond jusqu’au Horn ! » Des propos que ne contredit évidemment pas Bernard Stamm, qui reste encore étonné par la capacité d’IDEC SPORT à allonger la foulée et à « rétrécir la planète »…
[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/301188646″ params= »color=ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false » width= »100% » height= »166″ iframe= »true » /]