De Récife à Hobart : 16 000 km d’écart entre Le Cléac’h et Destremau !
Tandis que l’équateur se profile devant l’étrave d’Armel Le Cléac’h, Sébastien Destremau demeure toujours dans la baie d’Hobart et attend que le vent se lève pour reprendre sa route vers l’Est. L’écart entre le premier et le dernier concurrent du 8e Vendée Globe est énorme. Il reste 15% du parcours à effectuer pour le Breton, plus de 50% pour le Méditerranéen ! Les problématiques selon les positions ne sont pas du tout les mêmes : en tête, on se creuse les méninges pour aborder le Pot au Noir de plus en plus actif puis pour trouver la bonne voie dans une météo pour le moins singulière, derrière dans le Pacifique, on bricole, on dort, on rêve de cap Horn et de températures plus douces…
Ce n’est pas faire de la com’ que de dire que le match en tête de flotte continue. C’est la réalité ! Certes, Banque Populaire VIII affiche une confortable avance de 340 milles sur Hugo Boss, mais à jeter un œil sur la météo des jours prochains en Atlantique Nord, c’est à s’arracher les poils d’une barbe… de deux mois de mer. Le Pot au Noir prend ses aises, une dépression s’installe du côté de Madère et des Canaries, et l’anticyclone des Açores est parti faire un tour en Amérique du Nord… Bref, les schémas classiques sont bouleversés. « Jusqu’au bout ça ne va pas être simple. La météo n’a pas un schéma classique. Il y a une dépression au large des Canaries qui met un peu la pagaille. On va avoir un Pot au Noir un peu compliqué. » soulignait Armel au Vendée Live ce midi. Sûr qu’il y aura du suspense dès demain après-midi à l’entrée du Pot au Noir. Pour l’heure, les foilers bleu et noir glissent à plus de 18 nœuds dans un alizé qui a mis du temps à s’établir.
Rapprochements probables
Jérémie Beyou (Maître Coq) a déjà comblé la moitié de son retard sur les deux leaders et devrait pouvoir continuer à grappiller des milles quand ils seront englués dans le Pot de colle. Chanceux, les trois mousquetaires, eux, (Dick/Eliès/Le Cam) auront droit à des alizés installés plus rapidement, de quoi réduire les 1 500 milles qui les séparent de la tête de la flotte. Le match en les trois solitaires est incroyable : moins d’1 mille sépare Yann de Jean par rapport à la distance au but… Va y avoir du sport en Atlantique Nord !
Sieston, gueuleton, réparation
Dans le Pacifique Sud, l’histoire n’a rien à voir. Plutôt que de se concentrer de longues heures à la table à cartes comme le fond les premiers, les marins soufflent, reprennent des forces. « Au lieu de dormir 1 heure, je viens d’en faire 4 ! Donc je vais d’abord prendre un bon petit déjeuner puis me mettre au travail sur la grand-voile. » confiait Fabrice Amedeo cet après-midi. Des bricoles, il y en a des tonnes sur les bateaux après 60 jours de mer. Conrad Colman joint ce matin a fait preuve d’un immense courage pour réparer son étai : une épreuve physique inimaginable ! « C’était compliqué de récupérer l’étai qui était emmêlé avec la voile. Ça m’a pris beaucoup d’efforts pour la libérer. J’ai dû m’y reprendre à 3 fois. J’ai passé 5 ou 6 heures suspendu avec le baudrier, avec plein de couteaux pour couper la voile. Tout n’est pas encore opérationnel. Pour l’instant je ne peux pas hisser la grand-voile au dessus du troisième ris. Le boulot n’est pas fini, il reste beaucoup de choses à faire. »
Positive Attitude
Pour les 11 IMOCA dans les mers du sud, l’idée première est de boucler la boucle avec un bateau en état de marche… et peut être plus si affinité ! Alan Roura, qui a cru au pire suite au choc de son safran tribord avec OFNI, positive aujourd’hui : « Donc voilà, je suis 13ème, une place dont je n’aurais jamais osé rêver, et je vais leur coller au train. Avec la molle qui arrive, si la mer se calme, je peux faire quelque chose. La Fabrique avance bien dans la molle… Et le vent revient par l’arrière, je devrais le toucher avant eux, donc il y a moyen ! ».
Fabrice Amedeo, Newrest-Matmut
« Je tire des bords le long de la ZEA en attendant de traverser une dorsale et de toucher des vents du nord pour aller jusqu’au Cap Horn. Je devais me réveiller de ma sieste dans du vent mou mais j’ai encore 20 nœuds donc c’est très bien, mais ce n’est pas ce qui était prévu pour réparer ma grand-voile. Malgré mes soucis, je n’ai pas perdu trop de terrain sur Cali (Arnaud Boissières) qui est sous grand gennaker donc c’est très bien. La dépression était impressionnante et assez méchante. Je pense avoir su la traverser en bon marin en sachant lever le pied donc pas mécontent. Depuis, j’ai pu me reposer, ranger le bateau… »
Conrad Colman, Foresight Natural Energy
« Je suis extrêmement fatigué mais je suis content parce que je suis toujours en course. Je suis toujours un marin avec un bateau qui avance. C’était compliqué de récupérer l’étai qui était emmêlé avec la voile. Ça m’a pris beaucoup d’efforts pour la libérer. J’ai dû m’y reprendre à 3 fois. J’ai passé 5 ou 6 heures suspendu avec le baudrier, avec plein de couteaux pour couper la voile. Tout n’est pas encore opérationnel. Pour l’instant, je ne peux pas hisser la grand-voile au dessus du troisième ris. »
Armel Le Cléac’h, Banque Populaire VIII
« Jusqu’au bout ça ne va pas être simple. La météo n’a pas un schéma classique. Il y a une dépression au large des Canaries qui met un peu la pagaille. On va avoir un Pot au Noir un peu compliqué. On va faire avec, on n’a pas le choix. Depuis que j’ai passé le cap Horn les éléments ne sont pas favorables. Je me concentre sur la trajectoire et sur les fichiers météo. A moins de deux semaines de l’arrivée, j’essaye de faire attention et de conserver la tête de course. Il ne va pas falloir s’énerver mais ne pas se laisser faire non plus. »
Jean-Pierre Dick, StMichel-Virbac
« Ça a été difficile, avec une journée à 30 nœuds de vent et un clapot court. Difficile de dormir dans ces conditions. La situation est sous contrôle à peu près. La bataille pour la quatrième place va être serrée. C’est important pour tout le monde de terminer la course. Ce sont des projets qui sont longs. La satisfaction vient aussi de voir l’arrivée se rapprocher. »