À l’aube du 21è jour de course, Francis Joyon et son équipage d’élite s’apprêtent à quitter le système dépressionnaire qui les a propulsés à pleine puissance 11 jours sur le même bord, leur permettant de signer un sprint austral qui restera dans les annales du Trophée Jules Verne. À l’entame du Pacifique et en approche de l’antiméridien matérialisant le début des longitudes Ouest, IDEC SPORT aborde une zone de transition, synonyme d’un empannage imminent pour rejoindre une autre dépression en direction du cap Horn.

« On est déjà dans le Pacifique, on a à peine le temps de le réaliser ! La dépression qui nous accompagne depuis une éternité va s’arrêter là. Notre idée est de faire route au Nord, de faire un empannage et de redescendre sur une autre dépression plus en avant. Il s’agit de passer dans un autre système », confirme Francis Joyon à la vacation du jour alors que le trimaran fait cap au Nord-Est dans des vents de Nord-Ouest mollissants. « On a déjà renvoyé toute la toile. On n’avait pas revu la grand-voile haute depuis si longtemps. On va sûrement refaire un peu de gennaker dans la nuit jusqu’à ce qu’on retrouve la dépression et qu’on remette les plus petites voiles. »

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Antiméridien imminent

Par 52° Sud, à 500 milles environ dans le sud-est de Stewart Island à l’extrémité sud de la Nouvelle-Zélande, aucun des six hommes du bord ne boude ce petit moment de répit. Une pause pas volée alors qu’ils se rapprochent inexorablement de la longitude symbolique leur signifiant le début de la fin, sur un régime beaucoup plus stratégique, d’une fantastique chevauchée océanique en direction du cap Horn et de la sortie des mers du sud.

« Même si on est totalement perdus avec les dates, les heures, et qu’on n’a plus trop de repères dans ce no man’s land loin de tout, on sait qu’on va bientôt se rapprocher de Brest, quoi ! » poursuit Bernard Stamm. « C’est quand même incroyable de faire un tout droit comme ça, c’est fou ! Cela s’est vraiment bien enchaîné pour nous. Après cette zone de transition, on va toucher un nouveau flux et on va surtout pouvoir faire de nouveau cap au sud-sud-est. Et tout cela s’annonce plutôt bien, et jusqu’au Horn, même s’il y aura plus de manœuvres à faire », ajoute le plus finistérien des marins suisses, tandis que le trimaran rouge s’apprête à dépasser cette marque virtuelle sur son parcours planétaire. Aux côtés de Francis, Alex Pella, Gwénolé Gahinet, Clément Surtel et Sébastien Audigane, il affiche alors une avance stabilisée à 950 milles sur le chrono sur le géant Banque Populaire V, mené il y a 5 ans par 14 hommes d’équipage.

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