Ca s’en va… et ça revient
C’est fait de tout petit rien sur le Vendée Globe ! Après avoir vu revenir à 28 milles de son tableau arrière Alex Thomson il y a quatre jours, Armel Le Cléac’h doit toujours se méfier de son coriace adversaire. Alex Thomson ne lâche pas le morceau. Séparés de 145 milles ce soir, les deux skippers vont chercher les alizés au large de Salvador de Bahia au Brésil. C’est Armel qui devrait logiquement attraper ce flux d’Est en premier pour enfin glisser vers l’équateur… Si c’est le cas, l’écart devrait donc grandir. Pendant ce temps, Conrad Colman, au beau milieu du Pacifique Sud, vit des heures difficiles dans des rafales à 60 nœuds avec une avarie de gréement qu’il ne peut résoudre pour le moment.
Des difficultés pour Conrad Colman en pleine tempête
Le temps nécessaire aux dernières réparations sur Foresight Natural Energy a retardé la progression de Conrad, l’empêchant de mettre assez de Nord dans sa route pour échapper aux vents violents d’une dépression dans le Pacifique. A cela s’ajoute une nouvelle avarie de gréement que le skipper ne peut actuellement pas réparer étant donné les conditions sur zone (vent de 60 nœuds). Conrad Colman progresse donc à vitesse réduite et fait le dos rond en attendant que les vents diminuent. Le skipper va bien. A noter que cette grosse dépression touche également le Hongrois Nandor Fa (Spirit of Hungary) à 270 milles devant l’étrave du Franco-Néo-Zélandais. De la grosse mer, un vent moyen de 45 à 50 nœuds, les deux marins vivent des heures très inconfortables à l’heure où ces lignes sont écrites…
Le casse-tête de l’Atlantique Sud
C’est au près bâbord amures que Banque Populaire VIII et Hugo Boss progressent vers le Nord-Est à 10 nœuds de moyenne depuis 24 heures. Armel Le Cléac’h ne devrait plus tarder à virer puis toucher l’alizé, et ainsi redonner de la couleur au compteur de son foiler. Great Circle, partenaire météo du 8e Vendée Globe, annonce cependant un vent d’Est peu vigoureux. Alex Thomson, lui, naviguera sur le bon bord plus tard (tribord amure), ce qui devrait permettre à Armel de reprendre un peu d’avance. Ainsi va la dernière ligne droite du parcours du Vendée Globe : pas si droite que ça et pas simple du tout ! Jean-Pierre Dick (St Michel-Virbac) en a fait les frais : « Yann (Eliès) et Jean (le Cam) sont remontés sur moi. A moi de trouver le petit truc qui fait que je vais repartir ». « Le chevalier noir », comme l’appelle Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) vient de repartir au galop à plus de 16 nœuds ! Par 46° Sud, même si les mers australes sont derrière, les dépressions sont encore légions et demandent beaucoup d’attention aux marins.
Le cap Horn demain pour Louis Burton (Bureau Vallée)
Il l’attend avec impatience, comme un cadeau qui reste encore sous le sapin… Louis Burton devrait doubler son premier Horn demain soir dans un flux de sud-ouest modéré. Un soulagement pour Louis, 7e, qui navigue à merveille sur son bateau de 2006 (ex Delta Dore de Jérémie Beyou), plus de 1 000 milles devant Nandor Fa et Conrad Colman. Le groupe de 5 bateaux, de CommeUnSeulHomme (Eric Bellion) à Great American IV (Rich Wilson) navigue en avant d’une dépression qui devrait les rattraper. Tous ont fait le choix d’une trajectoire au nord pour éviter le plus gros du vent.
Sébastien Destremau se rapproche de la baie d’Hobart, plus précisément de port Espérance, dans laquelle il devrait se mettre au mouillage pour faire le contrôle de son bateau et grimper au mât… sans assistance bien évidemment. Objectif : entrer dans le Pacifique avec un bateau bon pour le service, capable de rejoindre les Sables d’Olonne.
Romain Attanasio, Famille Mary-Etamine du Lys
« J’ai hâte d’être dans le Pacifique. Je suis à 4 000 milles du cap Horn. Je ne sors pas beaucoup, car dehors ça mouille et il fait froid. Je ne sors que pour manœuvrer. On est un peu terré. J’essaye de faire un peu d’exercice car j’ai les jambes flagada. Ca fait deux mois que je ne marche pas. J’essaye de me tenir debout. Je me mets à l’équerre le long d’une cloison, je fais des flexions. J’essaye d’en faire un minimum car on a l’impression d’avoir des cuisses de poulet. »
Jean-Pierre Dick, StMichel-Virbac
« Ça a été compliqué les dernières 24 heures car j’avais des vents de plus de 40 nœuds. Je suis rentré dans la dépression. J’essayais de passer au centre. J’ai été obligé de prendre des ris. Les dernières heures ont été assez fatigantes car il y avait beaucoup de manœuvres. Je vais récupérer mais c’est frustrant car tu manœuvres beaucoup et tu ne vas pas très vite. Yann (Eliès) et Jean (le Cam) sont remontés sur moi. A moi de trouver le petit truc qui fait que je vais repartir. »
Pieter Heerema, No Way Back
« Comme toujours, on s’est préparé à fêter le Réveillon, mais le vent s’est renforcé et j’avais beaucoup de travail. Le bateau se faisait balloter. Du coup pas de fête, pas de réveillon. Le vent devrait se renforcer dans les 24-36 heures. D’ici deux jours, j’aurai 30-35 nœuds sur le front d’une dépression. Je navigue sur un nouveau bateau équipé de foils et c’est un peu triste car je ne peux pas en tirer le potentiel maximum. Les foils sont vraiment super, mais je n’arrive pas à démontrer cela à cause de tous mes problèmes. Ce n’est que maintenant que je peux mettre le pied au plancher pour aller plus vite. Je vais donc accélérer, mais le plus important est de rester sage et prudent… »
Didac Costa (One Planet One Ocean)
« C’est la fin d’une semaine compliquée. La dépression au sud de l’Australie était une vraie épreuve pour moi et le bateau. Chaque mille gagné nous a couté cher avec le matériel qui se dégrade et des dégâts. Après les soucis avec les voiles, j’ai également un problème avec les pilotes automatiques. Après quelques semaines de mer, il y a une pièce qui subit l’usure: le vérin qui est sollicité en permanence pour garder le cap. C’est un peu comme les voiles qui ont montré des signes d’usure. C’était un vrai soulagement quand j’ai réussi à les réparer, car dans ces eaux, un petit souci devient rapidement un problème majeur. »