Le Cléac’h, un mois en tête
Entre le 2 décembre 2016 et aujourd’hui lundi 2 janvier 2017, voilà un mois jour pour jour qu’Armel Le Cléac’h n’a pas quitté la tête du Vendée Globe. Au large du Brésil, Alex Thomson lui a repris une petite quinzaine de milles cette nuit. L’Irlandais Enda O’Coineen, lui, a officiellement abandonné après son démâtage d’hier et progresse à faible vitesse vers la Nouvelle-Zélande.
A la fin du 57e jour de mer, Armel Le Cléac’h a bouclé 81% du parcours de ce huitième Vendée Globe. A 4600 milles de l’arrivée aux Sables d’Olonne, il enregistre un nouveau jalon symbolique : voilà désormais un mois jour pour jour que le skipper de Banque Populaire VIII occupe le fauteuil de leader. Au large de Sao Polo, Le Cléac’h continue d’enchainer les virements pour progresser vers l’alizé d’Est, dont les prémices sont attendus dès demain pour lui, quand il touchera une petite dizaine de noeuds de vent de secteur Est. Ce sera le premier « ascenseur » pour faire route directe vers le Nord. Son dauphin Alex Thomson, lui, entretient le suspense : non content de stopper l’hémorragie de milles d’hier, il lui en a repris 14 pendant ces sept dernières heures, réduisant son retard de 182 milles à 22h hier à 168 milles à 5h ce matin. Le skipper d’Hugo Boss n’a pas dit son dernier mot, loin de là. Surtout que lorsqu’il touchera à son tour l’alizé d’Est, il pourra naviguer tribord amures donc s’appuyer sur son foil valide.
Tout va bien pour les quatre autres bateaux évoluant dans l’Atlantique : Jérémie Beyou (Maître CoQ) est toujours très solidement installé sur la 3e marche du podium virtuel, un peu plus de 720 milles devant le StMichel-Virbac de Jean-Pierre Dick. celui-ci a bien négocié une énième dépression et reprend de la vitesse, 400 milles dans le Nord-Est des Malouines et 150 milles plus Nord (75 milles en termes de distance au but) que le duo des inséparables Yann Eliès et Jean Le Cam. A un peu moins de 1700 milles du leader, les skippers de Quéguiner-Leucémie Espoir et Finistère Mer Vent se livrent une bagarre de chiffonniers pour la 5e place, qui est aussi la première des bateaux « non foilers » à dérives droites. Léger avantage pour Yann Eliès ce matin (15 milles) mais Jean Le Cam vient d’empanner dans son sillage. Ce duel-là aussi pourrait bien être serré jusqu’au bout. Même s’il doit monter assez Nord pour éviter une zone de vents faibles, le septième skipper attendu au cap Horn est Louis Burton (Bureau Vallée), d’ici 48 heures : il n’est plus qu’à 660 milles du célèbre caillou et poursuit son bonhomme de chemin, en septième position.
Abandon officiel d’Enda O’Coineen : 18 encore en course
Au milieu du Pacifique, 1200 milles derrière Louis Burton, Conrad Colman a été assez lent cette nuit et le Kiwi de Foresight Natural Energy a perdu un peu de terrain sur le Hongrois Nandor Fa (Spirit of Hungary)… mais pourrait en regagner car il touche désormais un bon flux portant de 30 noeuds de Sud-Ouest alors que Nandor Fa – pourtant seulement 200 milles devant lui – se retrouve au près dans 25 noeuds de Nord-Est ! Pour le « Club des cinq », composé dans l’ordre d’Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), Arnaud Boissières (La Mie Câline), Alan Roura (La Fabrique), Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) puis Rich Wilson (Great American IV), les conditions sont relativement bonnes pour le moment (25 à 30 noeuds). Mais ils devraient se faire rattraper par une dépression, ce qui leur donnera du vent fort dès cet après-midi, de l’ordre de 40 noeuds. L’Espagnol Didac Costa (One Planet One Ocean) a pris de l’avance sur Romain Attanasio, piégé ce week-end dans une zone de pétole. Mais le skipper de Famille Mary-Etamine du Lys est enfin reparti (à 13 noeuds), tout en faisant son entrée dans le Pacifique hier soir en doublant la longitude de South East Cape, en Tasmanie. Pour Didac et Romain, un nouveau problème – décidément récurrent dans le Grand Sud sur ce Vendée Globe – se pose : une dépression assez creuse est en cours de formation dans l’Est de la Nouvelle-Zélande et ils vont devoir l’affronter, ou tenter d’en éviter les vents les plus forts, dans les 48 heures à venir.
Enfin, à l’arrière de la course, Pieter Heerema (No Way Back, 18e) et Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean,17e) naviguent près des côtes de Tasmanie. Dans un message envoyé tôt ce matin, Sébastien Destremau annonce qu’il devrait arriver ce lundi soir dans la baie de la recherche, près de Hobart. Il explique : « mon ETA est tard lundi soir, du coup on va probablement patienter au large en attendant que le jour se lève. La durée du pit-stop est difficile a prévoir, car elle va dépendre de l’état dans lequel on va trouver notre gréement là-haut. Disons entre quelques heures et deux jours. Ce sera la première fois qu’on revoit la terre depuis que j’ai apercu, de loin, l’Archipel de Madère le 11 novembre dernier. » La terre, l’Irlandais Enda O’Coineen serait bien inspiré de la retrouver avant une cinquantaine d’heures, au sud de la Nouvelle-Zélande, avant l’arrivée du vent fort prévu pour le 4 décembre. Après le démâtage hier de Kilcullen Voyager Team Ireland, l’Irlandais a confirmé cette nuit son abandon officiel. Il navigue pour l’instant au moteur à faible vitesse (2 noeuds) à 150 milles des côtes néo-zélandaises. Il n’a pas précisé pour l’instant son port de destination.