Duel au sommet et trois passages du Horn !
Après Jean-Pierre Dick ce matin, ce sont Jean Le Cam puis Yann Eliès qui ont franchi dans l’après-midi le cap Horn, respectivement en 4e, 5e et 6e position. Le prochain à passer le dernier grand cap du tour du monde devrait être Louis Burton, d’ici quatre jours. Devant, Armel Le Cléac’h a repris de l’avance sur Alex Thomson qui est à son tour bloqué dans une bulle sans vent. Ce duel n’a pas fini de nous tenir en haleine !
Trois passages du cap Horn ce vendredi : Jean-Pierre Dick, Jean Le Cam et Yann Eliès
C’est à 7h34 (heure française) ce vendredi matin que Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) a franchi le cap Horn pour la cinquième fois dans sa carrière : trois fois dans le Vendée Globe (en 2005, 2013 et 2016) et deux fois dans la Barcelona World Race (en 2008 et 2011). « C’était un beau passage ce coup-ci, j’ai bien vu le cap dans la pénombre. Je suis passé à moins de 5 milles c’était impressionnant ! », s’enthousiasme Jean-Pierre qui navigue en 4e position.
A 16h48 (heure française), c’est Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) qui a à son tour passé le Horn, pour la cinquième fois lui aussi : trois fois dans le Vendée Globe (éditions 2004-2005, 2012-2013 et 2016-2017), une fois dans la Barcelona World Race (en 2014-2015) et une fois dans la Whitbread avec Eric Tabarly. Jean navigue en 5e position et il est donc le premier non foiler. Les quatre leaders au classement actuel disposent en effet de bateaux équipés d’appendices porteurs (Armel Le Cléac’h, Alex Thomson, Jérémie Beyou et Jean-Pierre Dick).
Pour Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir), la libération est survenue à 17h56 (heure française). Pour lui, c’est le troisième passage après ses deux succès dans le Trophée Jules Verne (en 2002 et en 2005), mais c’est la première fois en solitaire. Le prochain au cap Horn sera Louis Burton (Bureau Vallée). D’après les routages, ce sera dans quatre bons jours, le mardi 3 janvier en fin de soirée.
Coup d’élastique en tête de flotte
Chacun son tour ! La journée d’hier a été très favorable au Britannique Alex Thomson (Hugo Boss) : 120 milles de gagnés entre les pointages de 5h et de 18h. Mais aujourd’hui, c’est le Britannique qui est pris dans le marasme anticyclonique, tandis qu’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) touche du vent d’Est plus établi. Armel a gagné 104 milles ce vendredi, l’écart étant passé de 28 milles ce matin à 5h à 132 milles à 18h. « Nous nous sommes rapprochés, mais Armel est toujours resté devant et il est sorti de l’anticyclone avant moi. J’ai quand même bien réduit l’écart et mieux vaut cette situation qu’être à 800 milles de l’adversaire ! », souligne Alex. Toute la question est de savoir combien de temps le skipper d’Hugo Boss va rester bloqué dans la bulle sans vent… La suite des événements s’annonce complexe pour les deux leaders et le suspense reste intact.
« Un maitre de Kung Fu n’aurait pas fait mieux ! »
Conrad Colman (9e sur Foresight Natural Energy) a vécu des heures difficiles. Son bateau s’est couché dans une rafale et son J2 (une voile d’avant intermédiaire) a été déchirée. « Un maitre de Kung Fu n’aurait pas fait mieux, un mouvement rapide et efficace ! », ironise Conrad qui a dû monter dans son mât pour libérer la voile. Opération réussie mais la voile est perdue. Conrad Colman : « J’ai mis un jour et une nuit à me remettre de la double peine : la mission compliquée de libération de la voile et surtout, la perte de celle-ci. Je suis content d’être toujours en course. J’ai une bonne marge de manœuvre avec le reste du peloton derrière mais il est certain que je vais être beaucoup plus lent que prévu dans certaines conditions dans les semaines à venir. » Dans ce contexte, revenir sur le Hongrois Nandor Fa (8e à bord de Spirit of Hungary) ne sera pas simple, mais cela reste possible. Comme l’indique le skipper néo-zélandais, le groupe de cinq qui le poursuit, emmené par Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), pointe à plus de 1000 milles.
Des nouvelles de l’Irlandais Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) qui navigue proche de l’île Stewart (au Sud de la Nouvelle-Zélande) et réfléchit à la meilleure solution pour réparer ses soucis de pilotes et de rail de grand-voile. On en saura plus demain.
Il reste quatre concurrents dans l’océan Indien. Didac Costa (One Planet One Ocean) et Pieter Heerema (No Way Back) se rapprochent de la mi-parcours et de l’entrée dans le Pacifique. Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) devront patienter un peu. Joints en vacation, Romain et Sébastien ont avoué trouver le temps long, tout en rappelant qu’ils ne donneraient leur place pour rien au monde !
Alex Thomson (Hugo Boss) :
« Dans les jours qui viennent, Armel devrait toujours avoir un peu plus de vent et être plus rapide. Nous verrons comment la situation évolue au niveau du Pot au noir. L’objectif est d’avoir encore ma chance de l’emporter quand nous naviguerons plus au Nord dans l’Atlantique. »
Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) :
« La période de Noël et du Nouvel an n’est pas facile à vivre. Cette semaine entre le 25 et le 31 décembre ne sera pas ma meilleure de la course ! La solitude pèse plus lourd à ce moment de l’année. Tout le monde fait la fête, s’offre des cadeaux, boit des coups, et toi tu es là tout seul pendant cette période de bonnes intentions. Mais sinon tout va bien, je ne suis pas à plaindre ! »
Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) :
« J’ai hâte de quitter l‘Australie et la Nouvelle-Zélande. Cet endroit est mal pavé. L’indien est dur et cette partie très compliquée. Vivement le Pacifique. Il paraît qu’il porte bien son nom, j’espère que c’est vrai ! Ma famille me manque. Je reçois des photos de Ruben (son fils, NDR) et je le vois grandir. Ca fait bizarre… J’ai quand même bien hâte de rentrer ! »