Incontestablement, les conditions météorologiques n’ont jamais été aussi différentes pour les dix-neuf solitaires du Vendée Globe encore en course ! Alors que Conrad Colman devance un véritable ouragan, le leader Armel Le Cléac’h va de nouveau buter sur de petits airs et perdre encore de sa marge sur Alex Thomson tandis que Didac Costa au Sud de l’Australie, se bat face à des vents contraires et que Pieter Heerema patiente en arrière d’une grosse dépression australienne…

Sur près de 8 000 milles, les conditions de navigation sont radicalement différentes entre un Atlantique peu coopératif pour le leader qui perd de sa superbe depuis deux jours, un Pacifique contrasté avec du vent médium pour le trio en route vers le cap Horn et la plus grosse tempête australe de ce Vendée Globe qui poursuit le néo-Zélandais et que suivent les six solitaires qui ont patienté depuis 48 heures pour ne pas se faire prendre, et enfin un Indien très mouvementé qui contrarie l’Espagnol et met à mal le Hollandais !

Changement en queue de flotte

D’ailleurs Pieter Heerema (No Way Back) est désormais pointé à la dernière place au large du cap Leeuwin car il n’a parcouru qu’une petite soixantaine de milles en 24 heures. La raison ? Des problèmes redondants de pilote automatique et d’électronique qu’il est très difficile de résoudre en mer, surtout lorsqu’une méchante dépression circule au Sud de l’Australie. Celle-ci pose d’ailleurs quelques sueurs froides à Didac Costa (One Planet One Ocean) qui doit faire du près et remonter vers le Nord-Est face à une trentaine de nœuds de secteur Est !

Mais c’est surtout au Sud-Est de la Nouvelle-Zélande que les vents sont particulièrement tempétueux : des rafales à plus de 70 nœuds sont au programme et heureusement, aucun solitaire n’est pris dans cette nasse ! Les six skippers qui ont patienté (Bellion, O’Coineen, Boissières, Roura, Amedeo, Wilson) sont désormais dans un flux modéré de Sud-Ouest à proximité des îles Auckland et Campbell : ils ont 5 000 milles devant l’étrave avant de revoir une terre, le cap Horn…

Un ouragan austral

Mais c’est Conrad Colman (Foresight Natural Energy) qui les devance d’un millier de milles, qui est le plus susceptible d’être avalé par cette tempête australe. Heureusement, le néo-Zélandais a allongé la foulée et cette violente dépression a vocation à rejoindre les eaux glacées de l’Antarctique… Le skipper et son bateau vont se faire sacrément secouer, mais devraient s’extirper de ce mauvais pas d’ici 36 heures. Quant au Hongrois Nándor Fa (Spirit of Hungary), il ne devrait qu’en toucher la bordure septentrionale dès ce mercredi matin en évitant le pire car au cœur de la dépression, ce sont plus de 70 nœuds de vent qui sont relevés !

Changement de décor pour Louis Burton (Bureau Vallée) qui file bon train dans un front avec de la brise de Nord près du point « Némo », le lieu le plus éloigné de toute terre au cœur du Pacifique ! Et à moins d’un millier de milles du cap Horn, le duo Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) et Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) bénéficie de conditions maniables avec une mer un peu désordonnée mais une brise de Sud fraîche et modérée : ils sont attendus à la pointe extrême de l’Amérique du Sud à l’orée du dernier week-end de l’année. Et pour Jean-Pierre Dick (StMichel Virbac), la « libération » aura lieu une journée plus tôt, poussé par un bon flux d’Ouest.

Rebondissement en tête

Pour le trio de tête étalé sur un millier de milles, entre la Terre de Feu et le grand large de l’Argentine, l’Atlantique offre un panel pour le moins contrasté. À l’extérieur de l’île des États, Jérémie Beyou (Maître CoQ) va pouvoir raccrocher un flux modéré d’Ouest en passant au large du détroit de Lemaire. Ce début de journée (milieu de nuit en Patagonie) s’annonce paisible avant de retrouver un régime plus consistant dans l’après-midi.

Quant au leader Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII), il a beau avoir cumulé plus de 400 milles en 24 heures, il est toujours moins rapide que son poursuivant qui lui a encore grappillé une cinquantaine de milles ! Alex Thomson (Hugo Boss) à moins de 300 milles, est en effet propulsé par le dos d’une dépression australe quand le premier aborde les hautes pressions au fur et à mesure qu’il gagne dans le Nord. Il n’y a rien d’autre à faire que d’optimiser sa route pour les jours à venir afin de trouver le bon endroit pour percuter cette cellule anticyclonique qui fait barrière avant le Brésil. Les deux leaders vont donc être encore plus proches l’un de l’autre au fil des heures…

Alan Roura (La Fabrique) :

« Ça s’est pas mal calmé : on a entre 20 et 25 nœuds de vent en ce moment et c’est agréable. C’est plus tendu pour Conrad Colman : j’espère qu’il va bien car je n’ai pas eu de nouvelles et il va passer pas loin du centre de cette violente dépression… Pour nous, c’est un nouveau match qui débute : on est six à portée de fusil mais nous ne sommes pas à armes égales. Je vais faire ce que je peux et m’accrocher, mais ça ne va pas être facile parce que je n’ai pas un bateau aussi puissant que les autres. La mer n’est pas ordonnée et c’est assez dur d’avancer vite. On a 5 000 milles avant le cap Horn : on n’a pas le droit à l’erreur dans cette traversée du Pacifique ! »

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