Les affaires reprennent pour les six marins qui avaient ralenti volontairement pour laisser passer le plus gros de la tempête qui sévit au Sud de la Nouvelle-Zélande. Emmené par Arnaud Boissières, ce groupe très international navigue désormais dans le Pacifique. Plus en avant, Jérémie Beyou se prépare à franchir pour la toute première fois le mythique cap Horn : un moment forcément très attendu qui marquera une forme de libération. Il rejoindra en Atlantique Sud Armel Le Cléac’h et Alex Thomson qui poursuivent leur longue et stratégique remontée vers les Sables d’Olonne. Après 50 jours de mer, les deux leaders ont bouclé les trois quarts du parcours.

Cet hiver 2016-2017 pourrait bien être celui de tous les records océaniques. Thomas Coville a frappé un grand coup en bouclant hier son tour du monde en solitaire en 49 jours, à bord du maxi trimaran Sodebo Ultim’. Francis Joyon et son équipage tentent actuellement de battre le record du Trophée Jules Verne. Et il y a bien sûr les leaders du Vendée Globe qui poursuivent leur chevauchée dans un Atlantique Sud complexe.

Fin de la trêve de Noël pour le groupe des six

Après 50 jours de mer, 19 marins sont encore en course. Deux naviguent en Atlantique Sud, 13 dans le Pacifique et quatre dans l’Indien. La course reprend ses droits pour les six marins qui ont laissé passer le plus gros de la tempête qui sévit au Sud de la Nouvelle-Zélande. Si le risque de subir les conditions les plus violentes est désormais écarté, la navigation devient toutefois tonique en arrière du front. « C’est reparti ! Le changement d’ambiance a été radical, je suis passé du calme absolu à la tempête », racontait ce matin Eric Bellion (CommeUnSeulHomme). « Je navigue dans 30-35 nœuds, à une vitesse de 20 nœuds. J’ai trois ris dans la grand-voile et un petit foc. Le bateau est penché et tape dans tous les sens. » Ambiance… Ce groupe international est scindé en deux parties. Arnaud Boissières (La Mie Câline) et Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) sont décalés plus au Nord que les quatre autres marins qui restent collés-serrés : Eric Bellion, Alan Roura (La Fabrique), Enda O’Coineen (Kilcullen Voyager-Team Ireland) et Rich Wilson (Great American IV). Reposés par leur trêve de Noël, ces six skippers, classés de la 10e à la 15e place, naviguent à une vitesse d’environ 15 nœuds. Pour eux, l’enjeu est de suivre la dépression tout en allant pas trop vite pour ne pas faire face à des conditions trop extrêmes. Il faut trouver le bon curseur.

Bientôt la délivrance pour Jérémie Beyou attendu au cap Horn demain à la mi-journée

Pour sa troisième participation au Vendée Globe, Jérémie Beyou (3e sur Maître CoQ) se prépare à vivre pour la première fois un moment très particulier dans la carrière d’un marin : le passage du cap Horn. D’après les derniers routages, il devrait franchir la longitude du mythique rocher demain à la mi-journée. Joint dans le Vendée Live ce midi, Jérémie a fait part de sa satisfaction à l’idée de quitter prochainement les hostiles mers du Sud : « Je l’attends avec impatience ce cap Horn. J’ai pris beaucoup de départs de tours du monde : Vendée Globe, Trophée Jules Verne, Barcelona World Race. Et je n’ai jamais réussi à franchir ce grand cap. Je vivrai ce passage comme un soulagement, par rapport à tous les échecs précédents. Et je serai content de changer de coin, ici ce n’est pas le plus sympa. » Propulsé par un bon flux d’Ouest, Jérémie devra d’ici-là négocier des empannages délicats.

Armel Le Cléac’h et Alex Thomson ont bouclé 75 % du parcours

Jérémie Beyou rejoindra donc demain Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) et Alex Thomson (Hugo Boss) en Atlantique Sud. Après 50 jours de course, les deux leaders ont parcouru les trois quarts de la distance totale du huitième Vendée Globe. Il leur reste plus de 6000 milles (sur la route directe) devant leurs étraves et l’écart entre Armel et Alex se porte à moins de 400 milles (pointage de 15h). Rien n’est joué d’autant que la remontée de l’Atlantique Sud s’annonce complexe. Dans les jours qui viennent, Armel et Alex ne vont pas naviguer dans le même système météo. Il pourra se passer beaucoup de choses…
Solidement installé à la 4e place, Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) a été le plus rapide ces dernières 24 heures. Il maintient à distance les inséparables Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent), respectivement 5e et 6e.

Encore quatre « Indiens »

Derrière on trouve trois coureurs beaucoup plus solitaires, dans le sens où les concurrents qui les précèdent sont loin devant et ceux qui les poursuivent loin derrière… Respectivement 7e, 8e et 9e, Louis Burton (Bureau Vallée), Nandor Fa (Spirit of Hungary) et Conrad Colman (Foresight Natural Energy) réalisent tous trois une course remarquable.
Reparti quatre jours après tous les autres concurrents, Didac Costa (One Planet One Ocean) a réussi à mettre trois concurrents dans son tableau arrière. Pieter Heerema (No Way Back) se bat pour régler ses problèmes de pilotes automatiques. Le Néerlandais le dit et le répète : il ne poursuivra pas sa course tant qu’il n’aura pas effectué une réparation satisfaisante.
Romain Attanasio (Famille Mary-Etamine du Lys) et Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) ont de leur côté le cap Leeuwin en ligne de mire. Ils devraient tous deux le franchir demain…

Des nouvelles rassurantes de Stéphane Le Diraison, Paul Meilhat et Thomas Ruyant

Les trois derniers skippers à avoir abandonné le Vendée Globe ont donné des nouvelles rassurantes. Stéphane Le Diraison (Compagnie du Lit-Boulogne Billancourt) a pu récupérer 200 litres de gasoil grâce à une opération de ravitaillement en pleine mer rondement menée par l’équipage du cargo Captain J. Stéphane devrait arriver dans la soirée à Portland, un petit port situé à l’Ouest de Melbourne.
Paul Meilhat (SMA) se rapproche de son côté de Tahiti qu’il pourrait rallier d’ici deux jours. Enfin, le convoyage vers Dunedin (Nouvelle-Zélande) du bateau blessé de Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine) s’est bien passé.

Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) :

« J’ai vécu ce moment avec mes camarades comme un arrêt au stand. J’en ai profité pour effectuer tranquillement un bon check du bateau avant d’entamer le Pacifique. Et j’ai pu me reposer, j’ai dormi 8h d’affilée cette nuit ! C’est toujours frustrant de naviguer à 5 nœuds alors qu’il reste la moitié du tour du monde à parcourir. Mais nous n’avions pas le choix. Je repars reposé, et avec une envie énorme ! »

Jérémie Beyou (Maître CoQ) :

« Sortir du Pacifique va être délicat car il y aura des empannages à négocier : ça va être une partie technique et intense. Une fois dans l’Atlantique, je regarderai où je me situerai par rapport aux deux premiers. J’espère que le jeu va s’ouvrir. Une nouvelle course va s’engager. Il va falloir tout donner durant ces dernières semaines. »

Jean Le Cam (Finistère Mer Vent)

« D’après mes routages, je devrais arriver au cap Horn très exactement le 31 décembre à 21h06 et 48 secondes (TU) Mesdames et Messieurs, 22h06 chez vous. Mon objectif de temps pour ce Vendée Globe ? J’aimerais, dans mes rêves les plus fous, boucler le parcours en moins de 80 jours. Tout va dépendre des conditions météo pendant la remontée de l’Atlantique. Cette portion du parcours est toujours aléatoire. »

Mot du bord de Didac Costa (One Planet One Ocean) :

« J’ai réparé le J3 il y a quelques jours, mais en le vérifiant j’ai découvert un début de délamination. J’ai décidé de le réparer avant de le hisser de nouveau. J’attends une accalmie pour faire ce travail. J’ai doublé le deuxième des trois grands caps hier – le cap Leeuwin. J’espère bientôt atteindre la mi-parcours. Ensuite je ne m’éloignerai plus des Sables, mais je m’en approcherai ! »

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