Cela fait aujourd’hui 19 jours que Banque Populaire VIII mène la danse sur ce 8e Vendée Globe. 19 jours que le Breton affiche des trajectoires et des placements parfaits rusant avec la météo pourtant très compliquée en cette fin de Pacifique Sud. L’habile marin breton devrait doubler le dernier des trois caps du tour du monde en solitaire demain aux alentours de 13 heures avec une confortable avance de près de 600 milles sur le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss) attendu dimanche soir, le 25 décembre, au large de la Terre de Feu. Derrière, Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac), 4e, a ralenti et regarde ses camarades revenir dans son rétroviseur. Du côté du club des cinq, d’Alan Roura (La Fabrique) à Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), la régate se poursuit avec âpreté. 17e, l’Espagnol Didac Costa (One Planet One Ocean) fête ses 36 ans par 50 nœuds de vent à 600 milles dans l’ouest du cap Leewin…

Il y a quatre ans, l’histoire n’était pas simple : François Gabart avait repris l’avantage sur Armel un peu plus de 24h avant le cap Horn, et les deux leaders avait doublé le cap mythique avec 3 heures d’écart stressés par la remontée des glaces vers l’île des Etats. L’histoire est tout autre sur le Vendée Globe 2016. Banque Populaire VIII glisse ce soir à 16 nœuds bien loin devant Alex Thomson dans un flux de sud-ouest qui va adonner (devenir ouest) et cela devrait continuer jusqu’à longer les côtes chiliennes avant de doubler le cap mythique dans les mêmes conditions demain à la mi journée. Un premier cap Horn en tête pour Armel (il passe 3e en 2008 et 2e en 2012) ! Il ne faudra cependant pas traîner en route pour garder ce flux portant jusqu’aux îles Falklands, car rapidement le vent devrait mollir par le sud. Au moment où Armel doublera le Horn, Alex naviguera au près puis attrapera un flux d’ouest qui le fera accélérer pour doubler le Horn dimanche 25 dans la soirée… A priori, les deux leaders devraient rester dans l’est de l’île des Etats et des Falklands. A suivre !

Un éternel recommencement

« J’espère que ma position actuelle ne va pas tout anéantir. C’est l’éternel recommencement avec tous ces passages à niveau. On peut revenir comme on peut se faire rattraper. » confiait le skipper de StMichel-Virbac au Vendée Live ce midi. Après une folle calvacade depuis la Nouvelle-Zélande, bien appuyé sur son foil Jean-Pierre, qui avait jusqu’à 270 milles d’avance sur ses poursuivants, butte dans une dorsale. Yann Eliès (Queguiner-Leucémie Espoir) et Jean Le Cam (Finistère Mer Vent) lui ont repris une trentaine de milles, et Jérémie Beyou (Maître CoQ) accélère. Un Pacifique Sud capricieux mais qui aura offert à Jean-Pierre un joli ballet de dauphins noir et blanc ce matin, comme pour le consoler…

L’éternel recommencement concerne aussi le groupe de 5 bateaux à l’entrée du Pacifique Sud. Tenez vous bien : le benjamin de la flotte, Alan Roura (23 ans) tient la dragée haute sur son ancien bateau de 2000, face à quatre Imoca de génération 2007/2008 ! Tous se tiennent en 145 milles, Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) continuant d’appuyer sur le champignon. Depuis 48 heures, celui qui voit le Vendée Globe comme la grande aventure de ses 40 ans, est le plus rapide de toute la flotte avec chaque jour 400 milles avalés à la vitesse moyenne de 17 nœuds. Elle est pas belle la vie ?

Stéphane Le Diraison : un gréement de fortune avec plus de toile !

A 400 milles de Melbourne en Australie, le skipper de Compagnie du Lit-Boulogne Billancourt bute dans une zone sans vent. Un coup dur pour le skipper qui peinait déjà à 4,5 nœuds avec 30 nœuds de vent… Stéphane a donc fait appel à ses capacités de bricoleur hors pair pour inventer un système ingénieux lui permettant de maitriser au mieux sa trajectoire :

« J’avais gardé un morceau de grand-voile d’une dizaine de mètres carré qui restait suite à la bataille du démâtage. Je me suis transformé en maitre-voilier pour tailler une grand-voile de secours et l’adapter à mon gréement. Opération réussie ! J’ai pu rehisser mon mât de fortune et j’ai désormais un peu plus de toile. Je vais pouvoir loffer un peu plus quand j’aurais le vent de face, sinon je risquais de repartir d’où je viens et la boucle est sans fin ».

Des nouvelles de Paul Meilhat (SMA)

Depuis mardi, Paul Meilhat et SMA font donc route vers le Nord. Le tandem devrait choisir aujourd’hui entre les options qui s’ouvrent à lui, aucune n’étant parfaite. Si la Nouvelle-Zélande semble mieux équipée pour accueillir un IMOCA 60 blessé, cette destination obligerait Paul à affronter des vents contraires, ce qui n’est pas une bonne chose avec une quille récalcitrante. La route vers la Polynésie française, moins riche en infrastructure lourde, s’annonce en revanche plus tolérante. Il y a pourtant nécessité à choisir : le vérin, de remplacement, qui pèse tout de même 90 kilos, doit être expédié dans les plus brefs délais pour arriver sur le quai avant le skipper et son bateau. Un vrai coup de chance, un vérin, qui équipait Maître-CoQ initialement, présente un profil sinon identique, du moins similaire, ce qui encourage l’équipe technique de SMA à penser qu’il sera possible de l’utiliser en remplacement du vérin endommagé. Décidément SMA et Maître CoQ ne se quittent plus !

Message de la mer

Alan Roura, La Fabrique

« Ce matin le vent est monté, on a des petites pointes à 30 nœuds, c’est le front qui arrive gentiment Ça m’arrange pas mal d’avoir du vent fort au final ! J’avance assez vite et j’arrive à tenir, voire à devancer les autres dans les conditions musclées. Ce soir, ça va changer la donne, on va se retrouver dans un flux de 13 à 15 nœuds, si le ciel est bien dégagé ça risque d’être du spi pendant quelques jours ! Incroyable mais vrai ! Nous voilà trois bateaux alignés après près de 50 jours de mer… Des embarcations complètement différentes les unes des autres et pourtant, nous y voilà ! Superbigou est de retour. Son passé de légende de bateau le plus rapide de sa génération, de bateau qui a tout gagné est bien réel. »

Fabrice Amedeo, Newrest-Matmut

« Je sors de trois jours compliqués. Et c’est n’est pas tout à fait derrière moi. J’ai eu un sursaut mental. J’ai perdu beaucoup de terrain depuis la déchirure de ma grand-voile. C’était pénible psychologiquement de voir le groupe derrière moi me rattraper, me dépasser, puis me mettre une taule. Je crois que j’ai enfin trouvé la solution pour consolider ma voile. J’ai récupéré des toiles à matossage, qui permettent de maintenir les voiles contre la coque. Je vais en débiter une. Je pense vraiment que ça va marcher, donc ça éclaircit l’horizon. J’arrive à 50% du parcours, je suis en forme, la vie est belle. Il y a juste cette épine dans ma godasse. »

Jean-Pierre Dick, StMichel-Virbac

« Je n’ai pas vu beaucoup de poissons ni de cétacés avant d’entrer dans le grand Sud. C’était sympa cette rencontre avec des dauphins d’un autre coloris, avec un blanc sur le côté. Ici les eaux sont froides. La journée s’annonce compliquée. C’est difficile de gérer au niveau de la météo. C’est fatiguant car il y a beaucoup de réglages et de manœuvres. Aujourd’hui, j’ai pu bien inspecter le bateau, faire fonctionner l’hydro-générateur. Je préférerais avancer vers le cap Horn à grande vitesse. J’ai eu la chance de prendre un front juste devant Yann et Jean. Je me suis enfui avec ça. Je viens juste de le perdre. Ce sont des journées rapides qui m’ont permis de progresser sur Jérémie. J’espère que ma position actuelle ne va pas tout anéantir.»

Romain Attanasio, Famille Mary-Etamine du Lys

« Ca va beaucoup mieux. Aujourd’hui c’est les vacances presque. J’ai dû monter très Nord pour éviter la dépression. Je m’en serais bien passé, surtout après le temps perdu en Afrique du Sud. Quand je suis passé près des deux îles j’ai eu du vent très irrégulier. Je n’ai pas pu beaucoup dormir… C’est sympa d’avoir des nouvelles de la terre. Je suis content de recevoir des mails et des photos de mon fils. »

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