À 09h 19mn 00sec* (heure française) dans les premières grisailles du jour de ce vendredi de décembre, IDEC SPORT coupait, à plus de 20 nœuds, la ligne au large d’Ouessant et s’élançait dans une course effrénée contre le chronomètre autour de la planète mer. Les six hommes du bord sont attendus avant le lundi 30 janvier 2017 à 23h 00mn et 53sec (heure français) pour améliorer le temps à battre (45j 13h 42mn 53sec) établi en janvier 2012 par l’équipage de Loïck Peyron, et inscrire leur nom au palmarès de ce prestigieux challenge maritime.

Chose promise, chose due. Après s’être rejoint dès potron-minet au ponton, l’équipage d’IDEC SPORT, visiblement très pressé d’en découdre, n’a pas traîné dans la nuit noire. Sous le regard bienveillant des lumières du remorqueur l’Abeille Bourbon, Francis Joyon, Alex Pella, Gwénolé Gahinet, Clément Surtel, Sébastien Audigane et Bernard Stamm ont vite laissé, sur les coups de 6h30, les quais de Brest dans le sillage du trimaran rouge et gris afin de rejoindre zone de départ du Trophée Jules Verne.

Les derniers mots au ponton, morceaux choisis :

Francis Joyon :

« Ce matin, les prévisions sont un petit peu meilleures que celles d’hier soir. On a des chances de rejoindre le vent de Nord favorable avec moins de risques de calmes. La situation est plus confortable. En termes de visibilité météo, on voit clair jusqu’au large de l’Uruguay environ, jusqu’à 6000 milles d’ici. On est têtu, l’objectif reste le même : être de retour en moins de 45 jours. On n’est pas des mathématiciens, il est toujours difficile de parler en pourcentages pour ce genre d’aventure. Mais on a une chance, c’est déjà beaucoup, et on est là pour la saisir ! »

Alex Pella :

« Pour cette dernière nuit à terre, j’ai dormi sur le bateau, j’ai de l’avance sur mes petits camarades, je suis déjà amariné ! Je ne suis pas le seul, mais on a tous vraiment envie de partir, d’autant qu’apparemment la fenêtre est belle. L’attente a été un peu longue. On a gagné en sérénité par rapport à la dernière fois. La première tentative, avec une sortie de 15 jours en mer, nous a fait vraiment du bien, entre nous comme vis-à-vis du bateau. C’était un très bon entraînement, et il est temps maintenant de partir pour de vrai. »

Gwénolé Gahinet :

« On a eu quelques heures devant nous avant de quitter le port, ce départ était prévu et cela nous permet d’être plus serein. On va être rapide jusqu’à l’équateur, le début s’annonce très satisfaisant. En Atlantique Sud, c’est un petit moins sur des roulettes, mais les temps restent corrects jusqu’au cap Bonne Espérance et je me dis qu’on peut avoir de bonnes surprises. On a fait une bonne répétition la dernière fois, je ne me sens pas du tout stressé, bien prêt, au taquet ! »

Clément Surtel :

« La saison avance et les périodes de stand-by sont toujours un peu longues. Je suis vraiment content d’y retourner. Sur ce tour du monde, on a une bonne vision sur l’équateur, la vision sur Bonne Espérance se mettra, elle, plus en route dans les deux-trois prochains jours. Humainement, cela reste une aventure, on ne part pas en croisière, on part faire un tour du monde avec toutes ses difficultés. Mais je crois que l’engagement de chacun est réel, nous avons tous la bonne motivation pour aller chercher ce record. Sur le plan technique, on reste confiant. Maintenant, croisons les doigts pour que la météo nous laisse passer, c’est elle qui jugera. »

Sébastien Audigane :

« Je suis dans l’état d’esprit d’un départ de Jules Verne. Je pars pour 43-44 jours, ce n’est pas anodin. Ce qui reste un peu particulier, c’est que cela fait seulement une semaine que je le sais. Il a fallu que je me prépare à 150 à l’heure, j’ai d’autant plus hâte d’y aller »

Bernard Stamm :

« La situation est meilleure que la dernière fois pour partir. On a eu le temps de bien se préparer, de finir les trucs propres. On est plus serein pour cette deuxième. La dernière fois, je m’étais habillé au cas où ça partait, il y avait beaucoup d’incertitudes jusqu’à la décision. La situation météo s’annonce vraiment pas mal pour l’hémisphère nord, même si on a plus de doutes pour l’hémisphère sud. Mais il reste le temps pour que ça bouge et que cela se mette en place, on verra. C’est bien de partir de jour, c’est moins scabreux pour mettre les watts dès le début. Là, les indicateurs sont favorables pour l’équateur ; et à un moment donné, il faut y aller ! »

* L’heure exacte de départ sous réserve de vérification par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council)

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