Dernières terres
Armel Le Cléac’h et Alex Thomson filent toujours à bonne vitesse au large de l’île Campbell malgré le très mauvais temps qui règne au Sud de la Nouvelle-Zélande : c’est la dernière terre qu’ils pourront peut-être apercevoir avant le cap Horn distant de près de 5 000 milles. Et à l’arrière de la flotte, Romain Attanasio se prépare à repartir de Bonne-Espérance quand Sébastien Destremau est englué dans des calmes…
Il ne fait pas bon naviguer au large de la Nouvelle-Zélande en ce moment et particulièrement dans le Sud de l’île du Sud ! Une belle dépression venue de Tasmanie bouscule les terres des antipodes et si cette perturbation s’échappe rapidement vers l’Antarctique, elle va être remplacée d’ici 36 heures par une autre naissant du côté de Auckland. Les deux leaders ne vont donc avoir qu’une toute petite pause entre ce flux actuel de Sud-Ouest 35-40 nœuds et un puissant vent de Nord 30 nœuds dès lundi. Car ce régime soutenu ne va s’amoindrir qu’en milieu de journée en tournant progressivement à l’Ouest et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) sera le premier ralenti quand Alex Thomson (Hugo Boss) bénéficiera d’encore un peu de pression à une centaine de milles plus au Nord.
De perturbation en dépression
Il faut donc s’attendre à un ralentissement du rythme ce week-end avec une zone de transition délicate à négocier puisqu’il y aura peut-être du près à effectuer ! Une première dans ce Vendée Globe pour les leaders… Derrière, chacun tente de rester accroché à une dépression puisqu’on en compte cinq entre les îles néo-zélandaises et l’Afrique du Sud d’où Romain Attanasio (Famille Mary-Étamine du Lys) se prépare à repartir après avoir réparé ses deux safrans au mouillage pendant deux jours. Il va ainsi pouvoir retrouver Didac Costa (One Planet-One Ocean) qui est en train de passer la longitude du cap de Bonne-Espérance et même devancer Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) qui est enferré dans une bulle sans vent depuis le coucher du soleil !
Derrière, Louis Burton (Bureau Vallée) qui doit rester vigilant suite au repérage d’un iceberg au Nord des Kerguelen, le peloton se fait rattraper par un front à l’image d’Arnaud Boissières (La Mie Câline) qui a ainsi pu réparer ses chariots de têtière de grand-voile dans un vent mollissant. Enfin, du côté de l’Australie, Paul Meilhat (SMA) toujours troisième avec 150 milles d’avance sur Jérémie Beyou (Maître CoQ), glisse dans un flux modéré d’Ouest vers les Cinquantièmes Hurlants alors que Yann Éliès (Quéguiner-Leucémie Espoir) a passé la longitude du cap Leeuwin vendredi soir tandis que Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) vient tout juste de le déborder avec onze heures de décalage
Louis Burton (Bureau Vallée) :
« Ça va vite, ça va vite, vite, vite ! Je suis à environ 150 milles dans le Nord des Kerguelen : il y a pas mal de vent (40 nœuds) et la mer est creuse mais relativement gérable. Le problème, c’est qu’il y a un iceberg qui a été repéré pas très loin de ma position : je m’en approche rapidement. On a fait un cône pour estimer sa dérive… C’est a priori un morceau de glace d’une trentaine de mètres qui a été identifié par les images satellites parce que c’est une zone surveillée pour la pêche illégale. Je fais un tout droit vers l’Est parce que normalement, je devais passer à une centaine de milles seulement de l’archipel. Cela fait un petit détour mais je devrais quand même garder la dépression qui me pousse, pendant deux à trois jours. J’ai du Nord-Ouest devant le front avec jusqu’à 45 nœuds : c’est plus fort que ce que les cartes météo avaient prévu. C’est compliqué de porter la bonne toile parce que le vent est irrégulier avec des rafales : là, j’ai deux ris dans la grand-voile et petit gennaker mais je vais l’affaler… C’est très humide et très froid : je suis équipé comme un montagnard. En tous cas, je suis content de ma progression ces derniers jours. Le bateau impose toujours de faire de petites bricoles mais ça va : il y a quotidiennement du travail. Les nuits sont très courtes heureusement et tous les jours, on a le soleil qui se lève plus tôt… À peine le temps de finir ton dîner, qu’il fait déjà jour ! Le ciel est très bas, très gris : on est bien au bout du monde et je suis un peu isolé. »
Arnaud Boissières (La Mie Câline) :
« C’est la deuxième fois que les chariots de grand-voile me lâchent ! Je les ai gardés toute la nuit branlants, et là je viens juste de les remplacer. J’ai modifié le système de fixation avec des lashings (cordages). Et dans l’histoire, je suis passé derrière le front et maintenant, il n’y a plus trop de vent… Et il pleut ! Je suis trempé. »