Alex a doublé la longitude du cap de Bonne Espérance à 12h00 ce jour et poursuit sa chevauchée dans l’océan Indien avec des vents qui devraient faiblir. Cet après-midi, Morgan Lagravière a annoncé une avarie de safran sur son foiler suite à un choc avec un OFNI. Des chocs, qui décidément, mettent à mal la flotte du 8e Vendée Globe après les abandons de Bertrand de Broc et de Vincent Riou, et les avaries successives d’Alex Thomson et de Sébastien Josse…

« Il faut continuer et perdre le moins possible » expliquait Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) au Vendée Live ce midi. Pour la tête de flotte, la régate bat son plein au moment de rentrer dans l’océan Indien et d’attaquer la longue navigation dans les mers australes. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) semble, ce soir, réduire un peu l’écart (90 milles) avec l’indétrônable leader de la flotte (en tête depuis bientôt 12 jours !). Sébastien Josse, lui, a empanné ce midi pour mettre du sud dans sa route et rejoindre les Kerguelen avec ses camarades de jeu.

Encore un nouveau temps de référence !

Alex Thomson vient de faire baisser la barre de la descente de l’Atlantique à 17 jours 22 h et 58 mn soit plus de 5 jours de moins que le temps établi par Armel Le Cléac’h en 2012 (22 jours 23 heures et 46 mn). Mais les moyennes devraient commencer à sensiblement baisser dans une zone de transition météorologique qui permettra peut-être aux marins de tête de prendre un peu de repos… Depuis 18 jours, ils sont sur le pont !

La longue route avec des hauts et des bas…

« Je ne peux pas être en mode course, ce n’est pas le Vendée Globe que j’attendais et que j’imaginais faire. Je subis plus que je n’anticipe… Je vais continuer à avancer tant bien que mal malgré les soucis techniques mais c’est dur. » confiait cet après-midi à la vacation Jérémie Beyou (Maître CoQ) handicapé par ces deux fleets (moyen de communication par satellite) totalement hors-service. Le skipper ne peut plus recevoir de fichiers météo et doit faire sa route à l’ancienne, au baromètre et au flair. Plus loin derrière, à 2000 milles de Maître CoQ, le groupe des 14 Imoca, non loin de la latitude de Rio de Janeiro, a souffert toute la nuit dernière et commence à trouver l’Atlantique Sud bien longuet : « Si j’ai décidé de faire le Vendée Globe c’était aussi pour revenir dans ce vent austral qui m’attend et dont j’ai hâte ! J’ai déjà connu ces mers il y a quelques années. Il y aura de la glisse, c’est un toboggan génial, mais il faut bien se préparer. » Bien se préparer à l’océan Indien puis au Pacifique Sud, tel est l’objectif pour tous les marins du Vendée Globe. Les contrôles du bateau, les réparations des voiles, les menues bricoles : voilà, à côté de la régate, le programme des prochains jours en mer… avant de rentrer dans le dur.

Problème de safran pour Morgan Lagravière (Safran) suite à un choc avec un OFNI

A 12h10, heure française, alors qu’il naviguait à une vitesse de 18-19 nœuds, le monocoque Safran s’est couché. Morgan a tout de suite constaté que le safran tribord était relevé et qu’une partie du gouvernail était cassée, probablement du à un choc avec un OFNI (objet flottant non identifié). Morgan va bien, il reste en contact avec son équipe pour évaluer la possibilité de réparer et de poursuivre la course.

Fabrice Amedeo, Newrest-Matmut

« La nuit a été épouvantable mais c’est reparti depuis le lever du soleil. On a butté dans une espèce de masse nuageuse statique. Louis Burton, qui était décalé dans l’Ouest, s’en est bien sorti. La nuit a été très compliquée. Si j’ai fait 10 milles c’est le bout du monde. Je suis resté 3h à l’arrêt. J’ai passé des moments à un ou deux nœuds, en travers de la route. Là c’est reparti mais il y a pas mal de nuages donc il faut empanner, être assez réactif et observateur. La dépression que les leaders ont attrapée, qui leur a permis de partir vite et loin, a mis un peu le bazar dans l’Atlantique Sud. Il y a plein de cellules anticycloniques qui se sont formées. Les deux jours à venir vont peut-être être moins compliqués mais ce week-end ça va de nouveau être un casse-tête. Je suis très philosophe. Je navigue à vue avec Kojiro. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant un match dans le match. »

Romain Attanasio, Famille Mary – Etamine du Lys

 » Il y a un passage près de la dorsale. C’est galère, c’est piégeux. Pour moi c’est bien, ça m’a permis de réintégrer le groupe de devant. Il ne faut pas s’enflammer, on va en croiser des dizaines de trucs comme ça. Je connais la musique, je sais que ça va, ça vient. Je ne suis pas monté en tête de mât mais chaque jour je check tout. Je vais sur le pont quand ça ne mouille pas. Ça permet de voir des petites choses, une goupille mal protégée, des trucs comme ça. Je bricole un peu tous les jours. Je surveille le bateau et je suis toujours prêt. Le bateau est toujours en bon état de marche. J’ai hâte d’arriver dans l’Indien. Je sais que ce n’est pas le plus agréable, il est un peu cabossé. Il va falloir prendre la vie du Sud. Remettre les cirés, il va faire moins chaud. C’est la fin du début de la course, un petit tiers. »

Eric Bellion, CommeUnSeulHomme

« Ça va, j’ai eu une nuit compliquée. Je devais être à la barre tout le temps, je faisais presque des tours sur moi même à scruter le moindre souffle. C’était la bagarre avec Cali donc sympa mais là je suis épuisé du coup. Je récupère doucement de la nuit dernière. J’ai rêvé de couper le plombage et de mettre le moteur, mais ça fait parti de l’aventure. Je travaillais en synergie avec le bateau, tous les deux en quête de la moindre parcelle de vent et dès qu’il y en a un peu, c’est un tel bonheur et pour lui et pour moi. Donc je ne suis pas fâché du tout de cette expérience. Si j’ai décidé de faire le Vendée Globe c’était aussi pour revenir dans ce vent austral qui m’attend et que j’ai déjà connu il y a quelques années et que je veux revivre. Il y aura de la glisse, c’est un toboggan génial, mais il faut bien se préparer et je ne l’oublie pas. »

Jérémie Beyou, Maître CoQ

« C’est difficile à bord de Maître CoQ parce que mes deux antennes fleet ont cramé. Les pilotes c’est réglé mais c’est compliqué maintenant de me connecter sur internet et communiquer juste avec un iridium bancal. Je n’ai plus que ça. Donc peu de météo. J’ai une fuite de moteur que je dois colmater. En gros, j’ai pas régaté depuis deux semaines… Je ne peux pas être en mode course… ce n’est pas la course que j’attendais et que j’imaginais faire. Je subis plus que je n’anticipe… Je vais continuer à avancer tant bien que mal malgré les soucis techniques mais c’est dur.
Je suis en mode dériveur avec mon baromètre ! C’est frustrant. Tu t’entraines depuis des années avec des stratégies météo, tu travailles beaucoup en amont pour finalement de pas pouvoir te servir de tout ce que tu as appris et devoir improviser à l’ancienne. Je tente de garder le rythme mais je rentre dans un registre qui ne me va pas du tout… Aujourd’hui ça va, j’ai à peu près le moral ».

Sébastien Josse, Edmond de Rothschild

« J’ai empanné il y a une heure pour une histoire de stratégie. J’ai déplacé beaucoup de matériel. Il faut ranger le bateau. On a une vingtaine de nœuds, 1m50 de houle, il fait gris et humide. Je me sens bien. Les conditions sont plus que clémentes. On fait plus une régate qu’autre chose. On va essayer d’aller le plus vite possible pour garder ce flux d’Est. Il n’y pas de grosse dépression qui montre le bout de son nez donc on est sereins. L’ambiance a changé. Les oiseaux sont là, ils nous tournent autour. Il y a un peu de brouillard. On voit qu’il y a de l’air chaud avec de l’eau froide. Ça fait une ambiance un peu austère. D’habitude il y a ce fameux courant qui fait une mer croisée. On n’est pas encore rentrés dans le courant des aiguilles, mais les conditions vont faire que ça va être plus cool que d’habitude. J’ai mis deux heures pour faire ma manœuvre, depuis le déplacement du premier sac jusqu’au rangement du dernier bout. Il fait plus frais. On a sorti les laines polaires, c’est un peu comme des collants de ski. »

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