La tension était palpable ce matin dans la voix des routeurs de Sodebo Ultim’. La traversée de l’Indien s’annonçait virile, depuis plus de 30 heures, elle est musclée et elle le sera encore toute la journée. A bord du maxi trimaran, tout le jeu consiste à trouver la garde robe la moins pire pour adapter la vitesse aux conditions de vent et de mer.

STRESS ET ENERGIE POUR THOMAS COVILLE

Hier lundi vers 16 heures, les routeurs à terre reçoivent un message de Thomas qui les prévient qu’il a touché un mammifère alors qu’il filait à 30 nœuds. Il leur annonce qu’il va ralentir pour évaluer les dégâts. A cette allure, le choc a été violent mais heureusement sans conséquence majeure. Thomas a pu refixer rapidement le système de liaison du safran tribord qui avait été touché dans la collision.

Dans ce contexte, ce genre d’intervention n’est pas anodin. Il faut l’imaginer seul au milieu des bourrasques de vents, avec ses outils à la main, assis à califourchon sur le flotteur arrière balayé par les vagues ! Des minutes de bricolage pendant lesquelles le marin puise dans ses réserves d’énergie et de lucidité.

LE DOS ROND AU CŒUR DES QUARANTIÈMES

Au cœur des Quarantièmes, le skipper du trimaran n’a d’autre choix que de faire le dos rond et de s’adapter. Dans ces conditions extrêmes, il se déplace à quatre pattes sur le bateau. Taper sur son clavier pour échanger avec la cellule routage devient presque impossible.

Alors qu’il contourne le noyau de vent et de mer très forte générée par la dépression qui passe dans son sud, tout le jeu consiste à éviter que le bateau parte en survitesse. Hier sous J3 et 2 ris dans la grand-voile, il dévalait l’océan avec des pointes à 45 nœuds dans des creux de 6 à 7 mètres poussé par des vents de 33 nœuds en moyenne.

Pendant presque deux heures, le skipper a choisi la voix de la raison. Il a préféré ralentir sa course effrénée en affalant la voile d’avant et en gardant le minimum de toile dans la grand-voile.

« On ne cherche pas des vitesses de pointe élevées mais plutôt une bonne moyenne très difficile à obtenir dans ces conditions de mer et de vent instable » expliquait ce matin Thierry Douillard un des routeurs de la cellule de routage mise en place par Jean-Luc Nélias pour accompagner le skipper de Sodebo Ultim’ dans sa tentative de record autour du monde.

LA SUITE DU PROGRAMME

Ces conditions de navigations éprouvantes et engagées devraient durer toute la journée. Le skipper devrait passer dans le nord des iles Kerguelen dans la journée de jeudi 24 pour ensuite plonger plus au sud en direction du Cap Leeuwin, le deuxième des trois grands caps de ce tour du monde à la voile.

16 jours après son départ de Ouessant, Thomas Coville est toujours en avance sur le record détenu par Francis Joyon.

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