Le Vendée Globe 2020 dans le viseur de Damien Seguin
Après une année riche, couronnée notamment d’une très belle médaille d’or en 2.4 mR aux Jeux Paralympiques de Rio, Damien Seguin était mardi soir à Barcelone pour assister aux Trophées Rolex du Marin de l’année décerné par World Sailing. Le double champion olympique était avec Charline Picon le seul représentant français nominé. C’est l’Argentin, Santiago Lange, médaillé d’or en Nacra aux Jeux de Rio 2016 qui a été sacré. Une victoire que n’a pas manqué de saluer Damien Seguin qui rêve désormais de course au large. Le skipper était présent sur les pontons du Vendée Globe la semaine dernière. Entretien.
Damien, un petit mot sur la victoire de Santiago Lange ?
« Il y avait une belle brochette de prétendants à la victoire. Santiago a gagné. Sa victoire est méritée au vue de son parcours, du scénario sur les Jeux et de son histoire personnelle. »
Tu étais sur les pontons du Vendée Globe la semaine dernière, quel était l’objectif de cette présence aux Sables d’Olonne ?
« L’objectif était multiple en venant ici aux Sables. C’était de vivre cette ambiance de course, c’est extraordinaire ! Ensuite, je souhaitais voir quelques skippers avec qui j’avais déjà discuté avant puis quelques bateaux. L’idée c’était de faire un état des lieux des bateaux qui vont être à vendre après le Vendée Globe dans l’objectif de prendre le départ en 2020. Ensuite, j’ai fait venir des partenaires pour leur montrer l’ambiance du Vendée Globe, leur faire visiter des Imoca 60’. Je voulais projeter toutes les personnes qui me soutiennent et me suivent actuellement dans un objectif de 2020. Il n’y a que sur place qu’on peut s’en rendre compte. »
Quelle est la réaction des partenaires quand ils viennent ici ?
« Ils sont contents. En visitant les bateaux, ils se sont rendu compte de la taille de ces engins-là. Certains se sont déjà projetés sur 2020. Je sais que dans les partenaires que j’ai actuellement il n’y en pas qui peuvent assumer d’être un partenaire titre mais je sais que je peux m’appuyer sur eux pour initier un projet de Vendée Globe. C’est important même si tous ne reviendront pas. C’est un retour que je devais leur faire pour leur fidèle et précieux soutien de ces dernières années. »
Quel est ton objectif dans les 4 ans qui viennent ?
« Clairement, mon objectif est de prendre le départ du Vendée Globe 2020. L’idée est donc de trouver un sponsor et un bateau. Evidemment, le plus tôt sera le mieux. Forcément, tous les skippers qui ont cet objectif de Vendée Globe 2020 disent cela mais en ce qui me concerne, c’est vraiment de cette manière que je conçois les choses. J’ai envie d’avoir la même rigueur d’entrainement que j’ai eue en voile olympique, à savoir pas mal d’entraînements, une bonne connaissance de mon bateau et de l’évolution technologique. Tout ceci ne pourra être réalisable que si j’ai le temps de le faire. Plus j’achèterai un bateau tôt, plus j’aurai le temps de naviguer avec et de participer à des belles courses comme la Transat Jacques Vabre, la Route du Rhum… L’idée, c’est de construire un programme sportif cohérent sur quatre ans avec un bon bateau et de pouvoir arriver en 2020 en ayant légitimé ma place sur le Vendée Globe. »
Concrètement où en sont tes démarches à l’heure actuelle ?
« Il y a des pistes. Disons que pour pouvoir présenter un projet qui tient la route, il faut savoir comment on organise les équipes techniques et administratives notamment. Ce sont des projets importants avec des équipes étoffées. Il faut donc cibler et trouver les bonnes personnes, avoir une idée de l’organigramme général, du bateau et de l’évolution qu’on peut apporter. C’est toute une organisation qui ne se fait pas en un claquement de doigts. Venir ici m’a permis de voir les types de bateaux que je pouvais cibler, leur coût et celui d’une évolution technique comme celle d’ajouter ou pas des foils sur un bateau qui n’en a pas. Je voulais avoir une idée concrète de budget pour pouvoir discuter de manière efficace avec des partenaires. Aujourd’hui, quelques discussions sont engagées. On verra ce que ça donne mais ils sont intéressés car mon profil est un peu à part. Le but, c’est de raconter une histoire sur quatre ans avec une finalité autour du monde. Cette histoire commence à plaire, c’est bon signe ! »
Quel serait ton bateau idéal sur la flotte actuelle ?
« C’est une bonne question. Paradoxalement, je ne choisirai pas trop la facilité. Celui qui me plairait le plus serait celui du type de PRB. C’est un super bateau qui est vraiment à 100% de son potentiel aujourd’hui en version classique et qui peut encore évoluer vers quelque chose de mieux. »
Quel avis as-tu sur les foils ?
« Pour moi, c’est l’évolution normale de notre sport. Aujourd’hui, on en est vraiment aux prémices donc il est normal de s’interroger sur leur pertinence mais dans quatre ans, la question ne se posera plus. Tous ceux qui voudront jouer la performance seront équipés de foils. Il y a encore beaucoup de recherches technologiques à faire mais c’est ce qui est passionnant. Personnellement, c’est quelque chose qui me tente bien. J’ai envie de me lancer dans l’aventure. »
Ton podium du Vendée Globe 2016 ?
« Difficile mais je me lance. Je vois bien Armel Le Cléac’h gagner. Vincent Riou en deuxième et Yann Eliès sur la troisième marche car même s’il a un bateau classique, il a la rage et la capacité de décrocher un podium. »
Que penses-tu de cette édition 2016 ?
« C’est un beau plateau. C’est un mix de projets avec des bateaux aboutis, des budgets plus limités et certains skippers qui partent pour leur premier tour du monde. C’est ce qui fait la magie et la beauté du Vendée Globe. »