La dorsale anticyclonique qui a ralenti la flotte mardi est en train de se résorber et le vent est revenu par l’Ouest : Armel Le Cléac’h en a profité pour reprendre les commandes et glisse vers l’archipel de Madère avec une douzaine de nœuds de brise, suivi à une vingtaine de milles par Jean-Pierre Dick et Paul Meilhat.

La troisième nuit en mer a été plus agréable pour les 28 solitaires qui naviguent désormais au large du Portugal. Car après le ralentissement de mardi midi pour cause de dorsale plus rapide que prévue, l’anticyclone des Açores se stabilise et offre au groupe de tête comme à la queue de la flotte un flux un peu plus régulier de secteur Ouest. Un souffle qui va progressivement s’orienter au Nord-Ouest puis au Nord dans les heures qui viennent en approchant l’archipel de Madère.

Belle nuit, petite houle, mer calme et jolie brise : les conditions de navigation étaient idéales en cette fin de troisième nuit mais il restait encore quelques grains à négocier avant de trouver le flux portant qui doit s’installer en milieu de journée. Les spinnakers vont alors sortir des soutes à voiles et la grande glissade vers l’équateur commencer.

Le grand éventail

Ce changement de rythme devrait aussi influer sur la dispersion de la flotte puisque la tête de course est étalée sur près de 100 milles entre le leader Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) le plus à l’Ouest, et Alex Thomson (Hugo Boss) le plus à l’Est, une position qui lui a fait perdre pas mal de terrain cette nuit. Et derrière, près de 300 milles séparent le leader de Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean) qui devrait atteindre la latitude de Lisbonne en milieu d’après-midi.

De fait avec ce changement de temps qui n’était pas prévu hier encore, tout le monde converge vers l’archipel de Madère mais personne ne semble ce matin savoir de quel côté déborder les îles. Car ces reliefs volcaniques perturbent toujours le vent, en force et en direction et les solitaires savent qu’il faut prendre ses aises avec ces terres. Soit la rotation du vent au secteur Nord arrive avant midi et sous spinnaker, les leaders pourront glisser à l’extérieur, vers le large, soit la brise reste plus longtemps instable et de secteur Ouest et l’option de glisser entre Madère et les Canaries trouve de l’intérêt.

En tous cas, l’archipel s’annonce comme un carrefour avant l’empannage décisif qui déterminera la voie vers l’équateur. Tous les solitaires vont donc converger vers le même point avant de se disperser de nouveau lors de la rotation du vent vers le Nord-Est, lorsque les alizés qui soufflent sous l’anticyclone des Açores seront atteints…

Ils ont dit :

Paul Meilhat (SMA) :

« Il y a encore beaucoup de grains avec un vent assez instable. Mais les conditions ne sont pas désagréables même s’il faut encore manœuvrer : il ne faut pas dormir plus de dix minutes par ci par là… Nous sommes toujours dans une brise de Nord-Ouest d’une quinzaine de nœuds, qui va mollir quand on va traverser la dorsale en fin de matinée. Mais on s’est regroupé : je suis avec Sébastien Josse et on fait route vers Madère. La problématique est de savoir de quel côté on laisse l’archipel parce que ces îles perturbent beaucoup le vent à proximité ! Pour l’instant, on a eu des conditions rapides mais sollicitantes et je n’ai pas encore compris qu’on était parti pour le tour du monde… C’est plutôt comme une Solitaire du Figaro. Et on s’est regroupé avec la brise qui a tourné un moment au Sud-Ouest : il a fallu faire du près et Vincent Riou et Jérémie Beyou ne sont pas loin. On sera du côté de Madère sous spinnaker juste après midi. »

Stéphane Le Diraison (Compagnie du lit-Boulogne Billancourt) :

« Je suis rentré dans le match après ces deux premières journées de transition entre l’ambiance des pontons au départ et la solitude. J’ai commis quelques petites erreurs d’ailleurs dans le golfe de Gascogne… Cette nuit, le vent est rentré de l’Ouest après une petite phase au près : j’ai choisi de rester près des côtes portugaises parce qu’il y a moins de mer et là, on a eu un beau coucher de soleil même s’il y avait encore des nuages. Et les dauphins m’ont accompagné ! Maintenant, je mets un peu d’Ouest dans ma route pour faire le tour de l’anticyclone : le vent va ne faire que basculer vers le Nord-Est et je ne sais pas encore comment je vais négocier l’archipel de Madère pour éviter le dévent des îles… »

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