« On va aller chercher le nouveau vent et je pense qu’il est plus dans l’ouest… » confiait ce midi à la vacation, Armel Le Cléac’h, pas mécontent de sa position sur le plan d’eau. La flotte du 8e Vendée Globe poursuit sa descente vers le Sud au ralenti, une tentacule de l’anticyclone des Açores ayant agrippé les 28 IMOCA depuis plusieurs heures. Si les marins en profitent pour prendre le rythme du large, tous se posent des questions : combien de temps vont-ils rester dans la dorsale ? Par où le vent va-t’il rentrer ? Sont-ils les mieux placés pour filer dès que le vent soufflera ? Pour preuve, Alex Thomson, en tête du classement, avouait qu’il n’était pas sûr de son positionnement actuel… Mystère et boule de gomme !

La régate est passionnante parce qu’elle implique de tenter des coups, si petits soient-ils. Mais à l’échelle d’une régate planétaire, ils peuvent faire perdre beaucoup. Il y a donc une grosse remise en question sur le plan d’eau portugais aujourd’hui, malgré le beau temps et les cirés qui sèchent. Les skippers se grattent la tête. « Je ne suis pas sûr de mon positionnement actuel. Initialement, je croyais que c’était bon et cela faisait partie de la stratégie que nous avions déterminée au départ. Mais là, je ne suis plus si certain que cela portera ses fruits dans les jours à venir. Nous cherchons tous à traverser cette dorsale car après, c’est l’autoroute vers l’équateur. » confiait ce midi le leader de la flotte du 8e Vendée Globe, Alex Thomson à bord d’Hugo Boss. De ces décalages de trajectoires, il en sortira des sourires… et des frustrations.

112 milles en latéral qui peuvent faire mal…

Du plus, à l’Ouest, Paul Meilhat (SMA) au plus à l’Est, Alex Thomson, 112 milles d’écart en latéral. Autant que si le nouveau vent déboule de l’occident, le Britannique pourrait perdre son trône, si fragile soit-il. Déjà, Armel Le Cléac’h a repris la place de dauphin à Jean-Pierre Dick au classement de 16h. Cela voudrait dire que six lascars pourraient se refaire la cerise à la sortie de la dorsale : Le Cléac’h, Riou, Josse, Beyou, Eliès et Meilhat (le plus rapide de la flotte depuis 24 heures avec 293 milles parcourus). Sans compter Thomas Ruyant qui depuis le début de la course a bien géré ce souffle du nord capricieux. Mais nul n’est prophète en son pays, et visiblement la réalité n’est pas toujours celle des fichiers météo.

Rapprochements derrière les leaders

Cette zone de vents erratiques a eu un effet tampon bienfaiteur pour le moral des troupes à l’arrière. Sans croire qu’ils allaient recoller aux avant-postes, certains skippers ont mis le turbo afin de limiter les écarts. « J’arrive à glisser convenablement » expliquait Arnaud Boissières cet après-midi avec l’impression d’être sorti de la dorsale. Même chose pour Fabrice Amédéo ou Eric Bellion, heureux de pouvoir naviguer aux réglages fins et non pas à l’emporte-pièce, comme ce fut le cas les premières 24h de course.

Didac Costa, toujours aux Sables d’Olonne

L’Espagnol, de retour au Sables d’Olonne depuis dimanche soir pour cause d’avarie de ballasts et donc de dégâts électriques, pensait pouvoir repartir demain, mais la météo en décidera autrement. Une dépression sur le golfe de Gascogne générant un fort vent de sud-ouest (40 à 45 nœuds) devrait l’empêcher de prendre la mer. Raisonnablement, Didac va devoir attendre jeudi pour retourner en course.

Ils ont dit en mer :

Alex Thomson (Hugo Boss)

« Je ne suis pas sûr de mon positionnement actuel. Initialement, je croyais que c’était bon et que cela faisait partie de la stratégie que nous avions déterminée au départ. Mais là je ne suis plus si certain que cela portera ses fruits dans les jours à venir. Nous cherchons tous à traverser cette dorsale car après, c’est l’autoroute vers l’équateur. Je fais tout mon possible pour me reposer et retrouver la forme. Il faut entre 5 et 7 jours pour établir une bonne routine. »

Sébastien Josse (Edmond de Rothschild)

« En ce moment, c’est quand même plus cool pour prendre ses marques et faire des réglages plus fins. J’ai pu me restaurer et commencer à faire des siestes. Vu les conditions ce mardi midi, c’est plus propice à PRB qu’à nous. Dans 8 nœuds de vent au près, Vincent (Riou) a le bateau le plus abouti pour les conditions du moment. Nous (les foilers, ndlr), c’est plutôt aux allures de travers qu’on va le plus vite, il faudra regarder ça sur l’ensemble du tour du monde. En ce moment j’ai dix nœuds, avec une petite houle d’un mètre, soleil et grand ciel bleu avec petits nuages. La dorsale ? J’espère qu’elle va prendre le moins de temps possible, qu’on puisse se retrouver en bâbord amures dans les alizés. »

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII)

« Les conditions se sont améliorées après 24 heures assez toniques. On espérait pouvoir passer éventuellement sous l’anticyclone, mais ce n’est pas le cas, l’anticyclone est allé plus vite que nous. Mais quoiqu’il arrive, mieux vaut être devant que derrière. L’anticyclone nous barre la route et pour moi le passage le long du Portugal est moins intéressant qu’initialement. Là, on va aller chercher le nouveau vent et je pense qu’il est plus dans l’ouest… On parle de stratégie assez longtemps à l’avance, notamment comment négocier le passage de Madère et des Canaries, avec un positionnement qui va se choisir dans les heures prochaines heures. »

Rich Wilson (Great American IV)

« J’ai des conditions assez stables et le bateau avance bien. Pendant le premier après-midi et la première nuit, on a eu beaucoup de vent avec des grains dans le golfe de Gascogne, mais là c’est plus calme. J’ai eu un souci technique. J’ai découvert qu’un chariot de latte s’était détaché. J’ai du le remplacer et ça m’a pris du temps. Concernant, les élections américaines, je soutiens clairement Hillary Clinton. Elle est très intelligente et elle a de l’expérience. Je participais à la campagne de Dukakis en 1988. C’était il y a longtemps ! Mais je suis l’actualité politique depuis. On devrait tous s’y intéresser. »

Arnaud Boissières (La Mie Câline)

« Là on est au portant et on va faire un bord de travers serré. J’ai l’impression d’être sorti de la molle. Le vent est monté un petit peu. J’arrive à glisser convenablement. Je pensais avoir plus d’air de mon côté, c’est pour cela que je me suis décalé vers l’est. On verra ça demain. Je trouve que ça se passe plutôt pas mal. Après 24h toniques, je suis bien, le bateau est bien. J’ai même vu des dauphins. »

Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac)

« Ça va, on reprend des couleurs après une première journée difficile. Il y a du petit temps donc c’est sympa, cela permet de prendre ses marques.
C’était compliqué la descente du golfe parce qu’il y avait beaucoup de bascules, avec des vents forcissants et mollissants. En ce moment, le vent est moins fort et cela va durer environ une journée. On va pouvoir faire une aile de mouette dans l’anticyclone. La bagarre est intéressante avec Alex (Thomson) et Armel (le Cléac’h). On s’est retrouvés tous les trois au cap Finisterre, depuis on n’a rien lâché. »

CLASSEMENT DE 15H00

  1. HUGO BOSS (ALEX THOMSON)
    23 774mn distance à l’arrivée
    BANQUE POPULIARE VIII (ARMEL LE CLEAC’H)
    7,11mn distance du premier
    STMICHEL-VIRBAC (JEAN-PIERRE DICK)
    7,21mn distance du premier

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