Pour la première journée de régates de ces 18ème Voiles de Saint-Tropez, les trois plans d’eau dédiés, qui aux Modernes à la Nioulargue, qui aux Wally à Pampelonne, qui aux 15 m JI dans le golfe, ont connu cette rare et pourtant si tropézienne combinaison de vent établi, de houle ordonnée et de grand soleil. Les marins sont ainsi entrés de plain pied dans leur semaine de régates et les ténors des classes Modernes et des Wally, dans l’attente des débuts demain des groupes Classiques, ont d’emblée affiché leurs ambitions, à l’image d’un impressionnant Rambler. Quatre gréements auriques sont venus cette année à nouveau mêler sous le Portalet leurs silhouettes si singulières aux gréements carbone des grands maxis, régatant dans le cadre de leur championnat propre, et donnant le ton à cette si formidable communion des styles et des genres qui est l’apanage des Voiles de Saint-Tropez.

15 m JI ; et si The Lady Anne?

Les 15 mJI brûlent d’en découdre à Saint-Tropez! Les Voiles constituent en effet le dernier acte de leur championnat annuel et les quatre plans Fife tiennent à courir le plus grand nombre de manches cette semaine. Contrairement à l’usage où seuls les Modernes naviguent le lundi aux Voiles, Mariska (1908), Tuiga (1909), The Lady Anne (1912) et Hispania (1909) ont dès aujourd’hui investi le fond du golfe, où un parcours construit long d’1,2 mille leur était proposé, face au léger vent d’est établi entre Sainte Maxime et Saint-Tropez. Assorties d’un petit clapot, les deux manches dûment validées ont vu les quatre protagonistes jouer chacun leurs partitions, sans arrière pensée de marquage ni de calcul. Les Britanniques de The Lady Anne se sont montrés très inspirés, en s’imposant de magistrale manière lors des deux courses du jour. Mariska, l’actuel leader du championnat annuel des 15 m JI a dû batailler ferme pour garder une place d’avantage sur son principal rival, le navire amiral du Yacht Club de Monaco Tuiga. Mission accomplie au terme de cette première journée, puisqu’avec ses deux places de deuxième, Mariska conforte son avantage sur le voilier monégasque. Les hommes de Christian Niels doivent désormais garder un oeil sur les Anglais de The Lady Anne à Richard Le May, en course pour une « remontada » des plus spectaculaire…

Wally, les Cento sauvent leur rating…

Les 16 grands Wally ont débuté cette 18ème édition des Voiles par un parcours côtier au large de Pampelonne extrêmement technique, de 24 milles nautiques, construit en fonction du vent d’est nord est établi pour une douzaine de noeuds. Allant fraîchissant au moment du départ à la mi-journée, 14 nœuds et plus, le vent n’a ensuite eu de cesse de mollir, bouleversant les classements quand les unités les plus puissantes, à l’image du géant Better Place se voyaient au fil des milles privés de carburant vélique. Les Cento Galateia et Magic Carpet Cubed sont cependant parvenus à sauver leur rating, conservant du vent un peu plus longtemps que les unités de 80 pieds, quelque peu pénalisés lorsque le vent va ainsi faiblissant au fil du parcours.

Modernes : Un rapide côtier en hors d’œuvre

180 voiliers Modernes répartis au sein de 5 groupe IRC ont pu d’excellente manière goûter aux spécificités des plans d’eau Tropéziens à l’occasion des parcours côtiers du jour. Les grands IRC A et B ont régaté du côté de la Nioulargue sur un grand triangle de 19 milles, tandis que les plus « petits » voiliers IRC C, D et E bataillaient sur un parcours de 14 milles. C’est à la Tour du Portalet qu’était pour tous jugée l’arrivée. Le vent d’est a permis une navigation tonique et de beaux engagements à chaque marque de passage. Se riant de la houle d’est, les grands maxis, dans le sillage de l’irrésistible Rambler, ont eu tôt fait de rallier l’arrivée, comptant sur l’affaissement du vent sur l’arrière de la course pour atténuer au classement général provisoire leur handicap de jauge.

Puritan aux Voiles ; la passion affirmée

Les Voiles de Saint-Tropez accueillent cette année encore nombre de joyaux de l’architecture navale. La grande goélette Puritan se distingue de manière assez inattendue. Construite, et le fait est suffisamment rare pour être souligné, au coeur de la Grande Dépression aux Etats Unis, entre 1929 et 1931 par Electric Boat Cy dans le Connecticut, sur plan John G Alden, sa coque et son charpente sont en acier. Longue de plus de 31 mètres et large de près de 7 mètres Puritan offre ainsi une stabilité à la mer des plus remarquables. Parfaitement restaurée par son actuel propriétaire, elle navigue à Saint-Tropez avec tous les éclats de sa splendeur d’antan. Son charme et son élégance en font, aux dires des spécialistes, le chef-d’oeuvre de John Alden. Parmi ses singularités, la goélette aurique dispose d’une quille rétractable. Un ingénieux, et pourtant simple système de treuil permet en effet d’abaisser le tirant d’eau de 3 à 5 mètres, offrant au navire la possibilité de glisser aux allures portantes, et de remonter au vent quille basse avec efficacité et minimum de gîte.

Surveillance

L’organisation des Voiles de Saint-Tropez met chaque année sur l’eau un dispositif de surveillance exceptionnel, pour garantir le bon fonctionnement des régates et la surveillance du plan d’eau. Des zones d’évolution pour les voiliers en course sont ainsi identifiées et délimitées par des bouées, et pas moins de 14 semi-rigides « patrouillent » les trois ronds d’évolution dédiés aux voiliers Modernes (Nioulargue), Classiques (dans le golfe) et Pampelonne (Wally). A noter que l’un de ces « patrouilleurs » n’est autre qu’un représentant du CROSS Méditerranée, habilité mieux que quiconque à déclencher des secours, le cas échéant.

Coupe d’Automne du Yacht Club de France ; les vainqueurs en temps compensé :

Groupe Aurique :

1- Eva (Fife 1906)

2- Viola (Fife 1908)

3 Nin (Quernel 1913)

Groupe esprit de tradition

1- Pitch – Tofinou 9,50

2- Team42 – Tofinou 9,50

3-Minx – Tofinou 9,50

Groupe Classique

1- Maria Giovanna (Olin Stephens 1969)

2- Il Moro di venezia (Frers 1976)

3 Ikra (Boyd 1964)

Groupe Marconi +16,5 m

1- Rowdy (Herreshoff 1916)

2- Blitzen

3- Sevenseas of Porto (Crane 1935)

Le saviez vous?

Yacht, (mot d’origine néerlandaise, de « jacht », qui signifie « chasseur »), prononcé « yac », « yat » ou à l’anglaise « yôt », est le terme aujourd’hui utilisé pour désigner un grand navire de plaisance à voile ou à moteur ; Yacht/Jacht était aussi employé en français dès le XVIe siècle avec le sens de « navire rapide », par métonymie sur l’autre signification du mot Jacht « chasse, poursuite, vitesse ». Mais, ce n’est qu’en 1702 que le terme « yacht » (Yac, Yaht) est défini pour la première fois en France dans le dictionnaire de Marine d’Aubin : « C’est un bâtiment ponté et mâté en fourche, qui porte ordinairement un grand mât, un mât d’avant, un bout de beaupré, avec une corne et une voile d’étai. Il tire fort peu d’eau et est excellent pour de petites bordées. On a coutume de s’en servir à des promenades ou à de petites traversées ».

Yacht extra ordinaire :

Spartan, un survivant aux Voiles de Saint-Tropez.

Un vénérable yacht de 106 ans fait ses débuts aux Voiles. Portant la signature du sorcier de Bristol, le génial yacht-designer Nathanael Greene Herreshoff et construit à la HMCo (Herreshoff Manufacturing Company) sise à Bristol, Rhode Island, Spartan est un quillard de 55 pieds gréé en sloop aurique. Il s’agit de ce que l’on nomme communément un New York Fifty, un yacht monotype du New York Yacht Club de 1913, appartenant à la classe des 55 pieds. Il n’y a eu que neuf (9) fifty-foot de construits à l’hiver 1912-14, ce qui ajoute à la rareté de Spartan, tous conçus par Herreshoff. Spartan se singularise aussi par l’absence de bout dehors.

Restauré à partir de 1981 et pendant 8 longues années par Ed McClare, Ben Philbrick et Andy Giblin, à la demande de son armateur d’alors, Allan Pease, près de Mystic Seaport. Puis faute de moyen, les travaux cessent et le bateau est exposé au Herreshoff Marine Museum à Mystic. Ils reprennent par la suite et le bateau est acquis par deux passionnés choisis par Allan Pease. Au final, ce sauvetage aura pris 18 ans ! Le bateau a retrouvé son élément en 2013… (Remerciements à Jacques Taglang)

Ils ont dit :

Lionel Péan – « S »

« Une très belle journée de régate, sous le soleil. La petite houle d’est ne nous a pas trop gêné. L’équipage a vraiment performé, notamment dans la phase départ, que nous franchissons dans le sillage des Maxis Rambler et Leopard. On s’est ensuite trouvé à la lutte avec ces bateaux. Le parcours nous a offert toutes les conditions et toutes les allures de navigation ; de quoi satisfaire l’équipage et ravir nos invités. Nous terminons 3ème en temps réel. »

Sébastien Audigane, Mariska

« Au final une bonne journée pour Mariska. The Lady Anne a remarquablement navigué, prenant de bons départs. On a su rester dans le match, mais il nous faut désormais surveiller les anglais au classement général… »

Les prévisions Météo pour mardi 27 septembre : Temps ensoleillé et chaud sur le golfe ; le vent d’est-sud est est prévu pour s’établir de 8 à 19 noeuds en milieu de journée…

Source

Articles connexes