Des coups et des bosses
La flotte de la Normandy Channel race vient de vivre 24 heures très éprouvantes. La remontée au près, face au fort vent de secteur nord, installé très exactement dans l’axe de progression des Class40 vers le phare de Tuskar, a été rendue rien mois qu’infernale à cause d’une mer particulièrement creuse et désordonnée.
Ainsi que l’explique Miranda Merron (Campagne de France), « Il y a très peu d’eau entre Land’s End et les Scilly ; dès qu’il vente, l’état de la mer devient horrible. Nous avons passé la journée à taper dans des vagues casse-bateau. » A l’approche de Tuskar, Maxime Sorel (V and B) décrit précisément les conditions de navigation auxquelles la flotte est soumise : « La mer est chaotique, ça tape beaucoup et le pire est à venir : courants et mer forte seront au programme. Nous avons entre 25 et 30 noeuds de vent, et nous sommes sous deux ris et trinquette. » Et Bertrand Delesne, à bord de Teamwork de préciser : « nous sommes dans la remontée fantastique, au près vers Tuskar ! pas facile ! le vent du canal est fort et nous avons 33 noeuds! Sinon tout va bien nous sommes en combinaison sèche attendant des jours meilleurs. »
Six abandons en 24 heures
L’accumulation des chocs dans la mer a très naturellement provoqué nombre de dégâts plus ou moins importants à bord des bateaux. Si Campagne de France reconnait avoir même dû faire marche arrière pour réparer quelques soucis techniques, d’autres voiliers, moins récents peut-être, ont été contraints de jeter l’éponge. La Normandy Channel race a ainsi perdu six concurrents, obligés la mort dans l’âme de rebrousser chemin. Aux abandons de Catherine Pourre (Earendil), Brieuc Maisonneuve (Delicecook) et Axar (Patrick Losq) ont succédé les abandons sur avarie de Solo 2 (Rune Aasberg), Teranga (Emmanuel Hamez) et tôt ce matin, Robin Marais (Grizzly Barber shop).
Infernal trio
Poursuivant sans état d’âme sa chevauchée fantastique à l’avant des 21 Class40 toujours en lice, le trio infernal de la Normandy Channel race a dévoré cette nuit les 140 milles qui séparent le phare de Tuskar du célèbre rocher du Fastnet. Emerys (Phil Sharp – Sam Manuard), Solidaires En Peloton – ARSEP (Thibaut Vauchel-Camus – Fred Duthil) et les Espagnols de Tales II (Pablo Santurde – Fidel Turienzo) se sont offerts un duel de vitesse pure sous les côtes irlandaises, travers au vent de nord. Le duo Britannico-Français Sharp – Manuard a ainsi fait fructifier son avance, passant d’un bonus de 3 milles à Tuskar à plus de 6 ce matin au Fastnet. Son nouveau dauphin est l’ultra rapide Talés II. Le bateau espagnol vainqueur de la Transat Québec Saint Malo a de nouveau impressionné par son incroyable potentiel de vitesse. Il a littéralement déposé le duo Vauchel-Duthil, reprenant les 3 milles qui les séparaient à Tuskar pour parer ce matin le Fastnet avec 1,5 milles d’avance. La descente au portant vers la pointe de l’Angleterre s’annonce tout aussi musclée, mais aux allures portantes cette fois. Les trois animateurs de la tête de la course n’en ont pas terminé avec la vitesse pure. Derrière, les écarts s’allongent inexorablement sous les accélérations des leaders. V and B est désormais à 25 milles, et Sensation Class40 (Lepesqueux-Pellecuer), auteur d’une remarquable course, est à 54 milles…
Ils ont dit
Patrick Losq -Axar
« Tout va bien à bord. Equipage épuisé après une nuit blanche à chercher le vent à Plymouth Décision de rentrer tranquillement à Caen, l’équipage ne se sentant plus prêt à continuer Décision de marin raisonnable. »
Maxime Sorel – V AND B –
« La mer est chaotique, ça tape beaucoup et le pire est à venir : courants et mer forte seront au programme. Nous avons entre 25 et 30 noeuds de vent, nous sommes sous deux ris et trinquette à moins de 40 nm de la marque de Tuskar Rock. Nous avons hâte de la passer. La redescente vers le Fastnet se fera vent de travers, on aura plus d’appuis et ce sera plus confortable. A bord tout se passe bien. Plutôt satisfaits avec Hugo Dhallenne de notre course jusque là. »
Rune Aasberg – Solo 2
« Bas étai arraché – trou sur le pont – impossible d’envoyer une trinquette, qui est la voile du temps en ce moment. Cap au sud et retour vers Caen. »
Bertrand Delesne -Teamwork
« Nous sommes dans la remontée fantastique au près vers Tuskar. Pas facile ! le vent du canal est fort nous avons 33 nœuds. Notre trinquette a explosé, elle n’etait pas neuve mais cela nous handicape fortement, on sera même peut etre oblige de passer Tuskar sous tourmentin si la météo annoncée la haut est conforme, du coup prudence ! Sinon tout va bien nous sommes en combi sèche attendant des jours meilleurs. »
Robin Marais – Grizzly Barber shop
« Suite à un problème important sur notre palier de safran supérieur tribord, nous préférons assurer notre sécurité et celle du bateau et nous retirons de la NCR 2016. Nous étudions actuellement la meilleure solution afin de sécuriser le bateau et rentrer au plus vite sur la Rochelle.
Miranda Merron – Campagne de France
« En mode survie toute la journée. La mer, entre Land’s End et les Scillies est peu profonde, et l’état de la mer y est donc horrible dès qu’il y a du vent. On a passé la journée à taper dans des vagues casse-bateau, et on a en effet cassé du matériel. On a même passé du temps en marche arrière pour pouvoir réparer. Le vent n’est pas un souci. Nous avons eu 32 noeuds, mais c’est défroncer les vagues la tête la première qui est pénible. Nous naviguons actuellement très prudemment. »