Atypique, c’est le mot qui définit parfaitement les plans d’après jeux des deux médaillées de bronze. Outre leurs activités de sportives de haut-niveau, chacune va s’évader à sa manière. Camille s’apprête à apprendre une langue étrangère, tandis qu’Hélène retrouve son métier dans l’univers de la nutrition.

Quinze jours après leur médaille, de retour à Brest pour Camille et à Marseille pour Hélène, les deux athlètes ont pris le temps de faire un premier bilan de leurs Jeux Olympiques à Rio.

Rétrospective

En 2013, le duo de choc se forme et met tout en œuvre pendant trois ans pour préparer et remporter un titre Olympique. La persévérance et les sacrifices payent. Sans brûler les étapes et sur les conseils avisés de leur entraineur Gildas Philippe, Camille et Hélène gagnent en puissance jusqu’à remporter les plus grands titres en voile 470 : en 2015, elles obtiennent la médaille de Bronze au Championnat du Monde, en 2016 elles accrochent l’Or à leur cou puis arrachent la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Rio en août 2016.

Interview

Que représentent trois années de préparation olympique ?

Hélène, Gildas et Camille – Camille :

« Humainement ça a été 3 supers années, j’ai adoré naviguer avec Hélène et travailler avec Gildas. Hélène et moi nous avions toutes les deux le même objectif que nous n’avons jamais perdu de vue : décrocher une médaille. Forcément il y a eu quelques points de désaccord car nous n’avons pas le même tempérament mais Gildas équilibrait tout ça, il voyait le projet et sa gestion dans la durée, il a su nous manager pour que nous évitions de griller les étapes. Avec Hélène nous avons su créer de vraies affinités, une vraie amitié pendant ces 3 années. On a passé en moyenne 230 jours ensemble par an c’est-à-dire les ¾ de notre temps. Forcément nous avons développé un respect mutuel et beaucoup de tol érance. La sélection faite en amont nous a aussi ôté un poids, contrairement à celle des J.O de 2012, ça nous a enlevé une pression. Nous n’avons pas eu à nous focaliser sur la concurrence mais uniquement sur nos progrès. L’entrainement avec Jérémie et Sofian nous a aussi beaucoup apporté. Ils constituent un des meilleurs équipages masculins, ça nous a portées vers le haut.»

Camille et Hélène – Hélène :

« Avec Camille nous voulions nous consacrer à 100 % à la préparation des jeux, nous avions la même priorité. Nous avons développé une relation particulière : au début nous n’étions pas « copines » nous étions associées. Nous avions besoin l’une de l’autre. C’est une relation très forte : nous avons eu des moments difficiles, des moments intenses. Je trouve la séparation étrange, ça fait drôle de ne plus avoir à se « préoccuper » de l’autre. Notre entraineur a fait partie intégrante de notre performance. Nous ne serions pas allées bien loin sans lui. Il avait un regard extérieur, il nous a donné les plans d’entrainement, s’est occupé de la logistique… c’est un v éritable chef d’orchestre. Il y a beaucoup d’autres personnes qui ont contribué à notre réussite : Emilie Pelosse la psychologue de la performance, Laurence Quintard la psychologue du pôle voile de Marseille, Philippe Arnau le préparateur physique qui a aussi été un soutien pour moi tout au long de la P.O et bien sûr les Pôles de Brest et Marseille ainsi que nos familles et les amis… »

Comment avez-vous vécu ces Jeux, à Rio ?

Camille, Hélène et Gildas – Camille :

« Entre les contrôles de sécurité et les déplacements il ne reste pas beaucoup de temps entre les épreuves… Pendant les Jeux tu ne penses qu’à toi et à la préparation du bateau. Il s’agit de 4 années de préparation. Quand on voit l’ampleur de l’événement on fait attention, on mesure tout ce qu’on fait et on s’économise : dès qu’on peut, on essaye de récupérer. Mais nous avons tout de même bien fêté notre médaille ! Nous étions plus détendues lors de la cérémonie de clôture, c’était moins impressionnant que l’ouverture… Il y avait un côté « soirée souvenirs » tous les athlètes étaient mélangés, tout le monde prenait des photos.& nbsp;»

Hélène :

« Jusqu’à la fin des jeux, je me suis préservée, je suis restée concentrée. Nous avons juste fait une ou deux apparitions au club France. A la fin des Jeux par contre nous avons pu en profiter, il n’y avait plus la contrainte de rester dans sa bulle. »

Et après ?

 Camille :

« Je vais prendre quelques mois de vacances. Je me lance un nouveau défi, apprendre la langue maternelle de mon mari : l’hébreu. J’aimerais repartir aux Jeux mais il faut que je réfléchisse au support, à l’équipier ou l’équipière. Si je repars c’est pour viser plus haut, je vais être plus exigeante dans la manière de gérer le projet sportif. Deux classes m’intéressent vraiment si le 470 n’est pas reconduit : le 49er FX (double féminin) et le Nacra 17 (double mixte), mais pour cela il faut que je contacte des gens, que je fasse des essais, que je connaisse les choix de supports de la World Sailing. Cela demande plusieurs mois de préparation… »

Hélène :

« A mon retour en France j’avais un réel besoin de me ressourcer et de me recentrer sur moi-même. En ce qui concerne la suite, j’ai besoin de couper un peu avec tout ça, de mettre des choses en place au niveau professionnel dans mon domaine qu’est la nutrition. J’ai une proposition pour travailler dans un cabinet à Perpignan, je vais me consacrer exclusivement à cela pendant quelques mois. Mais pour l’instant, il faut que nous bouclions le projet avec Camille, que nous rapatrions tout le matériel et que nous répondions aux sollicitations liées à la médaille. Même si j’ai décidé de faire autre chose, je ne ferme pas complètement la porte à la voile Olympique. Je verrai bien comment je me sens dans quelques mois. Je n’ai pas les mêmes envies que Camille, je suis dans un autre état d’esprit mais je ne veux pas annoncer ma retraire officielle car l’envie me reprendra peut-être plus tard.»

Hélène, après une période de préparation sportive aussi intense, comment vas-tu gérer ton alimentation ?

Je vais continuer à avoir une alimentation saine : prendre un bon petit déjeuner qui met en éveil et aide à rester concentrée et prendre des repas équilibrés le midi et le soir. C’est sûr que je n’aurai plus la contrainte de me maintenir à un certain poids. Ma morphologie fait que je ne suis pas lourde, je devais faire attention à ne pas trop perdre de poids avant et pendant les compétitions. Je ne vais plus me prendre la tête avec ça. Je vais m’enlever la contrainte de la prise de masse mais je vais garder mes bonnes habitudes et un bon équilibre. Ce qu’on mange et notre vitalité sont indissociables… J’ai très vite compris ce lien.

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