Quel été pour les marins du Vendée Globe ?
A moins de quatre mois du top départ, comment les skippers du prochain Vendée Globe occupent-ils leur été ? Comment gèrent-ils le compromis entre vacances et préparation ? Si certains prennent le temps de lâcher prise plusieurs semaines, d’autres n’ont que le choix de travailler à plein temps face à un timing qui s’accélère sérieusement. Nous avons interrogé une vingtaine d’entre eux. Pour tous, l’été s’annonce pour le moins studieux !
Les 30 skippers inscrits au huitième Vendée Globe vivent leur dernier été avant le grand départ des Sables d’Olonne qui sera donné le 6 novembre prochain, dans moins de quatre mois, donc. Bien évidemment, dans la perspective d’une telle échéance, aucun ne s’accorde deux mois de vacances. Un projet aussi accaparant que le Vendée Globe nécessite de s’octroyer des moments de pause, de prendre du recul pour revenir aux affaires plus frais et performant. Certains peuvent s’offrir ce « luxe », d’autres non…
Globalement, les marins pouvant s’appuyer sur une importante équipe technique ont prévu de partir plusieurs semaines, non sans avoir au préalable déterminé toutes les lignes de la job list du chantier d’été. Et en sachant que le retour sera tonique entre remise à l’eau, reprise des entraînements et ultimes préparatifs. Certains restent joignables durant leurs vacances à l’instar de Jérémie Beyou. « L’équipe technique sait que je suis connecté et peut me contacter s’il y a une problématique à régler sur le chantier. Le 4 juillet, c’était la fin de l’école des enfants et le début des vacances. Nous avons passé dix jours en Espagne : repos, soleil, juste un peu de stand up paddle histoire de faire de l’exercice. Puis, une semaine entre les Pyrénées et le Pays Basque avec reprise du vélo, surf et kitesurf. Toujours avec un maximum de temps de repos pour recharger les batteries. J’essaie de prendre du recul, de penser à autre chose. »
Yann Eliès n’a en revanche pas l’intention d’allumer son portable durant sa croisière familiale en Bretagne Sud. « Pas question de passer mes vacances au téléphone ! », prévient-il. « Ce petit break d’une quinzaine de jours est nécessaire. Il faut savoir lâcher prise par rapport à la préparation du Vendée Globe. J’ai une confiance totale dans mon équipe, les grands choix stratégiques et techniques sont faits depuis longtemps, les dés sont jetés sur les décisions importantes. »
Téléphone coupé également pour Armel Le Cléac’h qui passe des vacances en famille en Bretagne et en Corse. Tout est prêt chez Banque Populaire et son équipe technique est au top. Pas besoin du skipper pendant ses vacances.
Jean-Pierre Dick, lui aussi, passera l’été sur l’eau. Après quelques jours de croisière, il naviguera sur le catamaran à foils Easy to Fly imaginé par ses soins. Il fera des points réguliers avec son équipe technique sur le chantier de StMichel-Virbac.
Pouvant eux aussi s’appuyer sur des teams très professionnels, deux marins vont assouvir leur passion du kitesurf, et pas n’importe où : Morgan Lagravière en Corse puis en Polynésie et Alex Thomson aux Etats-Unis, dans l’Oregon, sur un spot mondialement connu.
Quelques jours off…
D’autres skippers interrogés dans le cadre de cette enquête se contenteront de quelques jours de vacances. C’est notamment le cas de Tanguy de Lamotte qui va préparer… son mariage !
Après un mois de juillet studieux ponctué d’entraînements en solitaire et de rencontres avec des mécènes ou supporters de son projet à Lorient, Thomas Ruyant partira en famille en Norvège.
« Semi vacances » pour Fabrice Amedeo qui va passer l’été à La Trinité-sur-Mer et partager son temps entre sa famille, qui a quitté Levallois-Perret pour s’y installer en juillet-août, et son bateau. Fabrice ne manquera pas de peaufiner sa préparation physique dans ce cadre idéal.
Mélange de préparation et de (courtes) vacances également pour Eric Bellion, Arnaud Boissières ou encore Louis Burton. Kojiro Shiraishi, lui, est actuellement au Japon pour passer du temps en famille et essayer de trouver les derniers financements qui lui permettront de boucler son budget pour participer au Vendée Globe.
Pieter Heerema prendra quelques jours off avant de passer trois semaines à s’entraîner au large en solitaire, vers une destination choisie au dernier moment en fonction de la météo.
En attendant la livraison d’un nouveau mât pour son IMOCA, Bertrand de Broc navigue avec son autre bateau, un catamaran TS52. « Cela me permet de rester au contact de la mer et de garder mes réflexes de navigateur », souligne-t-il.
« Les vacances ce sera le Vendée Globe ! »
Des marins n’ont pas prévu de prendre de vacances et vont passer un été tourné uniquement autour de la préparation du Vendée Globe. C’est notamment le cas de Romain Attanasio. « Nous avons démarré le projet en début d’année donc il ne faut pas chômer. Préparation du bateau, entraînements, navigations avec des partenaires et conférences vont rythmer l’été », explique-t-il.
Entouré lui aussi d’une toute petite équipe, Alan Roura ne peut pas se permettre de s’absenter compte tenu du travail restant à accomplir sur l’ex Superbigou. Le programme est donc simple : chantier, chantier, chantier… Puis il effectuera un maximum de navigations en fonction de la date de remise à l’eau du bateau, estimée entre mi et fin août.
Pas de vacances à l’horizon non plus pour Didac Costa, également pompier professionnel à Barcelone. « En juillet et août je travaille encore à la caserne et le reste du temps je suis au chantier avec l’équipe », raconte le skipper espagnol.
Cas particulier pour Stéphane Le Diraison qui vient de partir de Saint-Pierre-et-Miquelon pour une transat en solitaire vers Saint Malo qui devrait lui permettre de boucler son parcours de qualification pour le Vendée Globe.
Quant à Kito de Pavant, il a un programme de relations publiques très chargé et il sera aussi présent avec son IMOCA 60′ Bastide Otio sur les étapes sudistes du Tour de France à la Voile. Il poursuit en parallèle la préparation de son bateau : entraînements en solo les deux premières semaines d’août et dernier petit chantier de quinze jours à la fin du mois. « Il y a des années que je n’ai pas pris de vacances », dit-il. « Pour moi les vacances, ce sera le Vendée Globe ! »