Le skipper de Sodebo Ultim’ s’était élancé de New York le 6 juin dernier à 23h11 (heure française) avec l’objectif premier de tenter de reprendre le record de la Traversée de l’Atlantique en solitaire qui est détenu depuis juin 2013 par Francis Joyon avec un temps de 5 jours 2 heures et 56 min

Rapidement, les conditions météo se sont dégradées avec entre autre un passage délicat dans la zone des glaces. Thomas Coville et son routeur Jean-Luc Nélias, ont immédiatement adapté leur stratégie pour profiter d’une excellente fenêtre et réaliser un record de distance en solitaire sur 24H. Pari gagné !

Retour sur 24 heures express avec Thomas COVILLE à bord du trimaran SODEBO ULTIM’…

« 714 milles, une grande émotion »

«Quand Jean-Luc Nélias m’a annoncé « ça fait 714 ! » j’ai eu une bouffée d’émotion. J’en ai presque eu les larmes aux yeux. Etre tout seul à bord, tu ne le partages pas de la même manière avec l’équipe, mais c’était un super moment ! Mercredi c’était l’anniversaire de Jean-Luc, je n’avais pas grand chose à lui offrir, alors je lui ai donné 24H de ma vie, et on a eu un record, c’est un beau cadeau ! Pour lui, pour toute l’équipe et pour Sodebo, ça fait un bien fou. Nous sommes plusieurs marins à pouvoir le faire mais il faut trouver la bonne fenêtre, ce n’est pas si évident et il y a quelques endroits sur la planète où c’est possible. D’autres pourront faire une meilleure performance, mais le fait de l’avoir eu, c’est une super sensation !»

«Franchir la barre des 700 milles, c’est quelque chose d’unique ! »

« J’ai bien pensé à Romain Dumas, le pilote avec qui j’avais fait des tours sur le circuit du Mans. Faire un record des 24H ça doit être un peu comme quand tu gagnes Le Mans, que tu fais le meilleur chrono. A l’échelle de chacun, on a tous des records. Quand c’est emblématique dans un milieu, c’est génial d’affirmer cette sorte d’unicité. Et franchir la barre des 700 milles, c’est quelque chose d’unique ! C’est comme quand Renaud Lavillenie fait tomber le record de Boubka ou en athlétisme quand tu as la meilleure performance mondiale. Il y a 20 ans, quand je naviguais avec Laurent Bourgnon, on chassait les 500 milles, les progrès réalisés sont colossaux ! »

Le choix des 24H

« On regardait le record de l’Atlantique Nord. A cette époque de l’année, il est très dur à battre. Il aurait fallu être un peu plus patient mais nous avions des impératifs en Bretagne mi-juin.
La route nous emmenait proche de la zone des glaces, et il y en a pas mal qui se baladent. J’en ai vu au radar à 2 milles de Sodebo Ultim’ à la sortie du St Laurent. Il fallait faire environ 500 milles en distance supplémentaire pour éviter les glaces et ne pas aller là où les IMOCA se sont abîmés il y a 10 jours sur la New York-Vendée. Nous avons quand même été opportunistes car il y avait une chance. Au début du record, j’ai rencontré une transition avec une molle en sortie de New York. On a compris que l’Atlantique Nord serait un objectif compliqué à atteindre. Jean-Luc a été fin stratège, et on s’est tout de suite re-concentrés pour jouer les 24H. »

Conditions compliquées

« C’était osé de partir devant la tempête tropicale Colin. S’ajoutait à cela le trafic de pêcheurs important en sortie de New York, les cétacés et la glace. L’équation était bien complexe. J’étais tout le temps sur le qui-vive ! Les deux premières nuits, je n’ai quasiment pas dormi. Heureusement j’ai réussi à bien m’alimenter. A partir de mercredi, j’ai réussi à m’habituer au rythme et à faire de bonnes siestes.

Ça allait très vite avec des conditions de vent (25-33 nœuds de moyenne) et de mer soutenues! Dans la descente dans les vagues le compteur affichait 38-40 nœuds ! Ca ne s’arrêtait pas. Je faisais régulièrement des pointes à 42-43 nœuds. Pendant plus de 2 jours, je n’ai pas vu le soleil. Le temps est très nuageux et humide. Ça donne une sensation de vitesse encore plus impressionnante. Je suis super content du comportement de mon bateau : Sodebo Ultim’ est fiable, facile à manier, il passe bien les vagues, il n’est pas trop scabreux, je me sens très bien à bord. En tout cas, c’était un super entraînement pour cet hiver. »

Cette traversée de l’Atlantique était aussi l’occasion pour le skipper de Sodebo Ultim’ de s’entraîner en vue de sa prochaine tentative de record autour du Tour du Monde en solitaire. Thomas Coville sera en stand by cet automne à partir du 15 octobre 2016.

*cours d’homologation par le World Record Sailing Speed Council.

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