Cinq femmes pour donner le LA sur l’eau
Cinq femmes sur une flotte de 39 bateaux prendront dimanche, à 13h02, le départ de la 47ème Solitaire Bompard Le Figaro, l’une des éditions les plus féminines de l’histoire de cette grande dame de la course au large. Claire Pruvot (Port de Caen Ouistreham) en route pour une 4è participation, Sophie Faguet (Région Normandie), récidiviste après avoir disputé la course l’année dernière, la Suissesse Justine Mettraux (TeamWork), la Britannique Mary Rook (Artemis 37) et Cécile Laguette (Deauville) en lice toutes les trois pour une grande première, composent les rangs de cette délégation de filles qui promettent de faire parler d’elles.
La victoire de Florence Arthaud sur La Route du Rhum, les parcours exemplaires d’Ellen Mac Arthur et de Samantha Davies sur le Vendée Globe parlent d’eux-mêmes. Ces beaux faits d’armes rappellent que le métier de marin se conjugue volontiers au féminin et que la mixité a toujours le vent en poupe dans une discipline sportive qui aime tous les genres.
Une bonne dynamique féminine
Sur La Solitaire Bompard Le Figaro, en 1975, Clare Francis est la première femme à remporter une étape et signe une troisième place au général, démontrant que les femmes ont les moyens de rivaliser au meilleur niveau de performance avec leurs concurrents masculins. L’histoire récente du circuit Figaro Bénéteau reste aussi marquée par la persévérance d’Isabelle Joschke qui compte parmi les plus solides talents de la navigation en solitaire, et de Jeanne Grégoire qui endosse aujourd’hui le rôle de coach au Pôle Finistère Course au Large.
« Les filles sont nombreuses cette année et elles sont surtout inscrites dans une bonne dynamique. En Figaro, à l’exception de la remontée du mouillage qui peut demander plus de temps à une solitaire, je pense sincèrement, que dès lors qu’elles sont en pleine forme physiquement, les femmes naviguent sur un pied d’égalité face aux hommes », explique Jeanne qui entraîne aujourd’hui certains des favoris de la course.
À armes égales
Pas de guerre des roses qui tienne et sur l’eau c’est bien à armes égales que ces cinq filles vont se battre tout au long du parcours long de 1 525 milles. La voile et plus particulièrement la course au large reste l’un des rares sports, avec l’équitation, où les hommes et les femmes se battent avec les mêmes armes, tout particulièrement en solitaire.
« Les femmes n’ont globalement pas la même puissance physique que les hommes. Sur le circuit, j’ai pu voir que je ne hisse pas mon spi aussi vite que Gildas Morvan mais en solitaire il y a tellement de paramètres différents qui comptent, les compartiments du jeu sont si nombreux que ce n’est pas la vitesse à laquelle le spi arrive en tête de mât qui fait la différence », complète Samantha Davies, ambassadrice en France du Magenta Project, le premier réseau sportif international de navigatrices professionnelles qu’elle a lancé avec ses anciennes co-équipières de la Volvo Ocean Race.
Justine Mettraux, un talent à suivre
« Les filles sont un peu plus nombreuses cette année, mais aucune d’elle n’a suffisamment de participations à son actif pour compter dans les favoris. Mais une chose est sûre, il faudra compter avec elles et Justine Mettraux est tout à fait capable de gagner le classement Bénéteau des bizuths. Elle est travailleuse, elle sacrifie beaucoup de choses à la performance. A bord de SCA sur la Volvo Ocean Race, c’était la meilleure barreuse de petit temps. Et dans quelques années, tout comme les autres si elles persévèrent, elle sera capable de gagner La Solitaire », ajoute Samantha Davies.
Attendu aussi aux côtés des cinq filles de la course sur la conférence autour de la mixité, Anthony Marchand (Ovimpex – Secours Populaire) ne se laisse pas tromper. Gare aux filles qui n’ont pas fini de faire des étincelles.
« Elles sont de plus en plus nombreuses et se préparent physiquement avec beaucoup de conviction. La question dépend aussi beaucoup du bateau et de la puissance physique qu’il réclame. A mon sens, le Figaro, c’est la série parfaite pour les femmes. »
Messieurs, vous êtes prévenus !
Elles ont dit…
Sophie Faguet (Région Normandie) :
« C’est plutôt sympa toutes ces nanas ! Sur toutes les courses d’avant-saison, cela nous a permis de nous pousser un peu plus, notamment avec l‘arrivée de Justine (Mettraux) qui a une forte expérience en Mini. Elle est aussi une bonne sportive qui a un gros potentiel en stratégie. Ce sont de nouvelles concurrentes aussi bonnes que les mecs. Avec Claire (Pruvot) et Cécile (Laguette), on était en coloc’ cette année et une entraide s’est mise en place tout naturellement. C’est positif pour l’état d’esprit. Cette année, en terme de préparation, je suis beaucoup mieux cette année. Mon objectif est d’accrocher les 20 premiers, voire de faire des incursions dans les 15, c’est-à-dire faire bien mieux que l’année dernière ! Je vais essayer de plus me pousser dans mes retranchements et mieux appréhender la préparation de la météo. »
Claire Pruvot (Port de Caen Ouistreham) :
« En 2013 j’étais toute seule, nous étions deux en 2014, puis trois en 2015, cette année on explose les scores ! Nous nous connaissons toutes bien, avec Mary Rook aussi car nous étions concurrentes en match racing. L’ambiance est super sympa ! Mon bateau est quasi prêt, j’ai hâte de partir. Ce sera ma dernière Solitaire Bompard Le Figaro (projet Class40, ndlr), alors je vais en profiter au maximum. J’aimerais finir sur une bonne note, faire le mieux possible. Si je fais les choses bien, ça suivra, je vais prendre chaque étape l’une après l’autre. Il va falloir rester zen jusqu’au bout. »
Mary Rook (Artemis 37) :
« Mon objectif est de finir cette Solitaire et surtout d’en profiter un maximum et essayer d’apprendre le plus possible. J’ai besoin de naviguer en Figaro Bénéteau avant de faire des résultats corrects. Il faut avant tout que je termine la course, c’est le plus important. Je connais Justine (Mettraux), on s’est entraînée ensemble et je connais Claire (Pruvot) par le match-racing. C’est super que l’on soit cinq filles et puis ce sont de grandes compétitrice, mais franchement pour moi il n’y aucune différences entre les hommes et les femmes… »
Cécile Laguette (Deauville) :
« J’ai vraiment hâte d’y être, de naviguer. Je commence à me mettre la course bien dans la tête. Forcément, il y a un peu d’appréhension et de stress qui montent progressivement, mais j’essaye de temporiser. Je fais beaucoup de sport et de yoga, ça m’aide à garder la pression positive. J’espère faire une belle course, rester accrochée au paquet afin de pouvoir garder l’énergie et la niaque tout au long des quatre étapes. Je trouve ça super qu’on soit cinq cette année, mais il faudrait que cela devienne la norme. Je pense qu’on aura gagné quand on arrêtera d’en parler ! »
Justine Mettraux (TeamWork) :
« Je trouve que c’est positif qu’il y ait cinq femmes au départ. Habituellement, il y en deux ou trois, j’espère vraiment que la courbe va continuer dans ce sens là ! La Solitaire Bompard Le Figaro, c’est là où il y a le plus haut niveau en solitaire. C’est pour moi une manière de progresser et de m’améliorer en entrant sur ce circuit. Mon objectif est le classement « bizuth », mais j’ai aussi envie d’être satisfaite de ma façon de naviguer. Les étapes vont être longues, il faudra que je trouve mes marques au niveau de la gestion de moi-même. Mais je me sens prête, Guillaume Farcy m’a bien aidé au niveau de la préparation. J’ai fait ce que je pouvais, il falloir maintenant bien naviguer. »