Dix solitaires pour une grande première
Un quart de la flotte de La Solitaire Bompard Le Figaro 2016 va s’élancer pour la toute première fois sur les traces des Poupon, Le Cam, Desjoyeaux, Cammas, Beyou, Eliès… et tant d’autres qui ont écrit les plus belles histoires de la course au large en solitaire à armes égales. Sur les 39 concurrents parés à prendre le départ dimanche prochain à 13h02, 10 se lancent dans le grand bain : trois Anglais (dont une femme), trois femmes, trois jeunes issus des filières de formation (Team Vendée, Bretagne-Crédit Mutuel de Bretagne et Centre d’Entraînement de Méditerranée) et deux purs amateurs. Un plateau de « bleus » éclectique, vivifiant et bourré de talents…
Il va y avoir du jeu au classement Bénéteau des bizuths ! Cette 47e édition voit débarquer de belles têtes bien faites, de jeunes marins aguerris dans d’autres disciplines (Olympisme, match racing, régates en équipages) et qui débutent leurs gammes sur le circuit Figaro Bénéteau. Jugez plutôt : sur ces dix « bleus » de La Solitaire Bompard Le Figaro, tous peuvent prétendre à un podium sur le classement qui leur est dédié. Revue des troupes.
Trois femmes dans le vent
Fait trop rare pour ne pas être signalé : elles seront cinq femmes sur la ligne de départ, dont trois trentenaires à courir pour la première fois cette épreuve d’endurance et de maîtrise parfaite de soi et de son bateau. Justine Mettraux (TeamWork) est sans doute la mieux armée pour affronter la meute de loups solitaires : avec son beau bagage sur le circuit Mini, sa participation à la Volvo Ocean Race 2014/15 et sa belle entrée en matière sur les régates d’avant saison (4e de la Solo Normandie et 8e de la Solo Maître Coq), la Suissesse sera une concurrente de taille. La Britannique Mary Rook (Artemis 37) ne manque pas non plus d’atouts et profitera de son immense expérience en voile légère (49er, Nacra 17) et en coaching pour faire son trou. Cécile Laguette, malgré son manque de budget, vient avec une grosse envie de se mesurer aux meilleurs. Avec 21 000 milles parcourus en course et un bagage d’architecte naval, cette fille ne manque pas de sel !
Trois « rookies » bien entraînés
A côté de Mary Rook, les Britanniques Will Harris (Artemis 77) et Hugh Brayshaw (Artemis 23) suivent les traces de leurs aînés, comme Sam Matson, Robin Elsey ou Nick Cherry, après des mois d’entraînement cet hiver. Coachés sur La Solitaire Bompard Le Figaro par le Figariste Nicolas Jossier, ce petit « plus » pourrait leur apporter beaucoup. A noter que Will Harris, le benjamin de l’édition (22 ans), pratique le Figaro Bénéteau 2 depuis belle lurette… en double. Il vise clairement la première place du classement Bénéteau des Bizuths.
Trois espoirs sélectionnés par les centres de formation
Retenez bien les noms de ces trois jeunes pousses du circuit Figaro Bénéteau. Le premier se nomme Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM) et se dit lui même « un attaquant ». Comprenez qu’il tentera des coups et ne se laissera pas impressionner par les ténors. Le Marseillais termine 10e de la Solo Maître CoQ et se souviendra longtemps de sa position de 2e au passage de la première bouée. Tout est possible sur La Solitaire Bompard Le Figaro ! Le deuxième est Dunkerquois. Il est Le sélectionné de la Filière d’Excellence Bretagne-Crédit Mutuel de Bretagne. Aymeric Decroocq succède à Sébastien Simon et Corentin Horeau sur le bateau « Espoir », dont on sait qu’il a façonné des navigateurs à fort potentiel. Marc Noesmoen, lui, navigue sous les couleurs du Team Vendée. Le Sablais vient de terminer son école d’ingénieur et a fait le choix de se consacrer pleinement à sa passion. « La Solitaire Bompard Le Figaro est exigeante et physique, je suis un endurant, je vise le podium Bizuth ! ».
Deux amateurs très « éclairés »
Théo Moussion (#théoenfigaro) et Yves Ravot (Hors la rue) s’offrent leur rêve. Tous deux chefs d’entreprise, ils prennent part à leur première Solitaire sans aucune pression mais avec une ferme intention : celle de rester dans le match, car ce sont des compétiteurs avant tout. Théo, issu du Laser, s’est formé à la navigation en équipage en J80 et en Muscadet, dont il est le champion de France en titre ! A 55 ans, Yves est le doyen de la 47e Solitaire Bompard Le Figaro. Après une Mini Transat en 2009, l’aficionado du solitaire s’est préparé à son graal méticuleusement avec le temps qu’il lui était imparti. Un mental d’acier…
Interviews sur les pontons de Deauville
Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM) :
« Je récupère le bateau de Xavier (Macaire) qui est un très très bon bateau. J’ai beaucoup de chance car cela me permet de me concentrer sur la navigation, plus que sur la préparation. J’ai adoré les courses d’avant-saison, je me se suis éclaté. Je pars en me disant qu’il faut d’abord prendre du plaisir pour faire un résultat. Je l’ai écris partout dans le bateau. Mon problème, c’est la connaissance de la météo, car issu de la filière olympique je navigue au feeling et aux effets locaux. Mon objectif est de terminer entre 20 et 25e, et pourquoi pas de faire une belle étape ! ».
Marc Noesmoen (Team Vendée Formation) :
« Je sais que La Solitaire Bompard Le Figaro est exigeante est physique. La seule inconnue pour moi sera le sommeil. Mais je suis assez endurant, un peu diesel, donc j’espère garder de la ressource jusqu’au bout. L’étape 2 (Cowes, île de Wight – Paimpol, Lézardrieux) est celle qui me fait le plus peur à cause des cailloux, des courants… Il va y avoir une belle bagarre entre bizuths avec je pense Will (Harris), Pierre (Quiroga) et Justine (Mettraux). Je vise le podium bizuth, ça serait super, même si mon objectif premier est de ne rien casser et de n’avoir aucun regret une fois la course terminée. »
Théo Moussion (#théoenfigaro) :
« Participer à La Solitaire Bompard Le Figaro, c’est à la fois un défi sportif et personnel. Mon premier objectif est de finir, le deuxième de prendre du plaisir et le troisième de laisser un maximum de gens derrière moi, car je suis un compétiteur. Je m’offre un cadeau en participant à cette course, j’ai mis de l’argent de côté, un peu comme si je m’offrais une belle Suzuki ! Mais j’espère continuer et rester trois ans sur le circuit. Je n’ai pas de pression. »
Justine Mettraux (TeamWork) :
« Je me réjouis vraiment de voir comment ça va se passer et de découvrir l’enchaînement des étapes qui est l’essence même de La Solitaire Bompard le Figaro, une course majeure, une des plus dures au niveau de l’endurance. Il va falloir bien gérer tout ça. Le bilan de mon début de saison est plutôt positif. Par rapport aux bizuths, ça s’est plutôt bien passé puisque je finis 1ère ou 2ème à chaque fois. J’ai progressé depuis le début de la saison, mais il y a encore du travail par rapport aux gars qui ont plusieurs années de Figaro à leur actif. »
Yves Ravot (Hors la Rue) :
« Cette grande première, c’est la concrétisation d’un vieux rêve. J’ai toujours beaucoup navigué, et à l’âge de 20 ans, quand il a fallu choisir entre devenir professionnel dans la voile et les études, j’ai suivi la deuxième option. En 2009, à l’âge de 45 ans, je me suis jeté dans le bain de la Mini-Transat, je me suis éclaté. Depuis 2013, j’ai le projet de courir cette Solitaire Bompard Le Figaro et je m’efforce, dans une logique de préparation de longue haleine, de participer à une ou deux courses en solitaire dans la saison, comme la Solo Concarneau ou la Solo Maître CoQ. Le plus difficile pour moi reste de trouver le temps de naviguer. Cela fait déjà trois ans que je cours après cette participation avec l’objectif de ne pas être ridicule et, pourquoi pas, de faire un coup sans pour autant tenter d’option suicidaire. »
Will Harris (Artemis 77) :
« Être ici, c’est une première victoire. Cela fait trois ans que j’ai rejoint l’académie Artemis, mais jusqu’à l’année dernière, j’ai consacré la moitié de mon temps à finir mes études en océanographie à Southampton. Je viens de la voile olympique et cette saison est la première où j’ai pu me consacrer à temps plein, en rejoignant le pôle d’entraînement de Lorient Grand Large, à la préparation de cette Solitaire Bompard Le Figaro. Il y a forcément un peu de nervosité qui commence à poindre à l’approche du départ de la première étape. Ce sera un challenge pour moi, je n’ai jamais passé plus de deux jours seul en mer. Mais j’espère néanmoins avoir un petit avantage. La Manche et la côte Sud de l’Angleterre sont un peu mes jardins et j’espère pouvoir tirer profit des courants et des effets de côtes, notamment à l’arrivée qui s’annonce à hauts risques. »