La première de Jérémie Beyou (Maître CoQ) en IMOCA60, le record de vitesse Delma sur 24 heures d’Alex Thomson (Hugo Boss) en passant par le très encourageant bilan de la classe et la consécration des monocoques à foils, voici le bilan de cette première transat New York – Vendée (les Sables d’Olonne).

Beyou, première !

Après 9 jours, 16 heures, 57 minutes et 52 secondes de course, Jérémie Beyou (Maître CoQ) a bouclé en vainqueur cette transatlantique ouest-est courue majoritairement au portant.
Après 9 jours, 16 heures, 57 minutes et 52 secondes de course, Jérémie Beyou (Maître CoQ) a bouclé en vainqueur cette transatlantique ouest-est courue majori-tairement au portant. Pour cela, le Finistérien aura géré avec la plus grande prudence les premières heures de course, dans le brouillard entre les cargos et les porte-containers de la côte est des Etats-Unis. Il aura également échappé aux OFNI qui ont provoqué des avaries sur six bateaux de la flotte, cinq ayant dû rebrousser chemin pour réparer, un autre ayant dû stopper quelques heures aux Açores.

Il aura aussi résisté à la grosse dépression qui a sévi sur le cœur de l’Atlantique, et tiré profit de son évolution ouest-est pour avancer à bon tempo jusqu’au golfe de Gascogne.
Sur son bateau de la précédente génération équipé de foils révolutionnaires – ils sont dotés d’un plan antidérive -, Jérémie Beyou aura su tenir tête à Hugo Boss et Edmond de Rothschild, deux des fleurons de cette flotte conçue spécifiquement pour le Vendée Globe 2016. Il aura enfin tricoté dans les vents mous du Gascogne, flairant les bons coups comme le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro qu’il est. De la belle ouvrage qui ouvre son palmarès en solitaire en IMOCA60.

Thomson, comme un ouragan

S’il n’y avait eu cette panne de pilote automatique qui provoqua un brutal départ au tas le 5e jour de course alors qu’il avait compté jusqu’à 100 milles d’avance sur Jérémie Beyou et Sébastien Josse (Edmond de Rothschild), Alex Thomson aurait probablement remporté cette transat. Sans doute désireux d’aller chercher les conditions les plus dures, au cœur de la dépression, pour tester la résistance de son bateau en vue du Vendée Globe – pas encore fiabilisé, il s’était partiellement brisé l’automne dernier dans les premières heures de la Transat Jacques Vabre -, le skipper britannique a probablement poussé le curseur trop loin. Le hasard de mer qui coucha son bateau l’empêcha de profiter à plein de son option très nord. Piégé, il finira troisième, non sans avoir, au passage, signé le record Delma de la plus grande distance effectuée en 24 heures, le 1er juin. Alex Thomson venait alors de parcourir 487 milles à la moyenne de 20,3 nœuds.

12 sur 14 à l’arrivée

Une certitude : la flotte IMOCA60 n’a jamais été aussi prête à affronter les mers du sud promises par le prochain Vendée Globe. Et, bien que six bateaux aient dû se dérouter pour effectuer des réparations, la plupart après des rencontres avec des OFNI, retrouver 85,7% des partants au tableau d’honneur d’une course, dans un sport mécanique, n’est pas chose commune. L’évolution des règles de la classe IMOCA concernant les mâts et les quilles, souvent en cause précédemment, semble porter ses fruits. Seul Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII), vainqueur quelques semaines plus tôt de The Transat bakerly, a abandonné, foil bâbord et puits de dérive abîmés dans une rencontre avec un animal marin. L’autre absent au tableau de marque est Pieter Heerema (No Way Back), qui devait clôturer le bal des arrivants. A une cinquantaine de milles des Sables d’Olonne, il a été contraint de se dérouter vers Lorient, son port d’attache. Privé de l’usage de son moteur, il risquait de se faire rosser près des côtes vendéennes, et a préféré ne pas prendre le risque d’endommager son bateau, en accord avec la direction de course.

Un podium de foils

Avec Maître CoQ sur la première marche du podium, suivi de Edmond de Rothschild et Hugo Boss, ce sont bien trois IMOCA60 à foils qui ont trusté les premières places de la New York – Vendée (les Sables d’Olonne).
Même si les skippers en ont usé avec parcimonie, les plans porteurs dont sont équipés leurs monocoques constituent un apport de vitesse décisif dans les vents portants qui ont dominé le parcours de la transat d’ouest en est.
Pour tous, c’était un excellent test, dans des conditions similaires à ce qu’ils rencontreront dans les mers du sud l’hiver prochain. Premier non foiler sur la ligne d’arrivée, l’IMOCA60 de Paul Meilhat (SMA) a terminé 4e.

Ils ont dit :

Alex Mills, directeur commercial d’OSM/IMOCA Ocean Masters

« Cette New York – Vendée (les Sables d’Olonne) aura offert une course fantastique ! Ce fut un vrai sprint transatlantique. Le départ, face à la ligne de gratte-ciels de New York, a été spectaculaire et la course s’est déroulée dans différentes conditions de mer, entre le brouillard du départ, les violents systèmes de basses pressions de l’Atlantique et la pétole du Golfe de Gascogne. Arriver aux Sables d’Olonne est à jamais un moment particulier : le public, conquis à la voile et à la course au large, a encore offert un énorme hommage à nos marins. Et je sais combien ils aiment remonter le chenal des Sables… Je tiens à féliciter Jérémie Beyou et la formidable équipe de Maître CoQ pour leur victoire, et aussi Alex Thomson et Hugo Boss pour le record Delma de la plus grande distance parcourue. Nous sommes très heureux d’avoir réussi à créer cette course et nous espérons vivement en faire une classique du circuit IMOCA Ocean Masters. »

Yves Auvinet, Président du Conseil Départemental de Vendée

« C’est beaucoup de bonheur pour nous Vendéens et Sablais d’accueillir cette course, avec 14 marins qui seront probablement au départ du Vendée Globe. Nous n’avons pas beaucoup hésité pour dire que nous voulions être partenaires de cette course, pour organiser la fête. L’impact médiatique viendra au fil du temps, mais les accros de voile et les connaisseurs se sont rassemblés autour de cette Transat. J’ai été agréablement surpris de voir qu’en une demi-heure, le peuple s’était massé sur le chenal et sur les pontons pour l’arrivée de Jérémie Beyou. Est-ce qu’il y en aura une prochaine édition ? Il faudra demander à la classe IMOCA et à OSM mais, s’il doit y en avoir une autre, nous serons partenaires bien évidemment ».

Jérémie Beyou (Maître CoQ), le vainqueur :

« Il se passe toujours un peu de temps entre l’arrivée et la remise des prix, on sort un peu de la course, puis la mémoire revient. C’est toujours un peu d’émotion que d’entendre les mots des uns et des autres, de voir Alex (Mills), et de sentir que tout resurgit. Je voudrais remercier mes partenaires, notamment Maître CoQ et les éleveurs, et tous ses salariés qui m’ont accueilli et qui me soutiennent depuis trois ans. Je suis très fier de les représenter. Je voudrais aussi remercier toute l’équipe d’organisation qui a eu un boulot pas évident au départ pour mettre tout en place, mais aussi les comités de course, les arbitres, la communication, et OSM. Comme le disait Alex Mills et ses propos nous concernant, il faut effectivement avoir des visions, des envies et des objectifs ambitieux. Et il faut s’y tenir. Avec Maître CoQ, on a été ambitieux pour notre programme et OSM aussi avec la création de cette course qui existe et qui, j’espère, va continuer à exister. J’ai aussi une pensée pour ceux qui ont eu des soucis, ça fait partie du jeu, mais la bagarre aurait été encore plus belle en leur compagnie. Et j’adresse un grand merci à mon équipe. Si je suis là, tout seul sur le podium, c’est vraiment à eux que je le dois. Et j’espère que le meilleur reste à venir ».

Classement final :

  1. Jérémie BEYOU (Maître CoQ) en 9 jours 16h 57mn 52s
  2. Sébastien JOSSE (Edmond de Rothschild) en 9 jours 19h 26mn 49s
  3. Alex THOMSON (HUGO BOSS) en 9 jours 21h 03mn 33s
  4. Paul MEILHAT (SMA) en 10 jours 12h 19mn 27s
  5. Vincent RIOU (PRB) en 11 jours 10h 58mn 53s
  6. Tanguy de LAMOTTE (Initiatives Cœur) en 11 jours 15h 38mn 39s
  7. Kojiro SHIRAISHI (Spirit Of Yukoh) en 12 jours 01h 21mn 40s
  8. Fabrice AMEDEO (Newrest-Matmut) en 12 jours 06h 20mn 15s
  9. Morgan LAGRAVIERE (Safran) en 13 jours 05h 59mn 45s
  10. Jean-Pierre DICK (StMichel-Virbac) en 13 jours 06h 21mn 24s
  11. Yann ELIES (Quéguiner-Leucémie Espoir) en 13 jours 06h 56mn 36s
  12. Conrad COLMAN (100% Natural Energy) en 14 jours 06h 55mn 57s
    DNF Pieter HEEREMA (No Way Back)
    AB Armel LE CLEAC’H (Banque Populaire VIII)

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