François Gabart vise le record de l’Atlantique Nord
Trois semaines après sa victoire sur The Transat bakerly, François Gabart débute ce mercredi 1er juin la période de stand-by en vue de sa tentative de record sur la traversée de l’Atlantique Nord, d’Ouest en Est. Avec son routeur météo, Jean-Yves Bernot, le skipper du trimaran MACIF guette désormais la bonne fenêtre météo pour s’élancer à l’assaut du record détenu depuis 2013 par Francis Joyon (5 jours 2 heures 56 minutes 10 secondes).
#DEFI N°3 pour François Gabart
Vainqueur de The Transat bakerly, le 11 mai, pour sa première course en solitaire sur son trimaran MACIF, François Gabart a profité des trois dernières semaines pour récupérer de la fatigue accumulée, après plus de huit jours de course. En parallèle, le skipper de MACIF a continué à s’entraîner en vue de sa traversée retour de l’Atlantique, qui va prendre la forme d’une tentative de record en solitaire sur le parcours New York – Cap Lizard (pointe sud-ouest de l’Angleterre).
« Depuis quelques jours, j’ai complètement basculé en mode record, je me sens comme avant le départ d’une course, il y a clairement de l’excitation », explique le Charentais qui se réjouit de retrouver à New York un bateau prêt à défier de nouveau l’Atlantique : « MACIF est en parfait état d’un point de vue structurel et je suis vraiment content de l’organisation du plan de pont mise en place. Cela correspond à ce que j’attendais et cela marque un net progrès par rapport à la version de l’année dernière. »
Cette tentative de record de l’Atlantique Nord en solitaire sera le premier exercice du genre pour François Gabart qui, jusqu’ici, s’est illustré en course. Une première qu’il aborde avec une grosse envie :
« J’aime défricher de nouveaux terrains, dans un domaine, celui du record, donc de la vitesse à la voile, assez ultime. Le trimaran MACIF procure des sensations exceptionnelles quand il va vite. J’y ai un peu goûté sur The Transat bakerly, dans des conditions cependant pas optimales, j’ai hâte de voir ce qu’il peut donner avec une météo davantage choisie. Certains me disent que rien ne vaut la compétition, mais dans l’engagement humain et sportif, l’exercice du record est exceptionnel parce qu’il est sans limite. » Et pour le skipper, cette traversée retour, quel qu’en soit le résultat, sera une marche de plus franchie dans un processus de progression à plus long terme : « Je n’oublie pas que les enjeux sportifs de cette année nourrissent la performance de demain. »
En stand-by
« Je suis prêt à partir. Nous attendons maintenant la bonne fenêtre météo avec Jean-Yves Bernot. Pour l’instant, rien ne se profile pour la première semaine de juin. » La fenêtre idéale pour s’élancer ? « Du vent stable, 20-30 nœuds de sud-ouest à l’avant d’une dépression, et une mer bien rangée. C’est le scénario rêvé, mais comme notre période de stand-by est assez courte (MACIF doit être rentré le 12 juillet à Brest pour participer aux Fêtes Maritimes), nous n’aurons pas forcément de fenêtre idéale. Il faudra être opportuniste et savoir tirer le meilleur profit des conditions. »
Concrètement, le skipper et son équipe ont mis en place une procédure à 4 niveaux :
- Le premier indique qu’aucun départ n’est envisagé ;
- le second qu’une fenêtre potentielle, à 3-4 jours, se profile ;
- Le niveau 3 confirme une fenêtre de départ et conduit François Gabart et une partie de son équipe à prendre l’avion pour New York;
- Le quatrième valide le départ dans les 24 heures et enclenche l’appareillage du bateau vers la ligne, mouillée à partir de la bouée d’Ambrose Light, à une vingtaine de milles de New York. Le skipper sait qu’il va devoir s’armer de patience.
« Ça fait aussi partie du métier de marin d’attendre le vent. J’ai fait de la voile olympique pendant des années, ça m’est arrivé de passer des journées entières sur un parking à attendre que le vent rentre ou se calme. »
Un chrono relevé
En se lançant à l’assaut du record de l’Atlantique Nord en solitaire d’Ouest en Est, François Gabart s’attaque à un monument, tant l’exercice est à la fois court et long en termes d’endurance et d’intensité. Depuis Bruno Peyron en 1987 (11 jours 11 heures 46 minutes), le temps de référence sur les 2 880 milles du parcours a été plus que divisé par deux : passé successivement entre les mains de Florence Arthaud (1990), Bruno Peyron encore (1992), Laurent Bourgnon (1994), Francis Joyon (2005) et Thomas Coville (2008), le record est de nouveau depuis juin 2013 la propriété de Francis Joyon en 5 jours 2 heures, 56 minutes et 10 secondes, à la vitesse moyenne réelle de 26,20 nœuds (23,30 de vitesse théorique sur l’orthodromie, la route la plus directe).
« Le temps est compliqué à battre, mais mon bateau en a clairement le potentiel. Pour cela, il faut trois facteurs : une bonne fenêtre météo, que le bonhomme soit capable de gérer le bateau à haute vitesse et un peu de chance. Ce serait génial d’arriver à passer sous la barre des cinq jours. »