Tenant du titre, Gildas Morvan est le favori logique de la troisième Le Havre Allmer Cup, qui s’élance lundi 23 mai depuis les pontons de la Société des Régates du Havre. A ses trousses, une meute de vingt et un solitaires animée notamment par Erwan Tabarly, sacré en 2012, et quatre Normands, dont Sophie Faguet.

La première étape du Championnat de France Elite de course au large en solitaire attise les convoitises : à trois semaines du début de la Solitaire Bompard Le Figaro, voici une excellente occasion de jauger la concurrence pendant six jours de régates à couteaux tirés. « Il y a fort à parier que le vainqueur de la prochaine Solitaire sera présent au Havre », prédit même Gildas Morvan. Le skipper de Cercle Vert, manifestement à l’aise dans les conditions complexes générées par l’estuaire de la Seine et les falaises de calcaire, n’a pas l’intention de se laisser vaincre sans combattre.

Le même hôtel pour les mêmes résultats ?

L’ancien marin olympique (11e des JO d’Atlanta 1996 en soling) va pourtant attaquer la Le Havre Allmer Cup dans un contexte défavorable : son Figaro Bénéteau 2, avec lequel il a terminé 5e de la Transat AG2R La Mondiale, ne devrait être débarqué du cargo en provenance de Saint-Barth que samedi 21 au matin. « On va avoir une entrée en matière musclée avec Cercle Vert, grimace Gildas Morvan. Pour mettre le bateau à l’eau, on va avoir deux jours et deux nuits de travail, le temps de le vérifier, retrouver les réglages et gérer le choix de voiles, qui est un tout petit peu particulier pour ce type d’épreuve ». Une rupture dans la routine que le Brestois souhaite renouveler lors de cette édition de la Le Havre Allmer Cup : « J’ai mon petit rythme, mes petites habitudes qui m’ont permis de gagner il y a deux ans, j’ai même gardé le même hôtel qu’en 2014 ».

Tenant du titre, Gildas Morvan a connu sa première victoire sur cette course à l’époque où elle s’appelait la Solo Delmas, en 1997, avant de récidiver l’année d’après. Un joli souvenir pour le « Géant Vert » qui se souvient avoir terminé « devant Michel Desjoyeaux, Jean Le Cam et Franck Cammas, rien que ça, dans une course qui est hyper compliquée à gagner. Tout se paie au prix fort : la tactique comme les réglages et les manœuvres. Pour gagner, il faut être bon tout le temps ». Le quadruple champion de France de course au large en solitaire (2000, 2008, 2009, 2013) espère bien conserver son titre en Baie de Seine, dont il connaît les secrets : « Le vent qui rebondit sur les falaises, les dévents, le thermique, le courant, le clapot permanent, les cargos qui passent… »

Erwan Tabarly « à l’aise dans les petits parcours »

La concurrence ? Erwan Tabarly (Armor Lux), premier vainqueur de la Le Havre Allmer Cup, en 2012, fait partie des prétendants légitimes au trône de Normandie. « C’est une course qui me plaît bien et qui me va bien, s’étonne presque le skipper d’Armor Lux. Je pensais vraiment être plus performant au large et je me suis rendu compte que j’étais finalement plutôt à l’aise sur les petits parcours. » Le Finistérien en veut pour preuve ses deux victoires dans la Solo Quiberon (2009 et 2011) et dans la Le Havre Allmer Cup en 2012. Les clés de la victoire ? « Contrairement à la Solitaire Bompard Le Figaro qu’on peut gagner sur un « coup » lors d’une étape, il faut être tout le temps devant. Il ne faut prendre que des bons départs, sentir tous les bons coups et gagner des manches. Et puis, il ne faut pas passer à côté de la Grande Course, qui est coefficient 3 ».

Si le tout frais vainqueur de la Transat AG2R La Mondiale avec Thierry Chabagny (Gedimat) a décidé de raccourcir sa saison en Figaro Bénéteau pour se concentrer sur les principaux rendez-vous, c’est aussi parce qu’il s’est taillé une solide réputation d’équipier modèle à bord des « gros » bateaux. Après avoir disputé la Le Havre Allmer Cup et la Solitaire Bompard Le Figaro, il retournera aux côtés d’Armel Le Cleac’h (Banque Populaire) dans sa préparation au Vendée Globe.

La Normandie aux Normands ?

Le contingent normand est étoffé. En nombre et en qualité. Alexis Loison (Groupe Fiva) se battra pour la victoire, gonflé par sa conquête de la Solo Normandie 2016, tout comme Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), champion de France Elite de Course au large en solitaire 2014, deuxième de la Solitaire du Figaro 2015 et tenant du titre de la Solo Concarneau – Trophée Guy Cotten 2016. Chez les féminines, Claire Pruvot (Port de Caen Ouistreham) connaît bien le bassin de navigation, où elle a à cœur de bien figurer pour sa première Le Havre Allmer Cup. S’il en est une qui connaît par cœur la baie de Seine, c’est Sophie Faguet. La native de Rouen, 29 ans, était encore monitrice et organisatrice des événements nautiques de la Société des Régates du Havre il y a quelques mois ! « Connaître ce plan d’eau extrêmement compliqué est, je l’espère, un avantage évident. Mais il est tellement complexe qu’il est difficile d’en sortir des règles immuables : entre la Seine, les averses et les débits d’eau variables, les marées sont rapidement décalées et on ne peut jamais se lancer avec des certitudes ».

Classée 6e de la Solo Normandie, Sophie espère finir dans les 10-15 premiers, mais l’objectif de l’année de la skipper de la Région Normandie est clairement la place de premier bizuth. « Il va falloir que je me batte sérieusement, concède-t-elle. En face, il y a une jeune Suissesse (Justine Mettraux – Teamwork) qui affiche un sacré niveau et qui est très difficile à accrocher. J’ai navigué avec elle sur la Women’s Cup en J80, j’ai pu voir à quel point elle est prête, maline et bonne navigatrice ».

Il faudra enfin surveiller comme le lait sur le feu les quatre Britanniques engagés dans cette Le Havre Allmer Cup, et en premier lieu Alan Roberts (Vasco de Gama), tout frais 3e de la Solo Normandie et 9e de la Solitaire du Figaro 2015. Autre pensionnaire du centre d’entraînement de Lorient Grand Large dont les progrès sont évidents : Robin Elsey (Artemis 43), bizuth de la Solitaire 2015 et 7e de la Solo Normandie 2016. Sam Matson, 13e de la même Solitaire et 2e rookie en 2014, ambitionnera les places d’honneur. A 25 ans, l’élève de l’Artemis Offshore Racing sera un des animateurs de la saison, tout comme Nick Cherry (Redshift), qui a pris ses quartiers dans la classe Figaro.

Le programme

Quatre Figaro Bénéteau 2, de retour de Saint-Barth, ne devraient arriver par voie maritime que le samedi 21 au matin au Havre. Les organisateurs ont donc modifié le calendrier de la Le Havre Allmer Cup.

  • Lundi 23 mai : Première journée de parcours techniques
  • Mardi 24 mai : La Grande Course, environ 120 milles nautiques en Manche
  • Mercredi 25 mai : Retour des Figaristes au port de plaisance du Havre
  • Jeudi 26 mai : Deuxième journée de parcours techniques
  • Vendredi 27 mai : Troisième journée de parcours techniques
  • Samedi 28 mai : Quatrième et dernière journée de parcours techniques et remise des prix à partir de 19h à la Société des Régates du Havre.

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