Le film de la course
Alors que 9 équipages ont touché terre à Saint-Barth, et que 5 tandems sont encore en course, on refait le match ! Cette 13e édition de la Transat AG2R LA MONDIALE a vu une incroyable régate sur la route la plus sud de l’histoire de la course en double à armes égales. Partis de Concarneau le 3 avril, les 15 Figaro Bénéteau 2 (réduit à 14 après le démâtage de Skipper Macif) ont parcouru plus de 4 900 milles, soit 9 000 km, en passant au beau milieu de l’archipel du Cap Vert pour rejoindre Saint-Barthélemy. Cette course folle et très rapide a vu se dérouler une bagarre d’anthologie entre 5 bateaux (Gedimat, Generali, Agir Recouvrement, Bretagne – CMB Performance et Cercle Vert) que seules 44 minutes séparent à l’arrivée ! Thierry Chabagny et Erwan Tabarly à bord de Gedimat ont arraché la victoire 4 minutes devant Nicolas Lunven (Generali) et Adrien Hardy et Vincent Biarnès (Agir Recouvrement). Une 13e édition au suspense incroyable jusqu’aux derniers bords devant la baie Saint-Jean à Saint-Barth.
Six grands favoris et 8 bizuths de l’Atlantique : un plateau éclectique
Un vent de fraîcheur soufflait au départ de Concarneau. Sur les 30 marins engagés, la moitié n’avait jamais participé à la course en double à armes égales, qui plus est, 8 d’entre eux n’avaient jamais traversé l’océan Atlantique. Il fallait compter aussi trois bateaux guadeloupéens en provenance du centre de formation Guadeloupe Grand Large. Les Anglais Sam Matson et Robin Elsey sur Artemis apportaient la touche internationale venue d’Outre-Manche. Un heureux mélange donc, composé de jeunes pousses et de vieux routiers du circuit Figaro qui promettait déjà une course à plusieurs visages diablement intéressante. Sur le papier six tandems expérimentés, entraînés et ultra motivés pouvaient prétendre à la victoire : Yoann Richomme/Charlie Dalin (Skipper Macif), Thierry Chabagny/Erwan Tabarly (Gedimat), Gildas Morvan/Alexis Loison (Cercle Vert), Nicolas Lunven/Gildas Mahé (Generali), Adrien Hardy/Vincent Biarnès (Agir Recouvrement) et Sébastien Simon/Xavier Macaire (Bretagne-CMB Performance). Sur l’eau, ce sont bien eux qui ont animé la course, des premiers bords dans la baie de La Forêt aux dernières longueurs devant le port de Gustavia.
La course en résumé
Un front à passer la première nuit, une fin de golfe de Gascogne complexe dans une zone sans vent, 5 jours à fond la caisse sous spi dans les alizés portugais, le démâtage de Skipper Macif, puis une route plein sud à travers deux archipels et une bagarre de fous sous forme de course de vitesse entre les 5 bateaux de tête. Cette 13e édition aura été une course des extrêmes : extrême sud, extrêmement rapide, extrêmement usante.
Sud Extrême
Cet opus 2016 a été marqué par une stratégie unique, plein sud. Jamais dans l’histoire de la course, les marins ne s’étaient écartés aussi loin de la route directe pour contourner l’anticyclone des Açores. Un détour de plus de 1000 milles qui les a emmenés à passer au milieu de l’archipel des Canaries, à serrer les dunes des côtes africaines, et à s’engouffrer pour la première fois dans les îles du cap Vert. Sur cette immense parabole dont le point le plus bas a frôlé le 11e degré de latitude nord, les concurrents ont évolué dans un couloir d’une centaine de milles : tout s’est joué sur des petits placements et la vitesse.
Une course rapide : 20 jours sous spi, les Canaries en 5 jours et 20 heures
La vitesse moyenne des leaders de cette édition sur la distance réellement parcourue (4945 milles pour le recordman Bretagne-CMB Performance) dépasse les 9 nœuds. A défaut d’avoir pris le chemin le plus court, les tandems ont donc été très rapides, alignant régulièrement des distances journalières de plus de 220 milles. 48 heures après le départ de Concarneau, les spis étaient hissés pour 20 jours de portant non stop, dont une entame particulièrement sévère dans des vents de plus de 35 noeuds le long de la péninsule ibérique. Pendant 5 jours, les duos ont navigué sur le fil du rasoir, poussant des surfs à plus de 18 nœuds dans des alizés portugais virulents. Ce sont ces conditions brutales qui ont eu raison du mât de Skipper Macif, le 8 avril vers midi. Charlie Dalin et Yoann Richomme, grands favoris de cette édition, vont laisser leurs petits camarades se disputer les plus belles parts du gâteau. En attendant, les leaders Agir Recouvrement atteignent l’archipel des Canaries en 5 jours et 20 heures.
Les quatre fantastiques, un embusqué et une régate à vue
Cette transat en double à armes égales s’est rapidement transformée en régate géante opposant cinq équipages dont quatre qui se sont littéralement bagarrés à vue dès le passage du cap Finisterre. Pour espérer faire partie de ces élus, il fallait être capable de franchir en tête un « col dépressionnaire », une zone de calmes, stationnée dans le sud du golfe de Gascogne. Agir Recouvrement, Gedimat, Generali et Bretagne-CMB Performance sont les premiers à s’extirper des vents faibles et à hisser le spi. Ils vont animer la course pendant les 20 jours restants, tout en gardant un œil sur Cercle Vert, un cinquième larron revenu dans le match après le passage du cap Vert. Pendant 20 jours, donc, les quatre fantastiques vont rivaliser sous spi, à quelques centaines de mètres les uns des autres, se croiser, se toiser, se surveiller, chacun s’échinant à tirer le meilleur parti de ces alizés irréguliers. Une course au contact, de gagne-petit, d’endurance, de résistance et une hiérarchie sans cesse remise en cause. Le suspense restera entier jusqu’à l’aube du lundi 25 avril, jour d’arrivée, après une nuit sous très haute tension dans la pétole à l’approche de Saint-Barth.
STATISTIQUES
- 24 changements de leaders sur toute la durée de la course.
- Gedimat (vainqueur) a occupé la tête du classement général provisoire 20 % du temps (référence classements officiels), Generali (deuxième) 12 % et Agir Recouvrement (troisième) 30 %.
- 4 945 milles (soit 8 900 km) parcourus par Bretagne-CMB Performance, la plus longue distance.
- 9,33 nœuds, c’est la vitesse moyenne de Bretagne-CMB Performance le plus rapide.
- Les trois premiers sont arrivés en 28 mn, les cinq premiers en 44 minutes.
- 4 minutes et 4 secondes séparent Gedimat de Generali.
LE CLASSEMENT 27 AVRIL 16H00
- GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) arrivé à 14H14 et 53 secondes
- GENERALI (Nicolas Lunven-Gildas Mahé) arrivé à 14H18 et 57 secondes
- AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) arrivé à 14H43 et 41 secondes
- BRETAGNE-CMB PERFORMANCE (Sébastien Simon-Xavier Macaire) arrivé à 14H55 et 52 secondes
- CERCLE VERT (Gildas Morvan-Alexis Loison) arrivé à 14H58 et 55 secondes
- ARTEMIS (Sam Matson-Robin Elsey) arrivé à 17H23 et 53 secondes
- BELLOCQ PAYSAGES – SAVEURS DE CORNOUAILLE (Eric Peron-Martin le Pape) arrivé à 18H47 et 11 secondes
- FULGUR EVAPCO (Milan Kolacek-Pierre Brasseur) arrivé à 19H59 et 27 secondes
- LES SAINTES (Arthur Prat-Nicolas Thomas) arrivé à 18H57 et 39 secondes