A 1 200 milles de l’arrivée à Saint-Barthelémy, le jeu s’est considérablement ouvert. Agir Recouvrement maintient sa position en tête de flotte. Un fauteuil de leader tremblant au regard des attaques qui fusent de toute part. Cercle Vert est à moins de 3 milles du tandem Hardy/Biarnès et commence à inquiéter sérieusement les concurrents. Les quatre bateaux de tête (Agir Recouvrement, Cercle Vert, Generali et Bretagne – CMB Performance) se tiennent en 11 milles, tandis que Gedimat poursuit sa trajectoire au sud dans le but d’avoir encore plus de vent. Cette dernière semaine sur la 13e édition de la Transat AG2R LA MONDIALE promet un suspense incroyable !

Les voix des marins sont claires à la vacation ce matin. Malgré deux semaines intenses dans les bottes, les équipages sont toujours sur le pont tant la régate se montre diablement excitante. « Il y a du match » confiait Nicolas Lunven joint par iridium à 5h. Oui, la une bagarre au milieu de l’Atlantique a des allures de régate côtière ! Chacun optimise sa trajectoire en fonction du vent et de ses adversaires, le but étant d’aborder l’arc antillais dans quelques jours avec le meilleur angle. Mais la plus grosse incertitude demeure la fin du parcours. « Les 24 à 48 prochaines heures, on va avoir des empannages et on ne sait pas qui va choisir quel bord. Sur la fin, on a encore du mal à savoir comment ça va se passer sur l’arrivée » expliquait Erwan Tabarly à bord de Gedimat.

Dernière semaine en mer…

Les nuits sous la lune sont les seuls moments de « répit » pour les équipages. Car la journée, le soleil brûle et fatigue le barreur qui ne peut rester plus de deux heures en plein cagnard. « La journée, c’est l’enfer. On se disait avec Gildas qu’étonnamment depuis trois ou quatre jours, on parle d’expéditions polaires, on rêve de fraîcheur ! » avouait Nicolas Lunven ce matin. Cette semaine est la dernière ligne droite avant de toucher terre. Une dernière ligne droite où cependant il faudra tout donner pour espérer décrocher la palme dans le port de Gustavia.

VACATIONS / ILS ONT DIT

Erwan Tabarly, co-skipper de Gedimat :

« Ça se passe bien. On tire des bords, on empanne au portant dans les alizés. On a eu la lune toute la nuit, c’est assez agréable. Nous sommes en t-shirt en train de barrer. C’est plus agréable la nuit car nous souffrons moins de la chaleur et du soleil. On a du mal à trouver de l’ombre la journée, on a des t-shirts à manches longues et des pantalons pour se protéger.

Le vent nous permet de choisir un peu notre bord en ce moment. Sur tous les bateaux, chacun choisit son bord. Certains font plus de tribord que de bâbord. Nous avons choisi d’aller plus dans le sud pour avoir plus de vent. Sur la route directe on risque de rencontrer des vents faibles, on essaye de faire le tour le plus large possible pour bénéficier de plus de vent. Le jeu est de savoir de combien on peut s’écarter. Si on coupe trop, on risque de rencontrer des vents trop faibles. Le jeu s’est un peu ouvert car les deux – trois derniers jours, nous étions tous sur un seul bord à se suivre. Là, ça ouvre et ça va rester comme ça un petit peu. Les 24 à 48 prochaines heures, on va avoir des empannages et on ne sait pas qui va choisir quel bord. Sur la fin, ça risque d’être un peu tout droit mais on a encore du mal à savoir vraiment comment ça va se passer sur l’arrivée. »

Nicolas Lunven, skipper de Generali

« Ça nous semble être pas mal. Il y a du jeu qui s’est ouvert. Toute la flotte plonge doucement au sud ouest pour aller chercher plus de vent pour les prochains jours. Nous sommes contents de notre position. Nous étions un peu en retrait de AGIR Recouvrement, on a donc choisi de se décaler un peu. Nous avons 18 nœuds, une pleine lune, c’est plutôt agréable.

Le schéma est clair pour les prochains jours mais pas pour la fin de course. Il y a pas mal d’incertitudes. Il reste pas mal de route à faire. L’ETA est prévue pour lundi prochain mais certains modèles prévoient des vents très très faibles pour l’arrivée. Ça pourrait s’éterniser.

La flotte s’est un peu éparpillée. Cercle Vert était parti tout seul au nord. On ne croyait pas trop à cette option mais ils sont bien revenus dans le match et sont très dangereux. Et au niveau du match avec AGIR Recouvrement, Gedimat, il y a du match. On s’est quitté hier avec Bretagne CMB mais on va se retrouver plus tard.

La journée, c’est l’enfer. On se disait avec Gildas qu’étonnamment depuis trois ou quatre jours, on parle d’expéditions polaires, des copains de Gildas d’Under The Pole… On rêve de fraicheur la journée. Ce sont des conditions de navigation agréables même s’il est difficile de se reposer la journée car le bateau devient un four. Mais dès que le soleil commence à tomber sur l’horizon, on en profite pour bien se reposer. »

Keni Piperol, skipper de Marie Galante :

« Les conditions sont calmes. On a 21 nœuds de vent, une mer plate. Ça glisse tout seul. Le ciel est dégagé. On reçoit les conditions de la tête de flotte après eux. Les fichiers nous indiquent un peu moins de vent mais ça semble momentané car nous sommes plus nord. On va bientôt faire un empannage pour aller chercher plus de vent. Tout à l’heure nous nous disions que c’était l’avant-dernier lundi en mer. On compte les jours, on a hâte car ça fera plus de trois semaines de mer. Nous avons envie de reprendre contact avec la terre, avec nos proches. Si nous étions au coude à coude avec d’autres bateaux, il y aurait eu des coups à jouer. Il y a des phénomènes possibles sur l’arrivée mais ce n’est vraiment que lorsque l’on est proche avec d’autres bateaux. Pour nous, c’est un peu différent.
Nous sommes toujours au taquet avec Benjamin. Ça se passe très bien entre nous. »

LE CLASSEMENT 19 AVRIL 5H00

  1. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 1 202,70 milles
  2. CERCLE VERT (Gildas Morvan – Alexis Loison) à 2,93 milles
  3. GENERALI (Nicolas Lunven – Gildas Mahé) à 4,03 milles
  4. BRETAGNE CMB PERFORMANCE (Sébastien Simon – Xavier Macaire) à 11,91 milles
  5. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 34,26 milles

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