Les aléas de la météo…
Fait exceptionnel depuis la création des Voiles de Saint-Barth en 2010 : les organisateurs ont été contraints d’annuler la course du jour, faute de vent suffisant. Les 1100 concurrents en lice sont restés jusqu’à 11 heures sous les ordres du comité de course avant d’être libérés avant le coup d’envoi, demain, de la dernière manche de la compétition. Une manche qui s’annonce déterminante dans la plupart des neuf séries, les égalités étant nombreuses et les écarts infimes. De quoi garantir du spectacle, mais aussi et surtout de belles bagarres entre les équipages qui auront d’autant plus le mors aux dents après une journée de repos forcé !
Entre deux et quatre nœuds de vent d’est : telles étaient les prévisions de ce vendredi sur le nord des Antilles. Malgré toute leur bonne volonté, les organisateurs n’ont donc pas pu lancer de course. « Nous avons régulièrement effectué des relevés tout au long de la matinée, dès 6h30. Dans un premier temps, nous avons pris la décision de retarder le départ puis, à 11 heures, voyant qu’il n’y avait toujours pas de vent, nous avons annulé pour la journée. Il était malheureusement impossible de faire autrement car sur l’eau, il y avait de véritables trous d’air et seulement quelques effets d’accélération sur les tombants des falaises ou dans certaines zones proches de la côte. De plus, les fichiers météo ne donnaient pas de tendance à la brise thermique. Envoyer les coureurs sur l’eau aurait était délicat et nous aurions sans doute assisté à une vraie loterie, ce qui n’aurait eu aucun intérêt sportif », a détaillé Jean Coadou, le Président du comité de course. Son de cloche identique ou presque du côté de François Tolède, Directeur de l’organisation des Voiles de Saint-Barth, confronté pour la première fois depuis la création de l’évènement en 2010, à une telle situation. « Nous avons soufflé dès le matin mais nous n’avons pas réussi à faire venir le vent. C’est très étonnant parce qu’en principe, au mois d’avril, nous bénéficions d’un alizé plutôt bien établi. Ce n’est malheureusement pas le cas cette année. Cela fait partie du jeu. Ce sont les lois d’Eole et nous n’avons pas d’autres choix que de faire avec. C’est la première année sans vent depuis le début de l’histoire des Voiles. Il en fallait bien une ! », a-t-il commenté, un peu fataliste, mais néanmoins optimiste pour cette journée de samedi. De fait, entre 6 et 8 nœuds, toujours de secteur est, sont prévus. De quoi permettre à Jean Coadou et à son équipe de lancer un troisième et dernier côtier pour clôturer en beauté cette 7e édition. Car dans les neufs classes en lice, rien n’est encore joué, loin de là. A titre d’exemple, chez les Melges 24, les trois premiers du classement provisoire actuel sont à égalité de points parfaite et c’est ainsi dans bien d’autres catégories. Dans ce contexte, il va sans dire que ça va batailler ferme… Et qu’il y aura des heureux comme des déçus. Parmi ces derniers, il y a d’ores et déjà l’équipage de Windfall. En tête chez les Maxi 2 après deux courses, les hommes de Tim Googbody parmi lesquels Ian Walker, vainqueur en titre de la Volvo Ocean Race, sont contraints à l’abandon. « Au cours de la journée off, nous avons fait une inspection complète du bateau et nous avons constaté qu’il y avait des dégâts assez sérieux sur le gréement dormant. Le risque de faire tomber le mât ayant été jugé important, la décision a été prise de ne plus continuer la course. Windfall est déjà en route pour Antigua où il va entrer en chantier avant de se rendre en Europe. C’est une grosse déception pour tout l’équipage », a-t-il déclaré.
Ils ont dit :
Sébastien Col, Momo (Maxi 1) :
« En Méditerranée, nous avons l’habitude des pannes de vent. Nous ne sommes donc pas perturbés de ne pas courir ce vendredi. Nous allons devoir assurer ce samedi pour l’emporter. Nous sommes à la bagarre pour la première place avec Proteus, l’autre Maxi de la flotte. La particularité des Voiles de Saint-Barth, c’est que les grosses unités partent après les petites. C’est donc un gros challenge pour nous de les remonter avant de pouvoir allonger. Cela change un peu la donne et rajoute pas mal de piment. En tous les cas, on est à fond. On sait que ça va se jouer à quelques secondes près car les bateaux sont très proches en termes de performance. »
Christine Briand, Lipton (CSA 3) :
« Ce manque de vent, c’est un scénario très inhabituel pour Saint-Barth. C’est la première fois que cela arrive dans l’histoire de l’épreuve, m’a confirmé Luc Poupon. A bord de Lipton, je régate avec des Guadeloupéens qui ne sont pas du tout habitués à naviguer dans des conditions de vent léger. A mon sens, c’est très intéressant. Il y a énormément de nuances et de subtilités dans le petit temps. C’est donc intéressant et je pense qu’on va bien s’amuser pour ce dernier jour de compétition. »
Yves Montanari, La Bête (Maxi 1) :
« Ce vendredi, nous sommes contraints de rester à terre. Cela arrive. Ce sont les aléas de la météo. Nous aurions aimé que le vent soit un tout petit peu plus fort pour régater car notre bateau, l’ex Rambler 90 racheté en juin dernier, est particulièrement à l’aise dans les petits airs. Mercredi, nous avons d’ailleurs battu Comanche, ce qui est une vraie satisfaction pour nous. Nous espérons remettre ça ce samedi, histoire de finir cette édition des Voiles sur une belle note. »
Jackson Boutell, Tonnerre 4 (CSA 0) :
« Les conditions actuelles sont étranges mais les aléas météo font partie de notre sport. Cela n’enlève rien à la beauté de la course. Dans notre classe des CSA 0, la bagarre est très belle, mais aussi très intense. Pour nous, ce n’est pas facile car nous avons affaire à des équipages de TP 52 très affûtés, entièrement professionnels. Le niveau de jeu est particulièrement haut et le fait que nous ayons du petit temps cette semaine ne fait que rajouter de la difficulté. Mentalement surtout. Cela impose d’être très concentré en permanence car un concurrent situé à quelques mètres seulement peut s’échapper à tout moment avec une petite risée. C’est très intéressant. »
Eric Baray, Liquid (CSA 3) :
“ A cette période de l’année, aux Antilles, nous avons généralement un alizé bien établi, entre 18 et 22 nœuds. C’est donc rarissime d’être confronté à une panne du vent. Demain (samedi), nous savons que ce ne sera pas très fort mais quoi qu’il en soit, le plaisir de naviguer sera là. Ce sera essentiellement de la finesse et à bord de Liquid, ça nous va plutôt bien. Il faudra veiller à bien répartir les poids, surveiller l’assiette du bateau, se concentrer sur les réglages et le gréement, déblinder un peu l’étai et relâcher les galhaubans, faire de beaux virements de bord à bascule… Naviguer dans le petit temps impose un autre savoir-faire que dans le vent fort. C’est excitant aussi. »
Mike Toppa, Highland Fling XI (Maxi 1) :
“ Nous jouons la troisième place dans la classe des Maxi 1. Nous nous sommes faits battre par Galateia mercredi, de quelques secondes seulement. A présent, nous sommes à égalité de points, c’est donc le dernier côtier qui va nous départager. Si ça ne coure plus, c’est lui qui l’emporte car il a terminé devant nous à la dernière régate et en cas d’ex aequo, c’est ce qui compte. Nous allons tout donner pour ne rien avoir à regretter. Nous savons que nous ne pouvons pas vraiment lutter face aux deux Maxi 72 qui sont quasi assurés des deux premières places, mais nous allons nous battre pour la troisième place du podium. »
Catherine Pourre, Eärendil (Class 40) :
“ Pas de vent, pas de manche. C’est comme ça. Nous allons en profiter pour aller nous baigner et nous mettre au mouillage dans une petite crique, près d’une caillasse pour aller voir les poissons. Saint-Barth est un lieu magique pour ça, même si nous sommes avant tout venus pour régater. J’espère que nous serons davantage de Class40 la prochaine fois. Je pense qu’il y a moyen d’avoir un nombre de bateaux assez conséquent dans cette classe. J’espère que l’épreuve fera partie du calendrier promotionnel 2017 car elle vaut vraiment le coup. Elle est idéale pour les 40 pieds : le plan d’eau est super, la flotte exceptionnelle. Il faut venir ! »