« Cette nuit est la plus belle nuit de toute la course. Il y 18-20 nœuds, une mer plate, une belle lune » confiait ce matin Nicolas Lunven (Generali) à la vacation de 5h. Sur la longue route qui caractérise cette 13ème édition de la Transat AG2R LA MONDIALE, les marins ont augmenté les quarts de nuit (changement de barreur toutes les 3 heures) afin de garder du tonus jusqu’à Saint-Barthélemy. Car il s’agit maintenant d’un véritable marathon, d’une course d’endurance emmenée au dernier classement par Agir Recouvrement, poursuivi par Gedimat, décalé dans son sud et plus rapide.

Les derniers de la flotte souffrent. Les conditions sont loin d’être les mêmes entre la tête et la queue de flotte. Erwan et Yannig Livory sur Lorientreprendre s’arrachent les cheveux dans un vent très variable en force et en direction. « Depuis maintenant pas loin de 36 heures nous passons de 5 à 35 nœuds en 15 minutes… Du près à du spi, des empannages aux virements ! » nous envoyaient les frangins cette nuit, relégués à 705 milles du tableau arrière des premiers ! L’élastique continue donc de se tendre. Et le moral en prend un sérieux coup…

Bataille navale

Sur le papier, Adrien Hardy et Vincent Biarnès (Agir Recouvrement) sont aux commandes du classement sur une route légèrement plus proche de l’orthodromie que leurs poursuivants. Au passage, on notera que le tandem Gildas Morvan et Alexis Loison a fait les frais de son option tranchée sur une route très nord : les deux lascars ont perdu leur coup de poker et avancent 2 milles moins vite que les leaders. En revanche, Thierry Chabagny et Erwan Tabarly filent bon train à près de 10 nœuds et devraient logiquement prendre les rênes de la flotte dans quelques heures. Eux-mêmes sont étonnés de cette formidable bataille navale qui s’opère depuis le départ de Concarneau. « C’est motivant mais c’est usant de naviguer proche de Bretagne – CMB Performance » confiait tout de même Nicolas Lunven (Generali) à la vacation matinale. Ces deux équipages marqueront probablement cette 13ème édition de la Transat AG2R LA MONDIALE par leur mano à mano qui ne cesse de durer. La route est certes longue, mais la course est belle, comme cette nuit au beau milieu de l’Atlantique…

VACATIONS

Erwan Tabarly Gedimat

« C’est la pleine nuit actuellement. On a repris un peu de vent par rapport à la journée. On se relaie à la barre. En ce moment on a beaucoup de lune, on voit très bien, on n’a quasiment pas besoin d’allumer les lampes quand on est dehors. Nous sommes contents de notre course jusqu’à présent. Il reste encore 9 jours de course. C’est encore très long. On a choisi une route assez sud depuis un certain temps. La suite ? Il y a encore pas mal d’incertitudes. On a eu un début de course difficile avec une première semaine compliquée mais depuis une semaine, nous avons des conditions assez maniables, nous sommes au portant. La fatigue s’accumule un peu mais nous avons le temps de bien se reposer. On a vu beaucoup de dauphins. Thierry a vu une baleine. Il y a une semaine, j’en voyais une également. Thierry et moi nous entendons bien. L’ambiance à bord est bonne. Le fait d’être devant joue aussi sur la bonne humeur. Les journées se ressemblent un peu en ce moment mais on est en forme. Maintenant, je vais aller barrer à la place de Thierry. La journée, nous sommes en plein soleil, nous avons moins la possibilité de dormir. »

Nicolas Lunven, Generali

« Cette nuit est la plus belle nuit de toute la course. Il y a 18-20 nœuds, une mer plate, une belle lune, c’est très agréable. Le début de nuit, on fait chacun trois heures de sommeil et après on passe à un rythme de deux heures. La journée, il n’y a pas de rythme. Chacun fait une très longue sieste, très récupératrice. On bataille bien avec Bretagne – CMB Performance. C’est le yoyo entre nous. Nous étions un peu déçus car nous accusions un peu de retard sur eux mais je ne sais pas, par quelle opération miraculeuse, on est revenus sur eux. Le fait de naviguer au contact permet de se jauger mais c’est aussi un peu pesant car on se compare tout le temps à l’adversaire. Il faut faire attention à ne pas s’emporter et ne pas faire n’importe quoi avec nos amis de Bretagne – CMB Performance car la route est encore longue. Il vaut mieux s’atteler à bien choisir sa route que passer son temps à les observer. »

Arthur Prat, Les Saintes

« Nous sommes plutôt bien positionnés. On croit en notre option. On espère pouvoir remonter notre écart de 200 milles avec les autres de devant. On a la lune avec nous. C’est bien pour naviguer d’autant que nous avons un vent plus favorable que sur les fichiers. On pensait faire une longue nuit au départ et finalement il y a plus de vent avec un meilleur angle, c’est mieux ! On a encore du jus. Certes, on est un peu fatigués pendant la nuit mais globalement on est en forme. La route est encore longue. On se rationne un peu pour ne pas se faire piéger à la fin. Nos quarts sont plus longs dans la journée mais la nuit on dépasse rarement une heure et demie. C’est assez rigoureux. Là, c’est le désert marin, ni dauphins, ni baleine à part les poissons-volants et les calamars sur le pont. Nico qui est un pêcheur dans l’âme attend de pêcher un encornet frais pour le cuisiner. La terre me manque moins qu’il y a deux ans. Cette année, nous sommes très pris par la course. Nous envoyons cependant régulièrement des mails à nos proches. Le pilote automatique est mis en fonction des conditions. Il y a deux heures, nous étions sous pilote car l’angle du vent le permettait mais c’est vrai qu’on barre assez souvent. »

LE CLASSEMENT DU 16 AVRIL 05H00

  1. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 1761,78 milles de l’arrivée
  2. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 3,56 milles du premier
  3. CERCLE VERT (Gildas Morvan-Alexis Loison) à 19,73 milles
  4. BRETAGNE-CMB PERFORMANCE (Sebastien Simon-Xavier Macaire) à 22,23 milles
  5. GENERALI (Nicolas Lunven-Gildas Mahe) à 23,79 milles

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