Cette nuit, le cap Vert !
Jamais, dans l’histoire de la Transat AG2R LA MONDIALE, les équipages n’étaient descendus aussi bas dans l’Atlantique pour rejoindre Saint-Barthélemy. Cette nuit, aux alentours de 2h du matin, les premiers devraient pointer leurs étraves devant les eaux poissonneuses de l’Archipel du cap Vert. Un moment clé dans la course pour les 7 équipages en tête. Gedimat conservera-t-il sa place de leader face à un Agir Recouvrement remonté comme une pendule ? En queue de peloton, Cuisines Ixina, Free Dom Services à Domicile et Lorientreprendre prennent beaucoup de retard : 356 milles au dernier pointage. Et cela risque de continuer…
Sal, Boavista, Sao Vincente, Maio… des noms qui chantent déjà dans la tête des skippers. En cette fin d’après-midi, Cesaria Evora doit sans doute envahir les cockpits des Figaro Bénéteau 2 alors que les conditions de navigation sont « idylliques », selon Gildas Morvan (Cercle Vert). 20 nœuds, mer belle, de quoi filer à plus de 9 nœuds, les étraves pointées vers l’archipel cap verdien que personne n’a encore traversé en mode course !
De l’importance des petits décalages
80 milles en latéral séparent Cercle Vert, qui a choisi une trajectoire nord, de Generali, plus au sud. « On s’est décalés au vent pour ne pas rester dans le sillage des leaders. Nous verrons bien ce que ça donnera… Nous provoquons les opportunités ! » confiait Alexis Loison (Cercle Vert), à la vacation de la mi-journée. C’est sûr, derrière les deux leaders Gedimat et Agir Recouvrement, on tente des coups, on cogite, on croit en un retournement de situation, on en devient presque superstitieux : Nicolas Lunven (Generali) n’a toujours pas retiré ses chaussettes rouges porte-bonheur qu’il porte depuis le départ de Concarneau… Bref, le résultat des stratégies de chacun se verra au moment d’embouquer les alizés profonds après le passage du cap Vert, ces vents d’est toniques, parfois capricieux, mais qui pousseront d’une traite les équipages vers Saint-Barthélemy. Le suspense reste à son comble concernant les deux tandems Gedimat et Agir Recouvrement qui se contrôlent depuis 5 jours maintenant… Sans compter Xavier Macaire et Sébastien Simon (Bretagne – CMB Performance) qui reviennent comme des balles !
Savoir être philosophe
« Bon c’est quoi ce bazar ? On m’avait vendu du rêve avec des descentes sous spi en maillot de bain dans les alizés et on se retrouve à faire du près en Bretagne avec un bonnet » nous écrivait Stéphanie Jadaud à bord de Free Dom Services à Domicile. Stéphanie et Tolga sont encore à la peine avec les deux équipages Cuisines Ixina et Lorientreprendre. Si en vérité, ils en ragent de ne pas avaler les milles comme leurs camarades, ils tentent de le prendre avec philosophie en concoctant des vidéos croustillantes. Leur retard se compte désormais en jour, d’autant qu’ils ne devraient commencer à glisser que dans 48 heures !
TROPHEE DE LA PERFORMANCE
Le Trophée de la Performance du Mardi 12 avril est remporté par Agir Recouvrement (Adrien Hardy & Vincent Biarnes) avec 164,6 milles parcourus en 24H
LA PHRASE DU JOUR
« Le point positif depuis 2 jours : on arrive à se caler de vrais repas à midi et le soir, assis tranquillement dans la descente, sans avoir à se tenir. » Adrien Hardy, Agir Recouvrement
ILS ONT DIT OU ECRIT
Sam Matson, Artemis :
« Nous aimerions naviguer et passer plus de temps par ici ! Cela fait une heure et demie que je suis sur le pont en short à surfer entre 13 et 15 nœuds de vitesse. Nous travaillons notre trajectoire pour aborder le cap Vert, nous devrions passer entre les îles. Nous devons trouver le meilleur angle et le meilleur rapport cap-vitesse. Ce sera peut-être juste à côté de l’île la plus au nord. C’est une course incroyable ! Nous ne pensions jamais passer si sud dans l’Atlantique ! »
Stéphanie Jadaud, Free Dom Services à Domicile :
« On avait décidé de faire une route nord avant d’arriver aux Canaries. On trouvait que c’était cher payé d’aller dans le sud. Ça faisait rallonger la route pour aller chercher des alizés hypothétiques. Mais on s’est fait empétoler entre les îles. C’était un peu pénible entre Tenerife et La Palma. C’est parfois une guerre de patience. Des dauphins nous ont accompagnés toute la nuit. Et avec le plancton phosphorescent, ça faisait comme des torpilles dans l’eau, c’était magnifique. Là, ça reprend. On a 12 nœuds de vent. Le bateau commence à avancer de nouveau. Pour le choix de route, on va voir comment les fichiers évoluent dans la journée. Je trouve ça compliqué de réussir à anticiper et d’assumer son choix jusqu’au bout. »
Erwan Livory, Lorientreprendre :
« Ça irait mieux si on pouvait aller plus vite ! Nous sommes dans la pétole, en train d’essayer de sortir des Canaries, on tire des bords au près dans 4 nœuds de vent. On pense que ça va se dégager un jour, mais ce n’est malheureusement pas pour aujourd’hui. On a du mal à saisir ce qui se passe. On n’a pas le vent des fichiers. Nous payons notre décalage dans l’Est suite à notre escale technique à Lisbonne. A bord, on désamorce la situation, on s’est amusés à faire des petites vidéos. Et on s’est fait un cassoulet pour se remonter le moral hier ! »
Alexis Loison, Cercle Vert :
« C’est cool. Ça glisse tranquillement sous spi en direction du cap Vert. On allait attaquer le petit déjeuner. On s’est décalés au vent pour ne pas rester dans le sillage des leaders. On verra ce que ça donnera… On provoque les opportunités. Même si on a encore un peu de mer, les conditions de navigation sont plus humaines, du coup, on s’est bien reposés et on en a profité pour réparer des petites bricoles (une poulie de grand-voile entre autres), pour avoir le bateau à 100% de ses capacités »
Adrien Hardy Agir Recouvrement :
« On a entre 18 et 22 nœuds plein vent arrière, tribord amure. On a des petites bascules de vent à négocier. La mer est relativement plate, les conditions sont agréables. Nous avons toujours Gedimat, trois milles à notre vent. Je pense qu’on va l’avoir comme ça jusqu’à l’arrivée. C’est une belle régate. On est contents parce qu’on a réussi à gagner du terrain sur eux, on doit être à égalité. On va passer entre les îles du cap Vert. On est en train d’affiner tout ça. Ce sera le dernier passage avec du placement à faire et des dévents à négocier. On a fait un bon check du bateau, changé la drisse de spi, vérifié les spis et on passe de nombreuses heures à la barre. Le point positif depuis 2 jours : on arrive à se caler de vrais repas à midi et le soir, assis tranquillement dans la descente, sans avoir à se tenir ».
Kéni Piperol, Marie Galante :
« On est au niveau de la Mauritanie. C’est désertique comme paysage. C’est beau mais très aride. On voit pas mal de pêcheurs dans leur petite barcasse. Il y en a des dizaines. Le bateau avance bien, on a environ 13 nœuds de vent et une mer plate. A bord, tout se passe super bien avec Ben. Depuis les Canaries, on a bien récupéré de notre fatigue. Maintenant, on est à nouveau au taquet. La route sud a l’air de se confirmer, y compris pour nous, même si nous sommes loin derrière. Mais on ne sait pas encore si on laissera le cap Vert à bâbord ou à tribord. Sinon, après 9 jours de course et sans une seule douche, ça commence à gratter un peu partout et à sentir le fauve dans le bateau ! »
LE CLASSEMENT 12 AVRIL 16H00
- GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 2350,17 milles de l’arrivée
- AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 12,79 milles du premier
- BRETAGNE-CMB PERFORMANCE (Sebastien Simon-Xavier Macaire) à 13,27 milles
- CERCLE VERT (Gildas Morvan- Alexis Loison) à 25,18 milles
- BELLOCQ PAYSAGES SAVEURS DE CORNOUAILLE (Martin Le Pape-Eric Péron) à 30,81 milles
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