A gagne petit jusqu’au cap Vert
Pas de changement de hiérarchie dans la grande transhumance vert le Cap Vert. Ni de grandes manœuvres stratégiques. Pour tous, c’est cap au sud-ouest en direction de l’archipel Portugais dans des conditions de portant plus douces, propices au sommeil et à la récupération. Les bateaux marchent à 10 nœuds sur une mer quasi plate. Dans cette course de vitesse sous spi, il y a tout de même des petits coups à tenter. A l’instar de Generali qui s’est décalé au sud des leaders
En tête, les paires Chabagny/Tabarly et Hardy/Biarnes suivent exactement la même trace. Ces deux-là sont inséparables depuis presque une semaine. Longtemps en tête, Agir Recouvrement s’est fait doubler la nuit dernière le long des côtes marocaines sur quelques petits coups offensifs portés à bon escient par Gedimat, quelques empannages placés au bon moment qui ont permis à Thierry et Erwan de se positionner en tête… de quelques mètres seulement.
Vitesse et patience
Mais désormais que le vent est stable et que les 10 premiers bateaux évoluent sur un même bord tribord, dans les mêmes conditions (flux de nord, 20 nœuds) et à la même vitesse, il devient très difficile de faire la différence. A bord de Generali, Nicolas Lunven et Gildas Mahé, ont tenté un léger décalage au sud de leurs adversaires. « Nous ne sommes pas 100% sûrs de notre coup, avouait Nicolas à la vacation du matin, mais nous pensons qu’il y aura un peu plus de pression au sud. En attendant, pour tous, ce sera un jeu de concentration, de patience et de gagne petit pendant 24 heures, jusqu’au cap Vert.
Des courses dans la course
A plus de 200 milles de la tête de flotte, trois équipages peinent encore dans des vents faibles du côté de l’archipel des Canaries. Parmi eux, Cuisines Ixina, dont l’équipage a finalement renoncé à sa route nord pour prendre le chemin des alizés. Une petite course dans la course va animer ce groupe de trois bateaux dont le retard se compte désormais en jours de navigation.
La vie est belle
Le dénominateur commun, pour tous est l’amélioration des conditions de navigation. La vie en mer a pris une tournure plus douce. Les quarts ont doublé et les marins tournent désormais toutes les deux heures à la barre. De quoi rattraper le temps perdu à la bannette. Les leaders, eux, profitent en plus des températures en hausse. Les vestes de quart et les salopettes de ciré ont été remisées au placard. Sur le pont, de jour comme de nuit, les shorts sont de sortie..
VACATIONS / ILS ONT DIT
Thierry Chabagny, skipper de GEDIMAT :
« C’est encore la nuit et ça va bien. On a du vent pour 20 nœuds. Les conditions sont assez tranquilles par rapport à ce qu’on a eu les derniers temps. Le ciel est clair et nous faisons route tranquillement vers le Cap Vert.
On a attaqué. Il y a eu quelques empannages à faire le long du Maroc, vers Dakhla. On a toujours essayé d’empanner plus tard ou plus tôt que lui pour créer du décalage. A chaque fois, ça nous a permis de nous rapprocher un peu plus de Agir Recouvrement. Lui, il a dû naviguer en regardant trop derrière lui. Et en vitesse, on allait plutôt pas mal. Petit à petit, nous nous sommes rapprochés. On a été bord à bord. Et on a refait un petit coup sur un empannage un peu plus tôt que lui. Nous avons eu plus de vent pendant une demi-heure et on est passé devant.
Depuis ce matin par contre, on n’arrive plus à faire la différence. Nous étions inspirés mais depuis, on fait un peu tout droit. Et on se rend compte qu’en vitesse, nous sommes hyper proches. Comme il n’y a pas vraiment de stratégie pour aller jusqu’au Cap Vert, il n’y a plus de différence.
Là, je vois son feu vert. Il est un peu derrière mais pas loin. Il est décalé sous le vent. Si on empannait, on croiserait à 0,6 ou 0,8 milles devant lui. Nous ne nous sommes pas encore appelés, on va finir par le faire mais pour l’instant, c’est l’omerta. Nous avons attaqué la deuxième caisse de nourriture. On a rangé la première. On essaye d’organiser un peu à bord. Nous avons profité des conditions pour checker sur le pont mais nous ne sommes pas montés en tête de mât. C’est un suivi permanent mais nous n’avons pas fait d’inspection générale.
On a cassé des poulies, une grosse poulie de renvoi de spi nous a lâchés. On a un bout qui s’est abîmé aussi mais pour l’instant, rien de grave. J’ai un peu les fesses mâchées parce qu’on est assis tout le temps. On récupère bien, nous faisons des quarts assez importants de plus de deux heures. Il fait plus chaud, c’est vraiment agréable. On va passer le Cap Vert demain dans la journée. On va passer pas loin de l’île de Sal. Encore un spot de kite ! C’est la route des spots ! »
Nicolas Lunven, skipper de GENERALI :
« Les conditions sont très sympathiques. Il y a du vent, ça se réchauffe. Nous ne sommes pas les plus malheureux. On s’est décalé un peu au sud de nos camarades. On va bien voir ce que ça donne. On n’est pas sûrs de nous mais nous avons vu cette petite ouverture et on l’a prise. On essaye, on verra bien. Ce n’est pas clair sur les modèles météo mais voilà ce qu’on espère : avoir un peu plus de vent dans le sud.
On ne tente pas quelque chose en désespoir ou pour passer le temps. On a bien regardé avec Gildas et on l’a fait car on pensait qu’il y avait peut-être quelque chose à gagner. Si on n’y croyait pas, nous ne l’aurions pas fait.
Nous avons une vingtaine de nœuds de nord. Ça glisse bien sous spi, c’est plutôt agréable. Nous avions déjà fait un check du bateau avant-hier pour vérifier que tout allait bien. A priori, pas grand-chose. On a simplement changé une poulie.
On s’alimente bien, on dort bien depuis que le vent s’est calmé. Le moral est bon, tout va bien. »
Tanguy Le Turquais, skipper de Cuisines Ixina :
« On est au portant tranquille. Il y a un peu de vent, c’est quasiment les vacances. Nous étions partis sur une option nord. On s’est aperçu que ça ne passait pas, nous nous sommes donc recalés au sud, quatre jours derrière les premiers. C’est un peu dur sur le plan stratégique mais on va jouer avec Free Dom Services à domicile et Lorientreprendre. On va finir ça comme ça. On a un peu retourné notre veste au dernier moment. Dans l’ensemble, nous avons résolu nos problèmes techniques. On n’a plus qu’un spi. Il nous reste une épave de spi à l’avant non réparable. On a eu un gros problème de moteur mais on a réparé. Ça reste fragile mais pour l’instant ça fonctionne. On a fait un check du gréement. De visu, tout va bien donc on espère arriver à Saint-Barth. Avec nos vidéos, on partage avec les gens. On ne veut pas traverser l’Atlantique juste pour notre pomme !
C’est la première nuit aussi belle. On navigue tribord amure, la mer est plate. Il y a 10 nœuds. Le bateau avance tout seul. On a une lune sur notre tribord. C’est une nuit super agréable comme nous n’en avons pas eue depuis le début. »
LE CLASSEMENT 12 AVRIL 5H00
- GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 2 431,13 milles
- AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 2,23 milles
- BRETAGNE CMB PERFORMANCE (Sébastien Simon – Xavier Macaire) à 13,36 milles
- CERCLE VERT (Gildas Morvan – Alexis Loison) à 28,11 milles
- BELLOCQ PAYSAGES – SAVEURS DE CORNOUAILLE à 34,83 milles
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