Les 14 équipages de la Transat AG2R LA MONDIALE s’apprêtent à passer le waypoint (point virtuel) obligatoire situé au nord de Las Palmas. Ce moment clé de la course se prépare déjà depuis 24 heures. A 170 milles de l’archipel, les trajectoires s’affinent. Adrien Hardy (Agir Recouvrement) et Milan Kolacek (Fulgur Evapco) nous l’ont confirmé à la vacation de 5h : ils passeront entre les îles de Gran Canaria et de Fuerteventura, pour ensuite continuer vers le sud chercher les alizés. Si le tandem anglais Matson/Elsey sur Artemis est en tête ce matin, c’est parce qu’ils sont le plus proches de la route directe ! Le jeu reste très ouvert dans cette discipline où la météo dicte sa loi…

Ils ont hâte les marins. Hâte d’enlever les trois couches qui les protègent de ce froid pinçant qui ne les quitte pas depuis la Bretagne. Ce matin encore, tous « baignent dans leur jus », vivent dans l’humidité permanente, car le vent de nord-est se montre toujours aussi vigoureux (entre 25 et 35 nœuds). Mais les conditions s’améliorent nettement, les étoiles ont brillé cette nuit, la visibilité est meilleure, ça sent la lumière au bout du tunnel…

Prudence dans l’archipel

Le vent ne devrait pas mollir tout de suite et le passage entre les îles promet de belles accélérations. Le point le plus haut des Canaries, le pic de Teide (3715 m) se situant sur l’île de Tenerife, la plus à l’ouest, les équipages ne seront pas gênés par les dévents. Leur plus grand bonheur sera de voir la terre ! « On approche des Canaries. Ça va être sympa de voir un peu de paysage puisque la dernière terre que l’on a vue était la Pointe de Penmarc’h. Ça va me rappeler des petits souvenirs de mes débuts en course au large. J’avais fait escale à Lanzarote. Nous allons passer entre Fuerteventura et Gran Canaria. » racontait Adrien Hardy (Agir Recouvrement) tôt ce matin.

Bifurcation de Cercle Vert (Morvan/Loison)

Alexis Loison, joint hier soir, annonçait leur intention de passer entre les îles et la côte marocaine. Ce matin, le tandem a empanné, se recalant vers la route de ses petits camarades. Il semblerait bel et bien que la meilleure trajectoire se passera entre Gran Canaria et Fuerteventura. Une journée de glisse dans un décor carte postale… Entre les manœuvres et la stratégie, tous ont promis d’envoyer des images pour nous faire vivre ce moment qui marque le premier tiers de la 13e édition de la Transat AG2R LA MONDIALE.

VACATIONS / ILS ONT DIT

Erwan Tabarly, co-skipper de Gedimat :

« En ce moment, c’est toujours au portant sous spi. Nous avons 30 noeuds de vent établi avec des rafales à 35 voire 37. Ca déboule bien. Il faut être assez concentré car on peut vite faire une sortie de route, un départ au lof. Il faut être précis à la barre. Tout se passe bien avec Thierry. Pour les Canaries, on va voir les îles. Nous avons choisi où on allait passer. On va passer ça aujourd’hui, dans 6 à 7 heures. Ça va être sympa de voir de la terre. Le vent va mollir après ce passage. Ce sera un moment qu’on attend car pour l’instant, les conditions demandent beaucoup plus d’énergie. Nous ne sommes pas trop fatigués.

A priori, nous sommes partis pour faire une route sud après les Canaries. On va essayer de rester dans ce vent de nord est le plus longtemps possible. Il faudra à un moment donné s’arrêter de faire du sud et partir vers l’ouest. Il y aura donc des empannages à faire pour rester dans la pression et se rapprocher du but.

Pour l’instant, nous sommes encore bien habillés. J’ai trouvé que c’était assez froid ce début de course. Je n’ai pas beaucoup enlevé les couches encore. Peut-être à partir d’aujourd’hui… Nous sommes déçus pour MACIF. Nous avons connu cela il y a deux ans. C’est pénible d’abandonner et de ramener le bateau. Ce n’est jamais agréable de voir un bateau sans mât. Mais on reste au maximum quand même. On ne va pas mollir mais on a en tête notre démâtage de la dernière fois. On n’est jamais à l’abri d’une casse matérielle. »

Adrien Hardy, skipper de Agir Recouvrement :

« Nous sommes à 190 milles de Lanzarote. On approche des Canaries. Ça va être sympa de voir un peu de paysage puisque la dernière terre que l’on a vue était la Pointe de Penmarc’h. Ca va me rappeler des petits souvenirs de mes débuts en course au large. J’avais fait escale à Lanzarote. Nous allons passer entre Fuerteventura et Gran Canaria. C’est un passage assez large, les îles sont grandes. Il peut y avoir un peu d’accélération et un peu de dévent mais ça devrait aller. Ce ne sont pas les îles les plus hautes. La nuit a été plus sympa. On voit des étoiles, on voit des vagues. On distingue la mer du ciel. Cela nous permet de faire route facilement et le vent a molli puisque nous avons entre 22 et 32 nœuds.

Nous sommes plus détendus en barrant le bateau. On fait des quarts d’une heure et demie au lieu d’une heure la nuit d’avant. Nous sommes contents. Bretagne CMB était plus rapide hier, on va voir ce que ça donne au prochain classement. Nous sommes désolés pour MACIF et pour la course. Ca faisait un bon compagnon de route, un bel adversaire. La journée d’hier a été assez ventée. La première nuit où on a eu du vent, nous n’étions pas encore dedans. Nous étions un peu impressionnés par les vitesses et le comportement du bateau. Mais là, ça va. Quand le vent va retomber, on va peut-être trouver cela un peu long. »

Milan Kolacek, skipper de Fulgur Evapco :

« A bord, c’est musclé. C’est la troisième nuit sous spi, à fond. On est un peu fatigué. On essaye de se reposer, de bien manger et de garder la vitesse avec le plus de toile possible. Après la deuxième nuit sous spi durant laquelle nous avons fait pas mal d’erreurs, nous avons beaucoup appris. Nous sommes plus à l’aise maintenant. Le bateau est facile à barrer. C’est très sympa.

On a réparé hier la Grand-Voile . Nous avons changé de latte. Elle est un peu courte mais ça va. C’est un bonheur de voir les températures remonter. C’est plus sympa comparé aux deux premières nuits. Nous sommes en train de préparer un empannage pour dans une heure. On va passer entre Gran Canaria et Fuerteventura. On restera dans le flux de vent pour essayer de maintenir une bonne vitesse. L’ambiance est super à bord. On trouve le temps de rigoler même si on essaye de rester concentré. Ça se passe très très bien entre nous après une semaine. »

LE CLASSEMENT 9 AVRIL 5H00

  1. ARTEMIS (Sam Matson – Robin Elsey) à 2 755,56 milles
  2. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 1,70 milles
  3. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 7,35 milles
  4. BRETAGNE CMB Performance (Sébastien Simon – Xavier Macaire) à 11,39 milles
  5. GENERALI (Nicolas Lunven-Gildas Mahe) à 23,93 milles

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