Francis Joyon Repart !
C’est officiel : Francis Joyon va lancer dès l’automne prochain une nouvelle tentative pour améliorer le record du Trophée Jules Verne. Ce sera de nouveau à bord de son trimaran ultime IDEC SPORT qu’il tentera de descendre sous la barre des 45 jours. Interview.
Francis, cette fois c’est officiel : un an après votre première tentative, vous repartirez dès l’automne prochain autour du monde, à l’assaut du Trophée Jules Verne ?
« Oui, voilà… on a un job à finir, donc on y retourne ! Lors de notre arrivée à Brest le 8 janvier dernier (pour mémoire en 47 jours, 14 heures et 47 minutes), nous avions même évoqué l’idée de repartir quelques jours plus tard… mais c’était davantage sur le ton de la plaisanterie, car il y avait tout de même un peu de travail à faire sur le bateau. Cette fois, c’est du sérieux : nous déclencherons un stand-by dès la fin octobre de cette année pour lancer une nouvelle tentative. »
Ce stand-by peut durer jusqu’à quelle date ?
« Disons des derniers jours d’octobre 2016 jusqu’à fin janvier 2017. La saison se termine fin janvier, selon moi. Certes, il y a eu des Trophée Jules Verne améliorés avec des départs plus tardifs mais le chrono à battre était un petit peu moins pointu à atteindre que maintenant, je pense. Là, on a bien vu que tourner en moins de 45 jours et 13 heures n’était pas évident du tout et les dates idéal de stand-by sont celles-ci. »
Et vous repartirez avec le « petit » mât?
« Absolument, car c’est un ensemble : partir avec ce mât réduit permet de gagner au moins deux tonnes. Car comme nous sommes en équipage réduit, à six marins seulement, cela permet de gagner du poids d’équipage, mais aussi du poids de matériel et de nourriture embarquée, du poids de cordages, etc… Je pense que c’est la bonne formule. D’autant que lorsqu’on analyse notre tour du monde, il apparait clairement que nous n’aurions pas fait mieux avec le grand mât ! Notre choix apparait cohérent, car même si nous n’avons pas battu le record, notre première expérience dans cette configuration a démontré que nous étions performants. En tournant en 47 jours, nous avons montré que nous n’étions tout de même pas loin de l’objectif de reprendre ce record à Loïck Peyron… qui, pour l’anecdote, est d’ailleurs notre voisin de ponton à La Trinité-sur-mer : il prépare sa Transat Anglaise pendant que nous préparons notre nouveau Trophée Jules Verne… »
Comment améliorer le trimaran IDEC SPORT pour le rendre encore plus performant?
« Nous cherchons à gagner encore un peu de poids, tout en optimisant le plan de voilure. Avec le même mât, nous allons augmenter la surface de la grand voile et la surface des voiles d’avant, en particulier celle du grand gennaker. L’idée est évidemment que le bateau soit un peu moins pénalisé dans les conditions légères, dans le petit temps. »
Dans quelles zones géographiques, sur quels partiels du tour du monde estimes-tu qu’on peut encore gagner du temps ?
« D’abord je note que nous étions encore dans le coup au cap Horn et que c’est la remontée de l’Atlantique qui nous a plombé. Auparavant, nous avions été très performants du départ jusqu’à l’Equateur puis sur la traversée de l’océan Indien (record du monde en 7 jours pile, ndr). Mais c’est certain qu’on peut faire mieux sur la descente de l’Atlantique Sud, entre l’Equateur et Bonne Espérance, puis sur le Pacifique et enfin sur la remontée Atlantique. Sur le Pacifique par exemple, nous n’avons pas eu les conditions habituelles de grands vents puissants qui auraient été favorables à notre petit gréement. Nous y avons même connu des situations anticycloniques ! Avec les grands vents dépressionnaires établis, nous aurions forcément navigué beaucoup plus vite, nous aurions eu alors une vraie avance au cap Horn. »
L’objectif…
(Francis coupe en riant) « C’est toujours le même ! Améliorer d’une heure minimum les 45 jours 13 heures et 42 minutes qui sont toujours la propriété de l’équipage de Loïck (Peyron) ! Inutile de tirer d’autres plans sur la comète. S’il y avait le moindre doute sur le fait que ce soit difficile à atteindre, je rappelle que nous avons été deux bateaux à échouer cet hiver. Ce record est difficile. C’est pour ça aussi qu’il est passionnant à tenter! »
Cette tentative sera ton cinquième départ autour du monde, le deuxième en équipage… Qu’est ce qui te motive encore après toutes ces années à te battre sur l’eau contre les grands records planétaires?
« Mais ce n’est jamais deux fois la même chose ! D’une part le parfum de l’aventure est toujours là et d’autre part l’objectif sportif est vraiment costaud à atteindre. Cela me fait au moins deux bonnes raisons d’y retourner ! Encore une fois, nous avons un boulot à terminer… »
Il ne reste que sept mois avant le prochain départ autour du monde. Quel est le programme d’IDEC SPORT pendant ce laps de temps?
« Nous allons à Douarnenez pour le Grand Prix Guyader faire des runs de vitesse et embarquer de jeunes champions (lire notre article précédent). Ensuite, nous descendons en Méditerranée courant mai faire des relations publiques pour le Groupe IDEC. Si la météo le permet et qu’il y a un temps mort, je ferai peut être une tentative en solitaire sur le record des 24 heures. Mais le grand objectif 2016 est bien entendu ce Trophée Jules Verne. Aussi nous mettrons le bateau en chantier dès le mois d’août pour faire une préparation bien plus approfondie que la dernière fois, où le stand-by avait commencé un mois et demi seulement après avoir réceptionné le bateau. Là, nous aurons le temps de travailler plus sereinement, plus en profondeur. »