En ce début de matinée du troisième jour de course, en même temps que les premiers concurrents doublaient le cap Finisterre, le vent de nord-ouest tant espéré s’est rapidement mué en un souffle vigoureux (25 nœuds), faisant l’effet d’un grand coup de pied dans les tableaux arrière. Pour la première fois depuis le début de la transat, les speedo affichent des vitesses à 2 chiffres : 10,12,13 nœuds. Ce n’est que le début d’une longue glissade à haute vitesse en direction des Canaries.

Les hommes de l’ouest ont été les premiers, ce matin, à hisser le grand spi et à accélérer. Dans des rafales de plus en plus soutenues, il a rapidement fallu matosser le matériel à l’arrière des bateaux pour soulager les étraves et attiser les surfs.

100 milles de retard pour les derniers

Cet après-midi, tout le monde était à la même enseigne à deux exceptions près : Guadeloupe et Free Dom Services à Domicile. En queue de peloton, ces deux équipages, les seuls à être passés à l’est du DST, se sont fourvoyés dans une zone de pétole. Résultat, au classement de 16h00, ils accusaient respectivement 100 et 106 milles de retard sur la tête de course ! Cette journée qui inaugure un nouveau chapitre dans la course, un nouveau registre de navigation, révèle aussi l’ampleur des écarts après 400 milles parcourus depuis Concarneau.

Generali emmène le quatuor de tête

Aux commandes depuis mardi midi, Nicolas Lunven et Gildas Mahé (Generali) conservent leur leadership au sein d’un groupe de 4 bateaux échappés en tête. Un quatuor composé d’Agir Recouvrement (Hardy/Biarnes), Skipper Macif (Dalin/Richomme) et Gedimat (Chabagny/Tabarly). Dix milles derrière eux, Sébastien Simon et Xavier Macaire (Bretagne-CMB Performance) tentent de combler le retard accumulé il y a 36 heures, lorsqu’ils se sont retrouvés bloqués sous un nuage. Cercle Vert (Morvan/Loison), un des grands favoris de l’épreuve, est quant à lui relégué à 30 milles des premiers. Or, les 70 prochaines heures en direction du waypoint des Canaries vont s’apparenter à un tout droit sous spi. En l’absence d’opportunité stratégique, il ne sera pas évident de rattraper son retard. Seule la qualité du pilotage à haute vitesse, l’attention à la barre et l’absence de casse feront la différence. Le flux de Nord va sensiblement se renforcer demain le long des côtes portugaises. Avec 30 à 35 nœuds plein vent arrière, la navigation relèvera bientôt de l’exercice de haute voltige.

LE MOT DU JOUR : DRONE

Petite surprise ce matin à la réception de la vidéo du bord de Gedimat : des images aériennes filmées par le drone de Thierry Chabagny ! De magnifiques images du bateau rouge et blanc glissant tranquillement sur la grande houle de l’océan. En plus des nouveautés techniques inaugurées sur cette 13e Transat AG2R LA MONDIALE permettant aux équipages de transmettre des images du bord, deux équipages ont embarqué un drone (Gédimat et Bellocq Paysages – Saveurs de Cornouaille) qui permettront, pour la toute première fois en Figaro Bénéteau de filmer les bateaux en course depuis le ciel.

ILS ONT DIT

Vincent Biarnès, Agir Recouvrement :

« Il y a un peu de changement ce matin ! Nous avons envoyé le spi, et on ne va pas le lâcher jusqu’à longtemps. Nous sommes contents parce que nous avons pu passer devant nos camarades Gedimat et Skipper Macif. On avait pris une option ouest assez tôt et elle a porté ses fruits cette nuit. Nous sommes très satisfaits, le seul regret c’est que Generali nous a faussé compagnie. Mais on a bien joué le coup. Maintenant, ça glisse bien, le vent forcit régulièrement, nous marchons à 12 nœuds. Il fait gris, il ne pleut plus, cette nuit, nous sommes passés sous un front chaud, c’était bien humide. Le vent fraichit en ce moment. C’est agréable d’avaler des milles. C’était long de se dépêtrer de ce golfe de Gascogne. »

Stéphanie Jadaud, Free Dom Services à Domicile

« Ça se passe bien sauf que nous sommes empétolés depuis un petit moment. L’équipage a le moral, c’est le principal, car les trois premiers jours, nous avons été terrassés par le mal de mer. C’est la première fois qu’on a été autant malades avec Tolga. Ça nous a achevé ! Depuis le début, j’ai du mangé un petit plat de pâtes, et quelques céréales. L’appétit n’est pas au rendez-vous. Il faut que je reprenne des forces avant que le vent rentre ! Nous avons vu plein de cargos cette nuit, parce qu’on était sur le rail, on avait les yeux rivés sur l‘AIS. C’est vrai qu’à 2 nœuds de vitesse, quand on voit les cargos, c’est impressionnant. Nous sommes passés à l’Est du DST. On a beaucoup hésité, mais sur notre route, il y avait un peu de vent donc on pensait que ça allait continuer comme ça. C’est démoralisant et stressant d’entendre les voiles qui claquent dans la pétole. Maintenant, on attend les premières bouffées d’air ! »

Tanguy Le Turquais, Cuisines Ixina :

« Tout va bien ! Nous n’avons pas très bien marché depuis hier fin d’après midi. On s’est fait bloquer par le cap Finisterre, on a coupé trop court, l’Ouest a bien payé. Nous sommes un peu déçus… Ça se joue à pas grand chose une course en Figaro Bénéteau. Contrairement au Mini, grâce aux fichiers météo, on fait une stratégie beaucoup plus précise, c’est très différent. Nous cherchons encore un peu nos marques. L’objectif aujourd’hui, c’est d‘essayer de limiter la casse. Au portant, on va prendre nos positions pour la suite, aller vite et limiter l’écart avec ceux qui sont partis devant. Ce soir, nous allons établir une stratégie plus globale. Pour le moment, il fait gris, le vent rentre par bouffes, on sent que le vent n’est pas très calé. On a envoyé le spi il y a une heure, c’est une bonne chose. »

Sébastien Simon, Bretagne – CMB Performance

« Nous sommes sous spi au portant, il y a 28 nœuds de vent, ça glisse, ça avance super bien. Il y a un peu de mer, le bateau prend des surfs tout le temps, il rebondi, ça change du golfe de Gascogne ! On a vu les copains partir dans le petit temps, et donc se créer des écarts. Ça fout un coup au moral. C’est dur, il ne faut pas lâcher, on se concentre sur la marche du bateau, d’ailleurs nous nous sommes énervés cette nuit. On a tiré avantage du DST. On s’attendait à passer à l’intérieur. En fait il n’y avait de vent au niveau de La Corogne, donc il vaut mieux être au large. Nous partons jusqu’aux Canaries sous spi, il y aura un empannage dans une centaine de milles soit 8 h de navigation à peu près. Il va falloir se positionner pour ce passage aux Canaries, ce n’est pas évident car ce sera dans 2-3jours. Nous commençons déjà à regarder, même après, entre Les Canaries et Saint-Barth. »

LE CLASSEMENT 6 AVRIL 16H00

  1. GENERALI Nicolas Lunven-Gildas Mahe à 3378,53 milles de l’arrivée
  2. AGIR RECOUVREMENT Adrien Hardy-Vincent Biarnes à 4,63 milles du premier
  3. MACIF Charlie Dalin-Yoann Richomme à 10,33 milles
  4. GEDIMAT Thierry Chabagny-Erwan Tabarly à 11,39 milles
  5. BRETAGNE – CMB PERFORMANCE Sébastien Simon-Xavier Macaire à 20,08 milles

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