Sodebo Ultim’ et Thomas Coville de nouveau en solitaire !
Après trois mois de chantier consacrés à optimiser la performance du bateau, Sodebo Ultim’ a été remis à l’eau ce matin. Pour le skipper trinitain et son équipe technique, cette période a été capitale pour améliorer « toujours et encore » la configuration solitaire de ce trimaran de 30 mètres.
Dans moins de deux mois, le 2 mai, le skipper de Sodebo Ultim’ s’élancera au départ de The Transat pour un sprint sur l’Atlantique nord entre Plymouth et New York. Ce sera pour lui l’occasion de renouer avec cette course mythique. The Transat est un objectif majeur pour Thomas Coville. Deuxième de la dernière édition en 2004, il ne cache pas son ambition et sa fierté d’être inscrit à cette course qui appartient aux événements légendaires de l’histoire de la course au large internationale.
« L’Atlantique nord pour un marin, c’est toujours impressionnant. Enfant, j’ai vu mon père tellement heureux quand Eric Tabarly a gagné en 1976. J’avais 8 ans, mais j’ai été très touché par son émotion. Aujourd’hui, je fais partie de l’histoire. »
Autre saison, autre défi. Dès le 15 octobre, Sodebo Ultim’ sera amarré à Brest. Thomas Coville se mettra alors en stand by pour une cinquième tentative de record autour du monde en solitaire avec ce rêve qui ne le quitte pas : devenir le solitaire le plus rapide autour du monde à la voile.
Afin de gagner en performance, l’équipe technique de Sodebo Ultim’ a exploité tout ses savoir- faires. Suite aux enseignements de la Transat Jacques Vabre, c’est un bateau plus affuté qui ressort de ce chantier hivernal, un voilier taillé pour les plus grandes traversées des océans en solitaire.
Passage en revue de certaines évolutions majeures du trimaran géant avec Thomas Coville, skipper de Sodebo Ultim’
Avec ces nouveaux appendices, Sodebo Ultim’ devrait pouvoir s’élever davantage au dessus de l’eau !
Une nouvelle dérive
« Nous avions gardé la dérive d’origine version Geronimo qui n’avait pas été améliorée par manque de temps. Aujourd’hui, le profil de la nouvelle dérive est beaucoup plus fin et son poids a été diminué d’environ 80 kg. Nous avons donc gagné en hydrodynamisme. Vraiment typée pour le tour du monde qui se court en grande partie au portant, le gain de cette nouvelle dérive devrait être substantiel pour The Transat. La traversée de l’Atlantique nord d’est en ouest réserve en effet du près et du reaching. »
De nouveaux safrans
« Les safrans avec plans porteurs ont été construits à l’automne pendant que j’étais en mer pour participer à la Transat Jacques Vabre. Ils ont été mis en place à notre retour en France fin novembre. Avant le chantier hivernal, nous avons analysé leurs nouvelles incidences pendant 15 jours de navigations-tests. Les réglages des foils ont également été améliorés : ils sont désormais incurvés vers l’intérieur (vers l’extérieur auparavant). Ce changement d’angle permet une plus forte poussée pour surélever le bateau au dessus de l’eau. La combinaison de ces nouveaux foils avec les plans porteurs des safrans vont offrir un meilleur empennage (comme pour les avions il s’agit de l’ensemble des plans fixes et mobiles qui assure la stabilité en tangage et en trajectoire). »
Peut-on dire que le bateau vole ?
« C’est difficile de dire que l’on vole. Il y a des moments où le bateau est porté par les foils et les plans porteurs arrière. C’est hyper grisant de sentir le bateau devenir très léger, tout en accélérant à une vitesse folle. Sur des bateaux de cette taille (30m) et de cette puissance, c’est phénoménal ! C’est comme si tu passais le mur du son. »
Des pilotes automatiques uniques au monde
« C’est le sujet sur lequel l’équipe de Sodebo est en pointe. Le nouveau pilote est ce qui se fait de mieux ! C’est un pur produit Sodebo et je suis fier du rendu. Nous y avons mis beaucoup d’énergie et de travail. Mais pour l’instant, nous restons discrets sur cette évolution stratégique. »
Qui dit sécurité et confort, dit aussi sérénité pour le marin
Sur ces bolides des mers pouvant aller à plus de 30 nœuds (55 km/h), la sécurité du marin est primordiale, notamment en solitaire où la navigation est très engageante. Il faut pouvoir réagir très vite en cas de forte gîte ou d’enfournement. Le moteur principal du bateau étant la grand-voile, un système de largage automatique agit en direct pour choquer les écoutes et remettre Sodebo Ultim’ à plat. Les nouvelles bulles installées sur la casquette et la nouvelle configuration de la cellule de vie faciliteront la veille de Thomas Coville.
Un système de largage automatique de la grand-voile
« Celui-ci est spécifique à la navigation en solitaire et il est plus évolué que ce que nous avions auparavant avec un mode progressif ou radical. Doté d’un capteur à l’intérieur du bateau, le largage est lié à l’enfournement ou à la gîte du bateau. Grosso modo, à 9° la coque centrale sort de l’eau et nous avons programmé le largage de la grand-voile à 15°, là où le bateau n’est plus que sur un flotteur ou sur un foil. C’est un élément de sécurité important.»
Chaque mise à l’eau est un moment particulier pour Thomas Coville. C’est la passation entre l’équipe de l’atelier et l’équipe des techniciens navigants. Basé à Lorient pour ce chantier, le trimaran rejoindra aujourd’hui son port d’attache à La Trinité-sur-Mer.
Place au sport ! Le compte à rebours est lancé avant le départ de The Transat, le 2 mai prochain.
« C’est toujours un moment humain très sympa. Depuis quelques jours, quelques semaines, il y a un mélange d’impatience et de stress. C’est une jubilation incroyable. Après ces trois mois de chantier, où nous avons concentré nos efforts sur l’optimisation, l’amélioration et la performance, nous sommes dans l’expectative, espérant que tout va marcher. Il est tant d’aller naviguer et de valider le travail mis en œuvre »
The Transat, celle qui compte le plus !
« J’ai un souvenir très fort de 2004, où j’étais à la bagarre contre Michel Desjoyeaux. Il a franchi la ligne une heure devant moi. J’ai adoré cette course car elle m’a poussée dans mes retranchements. Je m’étais vraiment épanoui, surpris et j’étais fier du résultat. Depuis décembre dernier, c’est mon objectif numéro un : je m’entraîne pour être au top, j’y pense tous les jours. Je suis heureux de renouer avec cette mythique transat. Sodebo Ultim’ est compétitif et on y va pour gagner. »
Préparation commando
« Les cinq prochaines semaines vont être intenses avant de rejoindre St-Malo pour le prologue de The Transat (le 23 avril). Au total, je devrais naviguer l’équivalent de quatre semaines non stop. L’enjeu sera de reprendre vite mes marques en solitaire. Je dois effectuer ma qualification de 1000 milles (1852 km) et j’ai hâte de me retrouver seul en mer ! Avec les autres Ultim’ MACIF et Actual, nous allons faire des entraînements communs afin d’intensifier notre préparation.»
Le programme de Sodebo Ultim’ en 2016
- 11 mars : remise à l’eau de Sodebo Ultim’
- 23 avril : Prologue de The Transat à St-Malo
- 24 avril : Arrivée à Plymouth
- 2 mai : Départ de The Transat
- A partir du 15 octobre : Stand by pour la tentative de record autour du monde en solitaire
The Transat
- Départ Plymouth – Arrivée New York
- 3 500 milles – soit 6 482 km
- Temps estimé pour les trimarans Ultim : entre 8-10 jours
Palmarès de Thomas Coville né le 10 mai 1968, marié, deux enfants
- 7 tours du monde dont 3 en solitaire, 5 en multicoque et 2 en monocoque.
- 7 records en solitaire et 4 en équipage
- 9 passages du Cap Horn
- Plus de 15 transatlantiques
Et aussi :
- Vainqueur de la Volvo Ocean Race 2011-2012 (course autour du monde en monocoque et en équipage)
- Détenteur du Trophée Jules Verne 2010 et 1997 (record du tour du monde en multicoque et en équipage)
- Transat Jacques Vabre : 2ème en 2015 (course en double)
- Route du Rhum : 3ème en 2010 et 2006, (course en solitaire)
- The Transat : 2ème en 2004 (course en solitaire)
Langage de marin :
- Au portant : le vent est sur le côté, ou derrière les voiles sont ouvertes
- Au près : vous remontez contre le vent
- Au reaching : on est au près débridé, le vent vient un peu plus de côté