Dernières heures délicates et toniques
La nuit dernière n’a pas été de tout repos pour les quatorze marins à bord de Spindrift 2. Si les capacités étonnantes de la machine lui ont permis de négocier relativement sereinement ce passage virulent, rythmé par des vents de plus de 30 nœuds combinés à des creux prononcés de 6 mètres, le maxi-trimaran s’est tout de même bien fait secouer malgré une faible accalmie tôt dans la matinée. Accalmie de courte durée puisque les conditions de navigation ont de nouveau forci dans la journée. Après une nouvelle et dernière nuit qui s’annonce de nouveau agitée, Dona Bertarelli, Yann Guichard et leur équipage devraient franchir la ligne d’arrivée à Ouessant demain en milieu d’après-midi et boucler ce tour du monde.
Jour 47 – 16h00 GMT
- 1 016 milles de retard sur le détenteur
- 28 204 milles parcourus depuis le départ
- 23 nœuds de moyenne sur 24 heures
- 558 milles parcourus en 24 heures
Message de Dona Bertarelli
A quoi bon avoir fait un tour du monde et être allés jusqu’aux Antipodes si c’est pour vivre ces moments exceptionnels de mer tout près de chez nous ?
A 13h TU nous avons donc empanné juste à quelques milles de L’île de Sao Miguel aux Açores. C’est à ce moment là que Yann a choisi de traverser le front et de se retrouver ainsi au plus fort de la tempête. Il fallait bien le faire à un moment donné au risque de rallier le Portugal au lieu de la Bretagne. Le « bacalhau” on en a assez mangé sur ce tour du monde même si c’était un de mes plats préférés.
Le dévent des Açores passé, nous nous sommes vite retrouvés dans le vif du sujet : grosse mer croisée, vagues de 6 mètres par le travers et vent de plus de 30 nœuds.
Une fois de plus je suis émerveillée par la capacité de Spindrift 2 de filer sur l’eau et de traverser les vagues quasi sans effort. Cette machine tient la mer comme nulle autre ! Elle est taillée pour ça. Pascal (Bidégory) avait dû en rêver, fatigué de planter jusqu’au mât avec ses précédents bateaux. De là où je me trouve, je ne peux que le remercier !
Une fois de plus, sur ce tour du monde, nous sommes les spectateurs privilégiés d’un coucher de soleil magique.
Le ciel est bleu. Au loin, la trainée de nuages bas, plats, noirs si typiques d’annonce de vent fort. La mer est démontée avec des creux parfois si prononcés que l’on est pour quelques cours instants amenés en apesanteur. Une brume, épaisse, au ras des vagues se crée par les embruns : les nôtres, mais aussi ceux des vagues déferlantes.
Et puis soudain, alors que nous étions en pleine manœuvre pour réduire notre voilure, en un instant, tout est devenu rouge pourpre. Le ciel, la mer, les hommes du bord… Le soleil, en se couchant derrière cette masse nuageuse effrayante, nous a fait vivre un moment d’une rare beauté.