Le tour de l’anticyclone
Exercice imposé pour l’équipage de Spindrift 2 qui réalise avec application ce tour de l’anticyclone des Açores qui, après s’être dressé comme un mur devant les étraves du trimaran, s’étire désormais vers le Nord, ce qui impose d’enrouler patiemment la zone de vents faibles. Pointé à moins de 10 nœuds à la mi-journée, Spindrift 2 naviguait néanmoins à 24 nœuds en fin d’après-midi, avec un cap plus rapprochant au Nord-Nord Est. Le record du Trophée Jules Verne n’est plus accessible mais le challenge n’est pas terminé pour les marins qui, dès demain mardi, vont embarquer dans le train dépressionnaire de l’Atlantique Nord. Vents puissants, océan transformé en champ de bosses et températures de nouveau en chute libre, cette semaine de retour vers l’Europe s’annonce quasiment australe, même plus musclée que certaines journées du Grand Sud.
Jour 44 – 16h30 GMT
- 827 milles de retard sur le détenteur
- 26 126 milles parcourus depuis le départ
- 15 nœuds de moyenne sur 24 heures
- 359 milles parcourus en 24 heures
Message de Dona Bertarelli
Jusque dans les derniers moments avant d’annoncer que le record n’était plus à notre portée, vos encouragements nous ont accompagnés.
Les fichiers météo ne nous ont pas menti. Nous voyions depuis un certain temps que le couperet allait tomber, sauf miracle. Mais à l’approche de l’Anticyclone des Açores, le miracle ne s’est pas produit. Force est de constater que nous devons le contourner par son Nord-Ouest et rallonger sensiblement la route.
Certes, c’est ce qu’avaient dû faire Loïck (Peyron) et ses hommes, cependant, nous n’aurons pas les mêmes conditions météo. Les tempêtes de ces derniers jours au Nord de la France et celles à venir que nous devrons gérer pour naviguer en toute sécurité, ne nous laissent aucune chance car la mer sera démontée. Et même si nous pouvions aligner les vitesses nécessaires, le retard accumulé ne serait pas repris en raison des miles restant encore à parcourir.
Notre objectif a toujours été de couper la ligne d’arrivée, de terminer le travail commencé le 22 novembre dernier et de boucler ce tour du monde. Rien n’a changé. Notre routage nous indique un passage de ligne prévue le 8 janvier en milieu de journée, ce qui donne 36h à 48h de retard, soit plus de 1 000 miles sur Banque Populaire V.
Alors, il y a un moment il faut se rendre à l’évidence. Cela n’a jamais été notre style de se voiler la face. Ne pas voir les raisons qui nous ont poussés à faire cette annonce, serait mentir aux gens qui nous soutiennent depuis le début de cette aventure et donner des espoirs sans lendemain.
Nous sommes là pour partager une aventure, une vraie et vivre les bons moments comme les moins bons, tous ensemble.
Ces derniers jours, votre joie et espoir à chaque mille gagné, nous faisait craindre de gâcher une fête que nous aurions, nous aussi, aimé prolonger jusqu’à l’arrivée.
Il en est ainsi et il n’y a pas de regret à avoir. L’aventure est tout aussi belle que forte et la partager avec vous est un privilège.
La fête, il y en aura tout de même une, du moins on l’espère si la météo est plus clémente cette fois-ci et nous laisse rallier notre port d’attache de La Trinité-sur-Mer.
Alors, à tous ceux qui en ont la possibilité, mes 13 compagnons de route et moi, nous vous disons : à très vite !