Ca va être assez violent !
Au beau milieu de l’Atlantique Nord, les hommes de Francis Joyon jettent toutes leurs forces dans la dernière bataille. Vitesses supersoniques au programme. Dans quatre jours, ils devraient être sur la ligne d’arrivée du Trophée Jules Verne, à Ouessant. Mais gare au (très) gros temps d’ici là…
A gauche du bateau, la Floride est à 1600 milles. A droite, les Canaries sont à cette même distance, environ 3000 kilomètres terriens. Au beau milieu de l’Atlantique, par 27 degrés de latitude nord, un grand trimaran rouge n’en finit plus de foncer. « On fait un arc de cercle dans l’idée de se rapprocher de la Bretagne un jour… » L’humour de Francis Joyon est toujours bien présent en ce 44e jour de la tentative contre le Trophée Jules Verne. Il en dit long sur l’état d’esprit des six hommes d’IDEC SPORT : toujours à l’attaque ! S’ils savent depuis quelques jours que le record autour du monde ne tombera pas, ceux-là se verraient bien glaner quelques accessits au passage. Pourquoi pas le record du bateau sur l’Atlantique Nord par exemple ? « Et puis on a un bateau devant nous (Spindrift) qu’on aimerait bien rattraper » convient Joyon.
Pointes à 40 nœuds !
A fond, à fond, à fond ! C’est à croire qu’ils ne connaissent que cela les marins d’IDEC SPORT. « La nuit dernière, on s’est un petit peu énervés, oui » édulcore Francis quand on lui demande de confirmer des pointes de vitesse au-delà des… 40 nœuds ! « C’est vrai que c’était une belle nuit, la mer était lisse, il n’y avait pas trop d’efforts. Tout ça permettait de faire de la vitesse sans trop faire travailler le bateau, sans prendre de risques.» Les rares marins à avoir passé cette barre incroyable des 40 nœuds à la voile apprécieront.
Et maintenant ? Dans les heures qui viennent, l’idée est d’en terminer avec le contournement par l’ouest de l’anticyclone. Déjà depuis ce matin, la route efficace vers le but a été multipliée par deux (20 nœuds au lieu de 10), alors que la vitesse surface est sensiblement identique, autour de 30 nœuds. Cela veut tout simplement dire que peu à peu IDEC SPORT peut remettre un peu d’Est dans son cap. « Petit à petit on profite de la rotation des vents pour tourner légèrement sur la droite avec eux » confirme Francis Joyon. Il ajoute : « notre détour a été très conséquent mais dans les heures qui viennent nous allons de nouveau être en route directe vers la Bretagne ».
Final dans le gros temps
Bonne nouvelle, donc. Les estimations, elles, donnent pour le moment une arrivée probable dans la journée de vendredi. D’ici là, il faudra bien placer le curseur entre la performance et la prudence, car IDEC SPORT ne pourra pas échapper au gros temps qui sévit sur l’Atlantique Nord, balayé par des trains de dépressions très creuses. « Oui oui, ça va être assez violent » estime Francis de sa voix toujours calme. « On voit des vents de 40 à 45 nœuds sur les fichiers, ce qui présume de conditions de mer vraiment difficiles. On essaiera de bien se placer par rapport à ces dépressions mais bon… il n’y a pas vraiment moyen d’échapper à ce mauvais temps. Un moment donné, il faudra bien se retrouver dedans pour se rapprocher de la Bretagne. » Voilà le principal écueil des quatre derniers jours de mer restant à couvrir pour boucler cette aventure majuscule. Les étraves et le sillage du grand trimaran rouge vont encore fumer…