Cruelle remontée vers le Brésil
Avec le renforcement du vent cette nuit au large du sud du Brésil, Francis Joyon et et ses 5 hommes d’équipage sont passés de l’ombre à la lumière. Sévèrement ralentis 36 heures durant par une dorsale anticyclonique qui n’a cessé de gonfler sur leur route, l’équipage a vécu le cauchemar de tout marin aux prises avec le tout petit temps. IDEC SPORT accuse en ce 37ème jour de mer, plus de 800 milles de retard sur le détenteur du Trophée Jules Verne. A 5 000 milles de l‘arrivée, les chances d’un chrono historique à Ouessant s’amenuisent, mais IDEC SPORT, avec son petit mât et son équipage réduit, conserve son état d’esprit conquérant.
Nuit sans sommeil…
« On a tous eu un petit coup au moral » raconte Francis Joyon. « La traversée d’une zone sans vent ne devait durer que quelques heures. Elle nous aura en définitive couté une grosse journée! Chacun à bord a gardé pour lui ses sentiments, et s’est appliqué à faire le travail le mieux possible. » Francis, et c’est devenu une habitude, n’aura en ce qui le concerne, pas fermé l’oeil durant la traversée de ce désert de vent. Un flux un peu plus soutenu est arrivé un peu plus tôt que prévu cette nuit, permettant au trimaran géant d’allonger la foulée, selon un cap peu productif en terme de gain sur la route, puisque IDEC SPORT a toute la nuit regardé vers le Brésil.
Au louvoyage vers les alizés
Joyon et ses hommes entament depuis la mi-journée un épisode de navigation au plus près du vent de nord ouest, un louvoyage pour l’heure bien vécu par le trimaran, sur une mer encore lisse. « Nous avons 18 noeuds de vent, et le bateau se comporte très bien, sans trop de sauts de vagues… » décrit Guéno Gahinet. C’est ainsi, en tirant des bords face au vent que IDEC SPORT espère gagner rapidement les latitudes où sévit l’alizé de sud-est. Travers au vent, il pourra gagner l’équateur à bonne vitesse, et sur une trajectoire enfin optimisée en gain sur la route vers la pointe de Bretagne. Les heures de pétole ont été mises à profit pour vérifier l’ensemble du bateau. « Clément Surtel, qui n’est pas claustrophobe, est grimpé à l’intérieur du mât » explique Francis, « tandis qu’Alex a procédé à une importante réparation sur l’enrouleur du gennaker G-1 ». C’est donc un maxi-trimaran IDEC SPORT au maximum de ses capacités, qui veut en finir avec cet Atlantique-Sud de tous les contrastes, en priant Eole de lui offrir un hémisphère nord propice à un baroud d’honneur digne des performances déjà affichées dans l’océan Indien notamment.